Comment les animaux sont-ils devenus les stars de la joaillerie ?

La panthère, le serpent, l’alligator ou encore, dans un registre moins redoutable, l’abeille : autant d'animaux qui aiguisent la créativité des maisons de joaillerie. Gros plan sur une inspiration bien ancrée dans la tradition et qui n’en finit pas de se réinventer pour mieux nous faire rêver.

Par Marie Honnay. Photos D.R. |

Difficile, lorsqu’on observe les collections de joaillerie, de ne pas être frappé par l’influence de la nature sur les créations des grandes maisons. De tout temps, la faune et la flore ont fasciné les peintres, les sculpteurs, les créateurs de mode et, avant eux, les têtes couronnées et les stars. Pour expliquer l’importance du bestiaire dans ses collections, la marque de joaillerie Chaumet aime rappeler que Joséphine de Beauharnais, épouse de Napoléon et grande muse de la maison, était une passionnée de botanique, mais aussi d’animaux. Les nombreuses espèces plus ou moins exotiques qu’elle a fait venir au château de Malmaison - perroquets, cacatoès, pigeons, canards, cygnes blancs et noirs, faisans dorés, casoars, orang-outang, kangourou, gnou, singes, lamas, antilopes, cerfs, troupeau de moutons - ont, depuis des décennies, alimenté la créativité des créateurs de Chaumet. « La botanique n’est pas la seule branche de l’histoire naturelle dont je m’amuse ; je prends aussi quelque plaisir à rassembler des oiseaux ; j’en ai réuni un assez grand nombre dans ma volière », cite l’auteur Pierre Branda dans la biographie qu’il a consacrée à l’Impératrice.

La force du symbole

Si les animaux sauvages ou exotiques fascinent, leur symbolique est également vecteur de nombreux fantasmes. A fortiori, on s’en doute, s’ils sont pavés de diamants et qu’ils se pavanent au cou des plus belles femmes du monde. Pour Napoléon 1er, l’abeille était en outre un signe de prospérité, d’abondance et de pérennité. On la retrouve sur les brins d’un nouveau diadème de la collection Laurier, mais aussi en tant qu’élément central de Bee My Love, l’une des collections phares de Chaumet ; clin d’œil à la passion de Joséphine pour la flore que l’insecte vient polliniser, mais aussi à un médaillon Abeille, lancé l’an dernier. Par extension, les alvéoles qui s’enchaînent les unes aux autres évoquent les étapes d’une relation amoureuse qui se fortifie jour après jour. On l’a compris, lorsqu’il s’agit de développer un story telling autour d’une collection de joaillerie, les animaux - petits ou gros - sont une aubaine pour les marques. Fortement ancrés dans des moments marquants de l’Histoire de ces grandes maisons, leur forme, la subtilité de leur pelage, leur plumage ou de leurs écailles constituent également un terrain de jeu infini pour les designers.

 
Charivari dans la savane

Emblème de Cartier, l’incontournable Panthère coche les deux cases. Animal sauvage aux courbes et au pelage à nuls autres pareils, la panthère est aussi intrinsèquement liée à l’histoire de Jeanne Toussaint, la Belge qui l’a rendue mythique dès 1914, date de sa première apparition dans l’univers Cartier. Symbole de liberté, la panthère selon Jeanne Toussaint s’est d’abord affichée sur une montre dont les onyx noirs sur un pavé de diamants blancs suggéraient le pelage de l’animal. Déclinée de mille et une façons, la panthère s’affiche aujourd’hui sur un nouveau jonc en or jaune ou pavé au design très contemporain lancé l’an dernier, mais aussi sur des pièces beaucoup plus folles. Baptisée Les Indomptables et composée de cinq bracelets, trois montres et deux tours de cou, la collection de joaillerie et d’horlogerie présentée à Paris en mars 2022 déconstruit les codes du bestiaire traditionnel en provoquant des face-à-face inattendus avec les animaux de la savane africaine : la panthère, mais aussi la girafe, le zèbre ou le crocodile. Si le principe du tête-à-tête n’est pas nouveau dans le registre du bijou, les corps et les pelages s’inversent cette fois dans un charivari aussi facétieux que précieux.

La nature s’amuse

Cette dimension ludique est sans nul doute l’un des atouts majeurs des bestiaires joailliers. Les animaux amusent, inspirent, fascinent… et plaisent « aux clients en quête de pièces distinctives », nous glisse-t-on chez Chaumet. Difficile, en effet, de ne pas craquer pour ces pièces aux volumes le plus souvent généreux et au design joyeux. Adepte des bijoux à haut capital sympathie, la maison danoise Ole Lynggaard aime puiser ses plus jolies idées dans la nature. « Ole Lynggaard, mon père, le fondateur de la marque, a conçu de multiples collections inspirées par les animaux découverts durant ses voyages. Depuis tout jeune, il est fasciné par les mouvements gracieux des éléphants. Il leur a d’ailleurs consacré une collection de pendentifs en or 18 carats et diamants blancs éclatants. La collection Elephant est l'une des lignes iconiques de la marque », précise Charlotte, désormais en charge des créations du label. Ce printemps, la designer danoise lance d’ailleurs une nouvelle édition de Snakes, autre création mythique de son père. « En 1960, lors d’un voyage au Caire, papa a découvert pour la première fois la puissance graphique des écailles de serpents. Hypnotisé par la beauté de cet animal, il a conçu une première pièce de haute joaillerie inspirée de cet animal. A l’époque, pour ma mère Karin, sa muse. Ce n’est qu’en 2013 qu’il a lancé une collection complète autour du serpent que j’ai choisi d’enrichir en créant une série de bagues rehaussées de pierre colorées », précise Charlotte. Tourmaline bleue, pierre de lune, turquoise et quartz rutile ; autant de pierres à l’allure actuelle qui prouvent, si c’était encore nécessaire, que l’univers animalier n’a pas fini de nous faire rêver.

 

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