Concept de santé unique

« C’est dans ce contexte qu’intervient la graine de lin. C’est une graine assez exceptionnelle car elle contient beaucoup d’acides gras polyinsaturés oméga-3. Elle en contient même trop dans l’absolu, ce qui lui permet de rééquilibrer notre alimentation ». Mais pourquoi ne prescrit-on pas de l’huile de lin à tout le monde alors ? « La raison principale est qu’elle s’oxyde très vite. Elle perd dès lors très rapidement ses propriétés et devient même toxique à cause de cette oxydation. Elle se conserve donc très difficilement. Au-delà, dans un esprit manger local, la culture nécessite d’être plus développée en Belgique car cela peut être intéressant dans les assolements et pour la santé du sol ». Dès lors, pour bénéficier des vertus de cette plante, une solution passe par l’animal. « En consommant des graines de lin, les animaux améliorent leur propre santé mais augmentent aussi le contenu en oméga-3 de leurs muscles et organes (porc, volaille, bovins) ou de leurs productions (lait, œufs), ce qui est tout bénéfice pour les consommateurs humains finaux. Mais certains animaux comme les poules pondeuses font encore mieux parce qu’elles convertissent efficacement l’acide alpha-linolénique de la graine de lin en DHA, l’acide gras oméga-3 à longue chaîne que nous peinons à fabriquer nous-mêmes ».

Ainsi, « cultiver du lin de manière durable renforce la santé de nos terres et la diversité de nos productions végétales, améliore la santé de nos animaux d’élevage et rééquilibre nos menus pour nous prémunir contre de nombreuses maladies ».

De la fourchette à la fourche

« De nombreuses études ont montré l’impact positif d’une alimentation plus équilibrée entre les acides gras oméga-6 et oméga-3 sur la santé. A ce titre, nous avons nous-mêmes réalisé il y a quelques années une étude en Région wallonne sur un échantillon de 59 personnes qui ont été suivies pendant 18 semaines alors qu’elles recevaient des menus dont les différents ingrédients étaient naturellement enrichis en oméga-3. Dans cette étude, nous avons observé un réel impact positif sur la tension artérielle diastolique. Quelques semaines après que les volontaires aient repris leur régime habituel, cet effet avait malheureusement disparu, montrant l’intérêt d’une alimentation riche en oméga-3 sur le long terme avec des produits de ce type. On s’est aperçu qu’il y avait un réel impact sur la tension artérielle. Quand ils ont repris une alimentation habituelle, ce bénéfice a rapidement disparu. Il y a donc un impact réel ».

« Nous sommes à un moment où un tournant bénéfique peut être pris dans notre alimentation. De nombreux consommateurs ont pris conscience que manger de manière équilibrée renforce la santé et la résistance aux virus notamment. Cette priorité doit être maintenue dans le temps par les consommateurs qui doivent continuer à encourager les producteurs à s’orienter vers des produits plus sains et équilibrés, même si cela coûte un petit peu plus cher. Il faut renverser l’expression consacrée « de la fourche à la fourchette ». Il convient de voir les choses dans l’autre sens : « de la fourchette à la fourche ». C’est aux consommateurs de pousser les producteurs dans la bonne direction », conclut le professeur Larondelle.

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