Gourmets Everyday : le restaurant chinois méconnu à Bruxelles

Dans l'hypercentre bruxellois, où pullulent les petits restos asiatiques, une cantine un peu improbable s'avère être notre gros coup de coeur du printemps : Gourmets Everyday. Service minimaliste, prix aussi. Mais surtout, cuisine incroyable. 

TExte ET PHOTOS : FLORENCE HAINAUT ET CARLO DE PASCALE. |

Carlo et moi avions notre restaurant chinois favori, le genre avec des sets de table en papier et un menu absolument pas occidentalisé. Ils y servaient des cous de canard que Carlo poussait dans le fond de son gosier en roucoulant, devant mon air ébahi. Les abats, ce n’est vraiment pas mon délire. À part les ris de veau, mais je préfère oublier de quoi il s’agit exactement. Depuis que l’établissement avait fermé sans crier gare, nous étions orphelins de gargote chinoise. Jusqu’à la découverte, un peu par hasard, de Gourmets Everyday qui, comme son nom ne l’indique absolument pas, est une espèce de “sino-caberdouche”. De l’extérieur, ça n’envoie pas du rêve. Une petite devanture tapissée de photos de plats plastifiées, une salle fonctionnelle sans aucun charme, trois peintures dépareillées accrochées pour dire que c’est décoré.

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Dans l'assiette 

Sur la carte, Carlo repère des estomacs de porc (9,50 €) et se met à s’agiter sur sa chaise. J’opte pour un potage au vinaigre piquant (5,50 €) et un assortiment de dim sum (pompeusement appelé “panier de dim sum royal”, à 7 €). J’ai faim, très faim. Donc quand les estomacs de Carlo arrivent, je tente, du bout de mes baguettes circonspectes, une mini-bouchée. Et là, c’est la révélation. En fait, l’estomac n’a pas ce petit goût d’intérieur qui me fait hoqueter de dégoût devant le moindre bout d’intestin. Le dit estomac est tranché en fines lamelles, présenté en salade ultra-fraîche avec de l’huile de sésame, de la coriandre, des carottes et une huile légèrement pimentée. C’est relevé sans arracher, assaisonné à la perfection. Je tente une diversion en jetant au visage de Carlo l’un de mes royaux dim sum et je finis le plat. Dim sum assez bons, nous n’arrivons d’ailleurs pas à trancher : sont-ils faits maison ? Si ce n’est dans celle-ci, c’est dans une autre, mais ils n'ont pas le goût du congelé que j’achète par kilos entiers au supermarché du coin.

 

La soupe au vinaigre piquant est l’une des meilleures que j’ai mangées, et croyez-moi, j’en ai mangé beaucoup, c’est l’une de mes madeleines de Proust (Maman, si tu me lis, merci pour ta curiosité culinaire, elle a forgé mes goûts actuels). En plats, on a hésité, alors on a tout pris. Un filet de bœuf façon tse chuan (16,50 €) à peine grassouillet, enrobé comme il faut et, à nouveau, assaisonné à la perfection. Ça vient te titiller des papilles oubliées sans jamais réveiller le feu. Du grand art. Le ma po tofu (13,50 €), sorte de ragoût relevé. Alors le tofu, à la base, ça a l’intérêt gustatif du papier mâché, mais quand il est préparé avec autant de talent, c’est du petit lait. Ensuite, des nouilles sautées au gingembre (8 €) particulièrement réussies. Le réconfort de la nouille avec la petite claque du gingembre, c’est une découverte. Le doggy bag avec lequel nous comptions repartir se trouve désormais dans nos estomacs respectifs. Ce qui tient du record parce que les portions sont particulièrement généreuses. À la table voisine arrive un terril de nouilles sautées au poulet, qui semble prévu pour deux personnes. À boire ? Bof. Quelques bouteilles de vin qui donnent envie de boire de la bière. Je ne me souvenais pas à quel point la Tsing Tao (3,50 €) était sucrée. On passe à la Jupiler (3 €), qui, même si les hommes savent pourquoi, ne casse quand même pas trois pattes à un canard laqué hein.

Finalement, l’eau pétillante, c’est très bien. Le service ? Il est là pour servir, pas pour se faire des amis. On va dire qu’il est fonctionnel. Mais au moins personne ne vous susurre “Bonne dégustation” voire “Bon délice” (histoire vécue) et ça fait du bien. Dans la salle d’une trentaine de places, pas mal de Chinois, ce qui donne plutôt confiance. Ici, la carte n’a pas été adaptée pour les palais occidentaux, c’est de la vraie bonne cuisine traditionnelle. Quand ça pique, ils l’indiquent, c’est la seule concession. Les réservations sont possibles, sinon il faut tenter sa chance. On l’a senti au rythme des plats, chez Gourmets Everyday, vous vous asseyez, vous mangez et vous laissez la place aux suivants. Après, le quartier est plein de bars si vous voulez continuer la soirée.

Verdict

Depuis ce repas, je ne rêve que de ces estomacs de porc et de cette soupe au vinaigre piquant. Et si pour les manger il faut faire la file, je la ferai.

Où ? 10 rue des poissonniers, 1000 Bruxelles. gourmeteveryday.be

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