La Transfăgărășan : zoom sur la plus belle route du monde

Amateurs de longs road trips, amoureux de voyages inhabituels, nous avons pour vous une destination qui remplira les cartes mémoire de vos appareils photo : la Transfăgărășan. Pour décrire cette route incroyable bordée de lieux sublimes, nous utiliserons les mots d’un ancien président français : “C’est loin, mais c’est beau !”

PAR LAURENT ZILLI. : PHOTOS D.R |

Si on vous demande de citer une route mythique,les chances sont grandes pour que 90 sur 100 d’entre vous répondent la fameuse Route 66 qui traverse les USA. D’autres, plus portés sur l’épicurisme, diront la Route des Vins. Mais rares, très rares sont ceux qui parleront de la Transfăgărășan (et c’est la dernière fois que nous l’écrivons avec toutes ses fanfreluches). C’est quoi ? C’est où ? Suivez le guide !

Née d'un printemps

Au printemps 1968, la Tchécoslovaquie, sous tutelle soviétique, envisage de sérieusement lâcher la bride à sa population, en donnant naissance à ce qu’on appelle alors le “socialisme à visage humain”. Pendant quelques mois, souffle sur le pays un vent frais, qui semble vouloir disperser les odeurs d’armes, de bottes et de barbelé. C’était sans compter sur le grand “parrain”. Le 21 août de la même année, l’URSS et les troupes du pacte de Varsovie envahissent le pays pour mettre un peu d’ordre dans tout ça. À 1 200 km de là, un homme observe. Lui-même tient pourtant son pays d’une main de fer, mais il se dit que son tour pourrait venir. D’autant qu’il s’est abstenu de participer à l’invasion, ce qui pourrait lui valoir l’inimitié des chefs soviétiques. L’homme, c’est Nicolae Ceausescu, autoproclamé “Génie des Carpates”, qui dirige alors la Roumanie. En 1970, il lance la construction d’une route dont l’objectif est de pouvoir transférer rapidement des troupes du sud au nord, à travers les montagnes des Fagaras, au sud des Carpates. La Transfagarasan est née.

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D’un monde à un autre

La Transfagarasan n’est pas juste une route allant d’un point à un autre. C’est un voyage à elle seule, qui vous fera traverser des paysages très variés. À condition de pouvoir l’emprunter dans son entièreté. Route de montagne par définition, elle passe par des sommets à plus de 2 000 m d’altitude, où les conditions climatiques peuvent être bien plus rudes qu’ailleurs. Si bien que la partie la plus élevée de la Transfagarasan est fermée à la circulation de la mi-octobre jusqu’au début de l’été. Et même à cette période, franchir le sommet de la route peut surprendre. Là, on traverse un tunnel de près de 900 m, pour littéralement passer d’un paysage à un autre. C’est dans le sens sud-nord que c’est le plus frappant, puisqu’avant de traverser la montagne – au sens littéral du terme – on aura autour de soi des pâturages verdoyants, chauffés par le soleil pour peu que la météo soit belle. À la sortie du tunnel, c’est un paysage de haute montagne, dur, pauvre en végétation, parfois enneigé même en été. Et des températures nettement à la baisse.

Les immanquables

Sur ses quelque 150 km, la Transfaragasan offre de nombreux lieux à voir absolument Dont le lac glaciaire de Balea et ses chutes situées juste à côté. Pour l’anecdote, un hôtel de glace est construit là chaque hiver, avec des blocs d’eau gelée sortis tout droit du lac. Plus loin, le barrage de Vidraru, haut de 166 m et long de 305 m, et son lac artificiel de 9 km2. Ailleurs, la ville médiévale de Curtea de Arges et ses églises plus remarquables les unes que les autres. Autant de points de passage d’une beauté folle. Pourtant c’est un endroit un peu plus lugubre vers lequel convergent la majorité des touristes…

Ce que tout le monde veut voir, ce sont les ruines de la citadelle de Poenari, érigée au XIIIe  siècle, et occupée au XVe  siècle par un personnage “à peu près historique”. En arrivant en haut des marches menant à ce promontoire perché à 800 m de haut, le visiteur est accueilli par une facétie de l’office du tourisme local : un pilori et quelques mannequins de vitrines ayant subi un traitement peu enviable. Pourquoi cette déco macabre ? Un indice : la Transfagarasan vous fait à cet endroit passer par la Transylvanie. Vous l’avez probablement compris : cette citadelle était la résidence de Vlad III, dit l’Empaleur, dit Draculea, “le fils du dragon” en roumain médiéval. Ce personnage même qui servit d’inspiration au héros aux longues dents de Bram Stoker.

Enfin, nous conseillons de terminer le road trip par la ville de Sibiu, à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de la fin de la Transfagarasan. Fondée sur le site d’un ancien village romain, la cité a une histoire très riche, dont témoignent encore quelques-unes des 39 tours qui jalonnaient autrefois les remparts. Carrefour commercial de première importance au XIVe siècle, en proie à la peste au XVIe siècle, capitale locale de l’Empire austrohongrois sous les Habsbourg du XVII au XIXe siècle, Sibiu, 150 000 habitants aujourd’hui, est un véritable lieu de culture, à l’architecture élégante et aristocratique.

Née route militaire, la Transfagarasan est donc devenue attraction touristique majeure de Roumanie, pour qui recherche la culture… ou pour les accros de la route. Qu’on soit fou de voitures ou dingue de motos, cet interminable enchaînement de virages en tous genres est tout simplement le fantasme asphalté ultime. Pour votre serviteur d’ailleurs, là est le principal attrait de la Transfagarasan. Le reste n’est que du bonus, à voir si on a le temps

En images, découvrez la plus belle route du monde :

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