Voyager n’a jamais été aussi simple. En quelques clics, on peut aujourd’hui s’informer sur une destination, réserver ses billets de transports, ses logements, ses visites... Mais on devient aussi plus exigeant, que ce soit au niveau de l’hébergement, des services offerts, des activités ou de l’affluence... Il semblerait que plus on a la possibilité de sillonner le monde, moins on a envie d’en voir, du monde! Selon une récente étude menée par Booking.com, de plus en plus de voyageurs souhaitent en effet éviter le tourisme de masse, mais aussi réduire leur empreinte écologique, découvrir des lieux moins connus, profiter d’un maximum d’activités... Enfin, ils sont également de plus en plus nombreux à vouloir partir en famille et avec leur animal de compagnie !
Singularité, exclusivité, originalité
Voilà sans doute les maîtres mots du voyage sur mesure. C’est l’antithèse du tourisme de masse, développe Coraly Stevart. Avec les nouvelles technologies, les voyageurs sont de plus en plus informés et exigeants, ils savent mieux ce dont ils ont envie. Ils ne veulent Éric La Bonnardière enchaîne : Les gens veulent de moins en moins voyager en groupe, respecter des horaires imposés... Ils ont envie de surprise et de liberté. Parmi les destinations les plus prisées, chez l’un comme chez l’autre, on notera nombre de pays lointains comme la Thaïlande, la Chine, le Japon, le Pérou, la Tanzanie, la Colombie... Logique, commente Éric La Bonnardière, plus c’est loin, plus c’est compliqué à organiser et plus il y a de logistique, plus on passe par un expert en sur-mesure. Mais on note aussi une tendance croissante à visiter des pays plus proches. Coraly Stevart : Depuis deux ans, on se développe ainsi en Europe du Nord, de plus en plus prisée. On reçoit aussi de plus en plus de demandes pour des city-trips, en Irlande notamment.
Pour qui et à quel prix ?
Contrairement aux idées reçues, même s’il reste plus cher qu’un séjour classique, le voyage sur mesure s’est démocratisé au cours des dernières années. S’adaptant aux envies et au budget des voyageurs, il n’est plus un produit de niche réservé aux seuls fortunés. Avec des offres qui varient selon la destination, la durée, les prestations annexes, ainsi que le service du spécialiste à qui l’on fait appel pour le monter. Anaïs Grassat, responsable communication et marketing chez Continents Insolites : Chez nous, le panier moyen est de 6 500 euros par personne. Mais on peut déjà organiser un séjour d’une semaine en Europe pour 1 500 euros. Avec des prix pouvant aussi grimper jusqu’à... six chiffres. Un tour du monde va évidemment coûter beaucoup plus cher. Nous en avons déjà organisé un pour plus de 500 000 euros et là, nous sommes en train d’en monter un pour un groupe qui s’élèvera à environ 160 000 euros par personne. Cela peut sembler énorme, mais un tel voyage demande de un à deux ans de préparation et nous prenons tout en compte. Autre gamme de prix chez Evaneos, où le tarif moyen est évalué à 1 400 euros par personne. On peut avoir des séjours à 300 euros en Airbnb, vol non compris, comme des voyages à 20 000 euros en Afrique, commente Éric La Bonnardière. Et de préciser qu’un voyage sur mesure s’étend en moyenne sur douze jours avec vingt-cinq prestations. Ce qui explique une telle différence de prix ? Le service. Chez Continent Insolites, il débute dès que l’on passe la porte de la maison ixelloise (la société compte aussi une adresse à Paris, une à Lyon et une autre au Luxembourg, NDLR.).
Une formule plus écologique
En pleine croissance, le voyage sur mesure pourrait devenir à l’avenir incontournable, voire nécessaire. Éric La Bonnardière : De plus en plus de gens optent pour le sur-mesure. Ce qui n’est pas un problème, le monde est vaste et les combinaisons infinies. Mais surtout, cela aura aussi des effets bénéfiques sur la planète : Aujourd’hui, on estime que 1,4 milliard de personnes voyagent chaque année dans le monde, dont 46 % se rendent dans les mêmes dix destinations, et sur les mêmes sites. Les voyages sont devenus hyper formatés, on a confondu démocratisation et uniformisation. Pour que le tourisme soit durable, il faut l’envisager autrement, notamment en favorisant les acteurs locaux. Pour protéger la Terre, l’environnement, il faut répartir le flux de touristes sur le globe, inciter les gens à varier de destination, à s’ouvrir à d’autres cultures, mais aussi à réduire leur empreinte carbone. Chez Continents Insolites, on perçoit aussi ce changement : Les gens sont bien plus attentifs qu’avant à leur empreinte écologique. Cela se traduit par des demandes de logements et de moyens de transport plus écologiques, voire des séjours, même des tours du monde, sans avion.
Contacter l'agent local directement
Une autre façon de voyager sur mesure, c’est de faire appel soi-même à un agent local. Ce qu’ont fait Yoon et Lucie. Le premier, directeur financier, s’est envolé en famille au Vietnam l’été dernier : J’ai pris contact par mail avec une agence locale recommandée sur les forums du Guide du Routard. Je ne sais pas dire si cela nous a coûté beaucoup plus cher que si nous avions pris une autre formule ou organisé tout nous-mêmes, mais ça en valait la peine. Tous les frais et repas étaient payés à l’avance, et nous n’avons pas eu de mauvaise surprise. Nous avons fait tout ce que nous voulions, sans stress, avec la possibilité de modifier le programme à tout moment. Une liberté totale ! La seconde, graphiste et passionnée de voyages (vous pouvez la suivre sur Instagram : miss_little_travel), s’est, elle, envolée avec son mari pour Cuba. Nous avons pour habitude d’organiser nous-même nos voyages. Mais cette fois, ne parlant pas l’espagnol, et ayant lu pas mal d’avis négatifs sur des cas de surbooking et des arnaques à la location de voiture... nous avons préféré acheter nos billets d’avion et chercher ensuite une agence pour nous aider à organiser le séjour. Cela nous rassurait aussi d’avoir un contact sur place en cas de pépins. Via un groupe Facebook de voyageurs, nous avons découvert le site Je pars à Cuba. Nous avons communiqué par mails pour tout mettre sur pied. Ce service nous a coûté 300 euros. Que nous n’avons pas regretté ; sans cela, nous aurions été moins zen. Nous nous sommes laissé porter. Quand nous arrivions dans un logement, nous étions attendus, et quand nous nous déplacions, nous avions un chauffeur, pas de tracas de transport en commun, pas de timing à respecter, tout en restant très libres.
