Florent Pagny et sa vie isolée en Patagonie

A l'aube de la tournée de ses 60 printemps, l'artiste sort son vingtième album, l'Avenir. L'occasion de le croiser et d'évoquer avec lui ses destinations favorites, en particulier l'Argentine, son pays de coeur, où il vit plusieurs mois par an. 

Par Sigrid Descamps. Photos : aël pagny, rosazucena, unsplash |

Que représentent les voyages pour vous ?

J’aime ça ! Plus jeune, j’ai beaucoup voyagé, dans les îles notamment. Mais depuis trente ans, je passe surtout du temps en Patagonie. C’est le seul pays où je me suis dit “Ici, je pourrais vivre ; l’air est sain, l’eau est pure... et il n’y a pas beaucoup de monde !” Ceci dit, j’arrive à un moment de vie où il faut réduire la voilure. Je vais partir en tournée pour mes 60 ans, mais je sais déjà que je parcourrai moins de kilomètres que par le passé, je ferai moins d’escales. Et je ne vais plus faire huit allers et retours par an entre l’hémisphère nord et l’hémisphère sud ; je vais me limiter à deux, voire trois, par an. Sans pouvoir vous dire si je passerai alors plus de temps dans l’un ou dans l’autre. En fait, je n’ai jamais respecté de routine, je ne vis pas moitié du temps d’un côté, moitié de l’autre. Je bouge au gré de mes disponibilités et de mes envies.

Les voyages vous ont-ils manqué durant le confinement ?

Je suis parvenu à continuer à voyager durant cette période troublée, mais je ne vous cache pas que c’était laborieux : il fallait remplir des tas de dossiers, effectuer des tests... Bref, il fallait cocher beaucoup de cases pour répondre à toutes les conditions !

Votre dernier grand voyage, où était-ce ?

Chez moi, dans la province de Chubut, dans la zone sud de la Patagonie. De porte à porte, je mets environ 22 heures pour m’y rendre. Autant vous dire qu’une fois sur place, j’y reste un moment. Mais je n’envisage pas d’y vivre tout le temps. J’aime me retrouver là-bas, mais j’ai toujours besoin de revenir en France. Et quand je suis en France, il y a toujours un moment où j’ai besoin de bouger, d’aller voir ailleurs, sinon je pète un câble. Par contre, je précise que contrairement aux idées reçues, ce n’est pas du tout une destination solaire : on est au bout du monde, il y fait souvent très froid.

Une rencontre qui vous a marqué ?

Azucena, ma femme, évidemment ! La Patagonienne qui m’a fait découvrir et aimer son pays. Cela fait près de trente ans qu’on vit heureux tous les deux. On aime tous les deux les voyages. Elle me reproche par contre parfois qu’on ne visite pas plus de pays. C’est vrai que dès que l’on a un moment de libre, on a tendance à retourner chez nous, notamment parce qu’il faut bien y gérer nos affaires (Azucena y dirige notamment la fabrique de soins naturels bio Rosazucena, NDLR).

Son épouse Azucena: “ Mon plus beau voyage, c’est elle, je suis tombé amoureux de son pays ensuite.“ 

Une ville où vous vous sentez bien ?

Buenos Aires. C’est une ville agréable pour nous, Européens. En fait, c’est la seule capitale d’Amérique du Sud qui a une forte empreinte européenne ; on y trouve nombre de bâtiments haussmanniens, beaucoup de parcs ont été conçus par des paysagistes français. Il y a des quartiers où l’on se croirait à Barcelone ou à Madrid.

La ville qu’il préfère? Buenos Aires.

Un site qui vous coupe le souffle ?

Le glacier d’El Calafate m’impressionne toujours. On y voit des morceaux de glace de la taille d’immeubles s’en détacher et tomber dans le lac. C’est à la fois fascinant et effrayant ; un peu addictif aussi. Je peux passer une après-midi complète à regarder ce glacier en mouvement. Et ça fait un bruit énorme. Ce n’est pas une chanson douce, c’est un craquement d’une puissance inouïe.

Le glacier d’El Calafate, d’où des pans de glace grands comme des immeubles s’effondrent dans le lac avec fracas.

Une spécialité culinaire que tout le monde devrait goûter ?

L’asado, le barbecue argentin. Là-bas, on a l’impression de manger tout le temps dehors ; ils ont l’esprit pratique : on se retrouve autour du feu où cuit la viande, avec un couteau et un morceau de pain, et on mange tous debout. Pas de table à dresser, pas de vaisselle à laver (rires).

Une galère qui s’est heureusement bien terminée ?

Aucune. Je déteste prendre des risques quand je voyage. Je ne pars jamais vers l’inconnu. Il me faut toujours un contact, un point de chute, quelqu’un qui connaît, qui me guidera ; eh non, je vais vous décevoir, mais je ne suis pas un aventurier (rires) !

Une destination qui vous a déçu justement ?

L’Amérique du Nord. Je suis parti vivre en Floride, à Miami, où j’ai même enregistré l’album C’est comme ça. J’avais choisi cette partie des États-Unis car je ne parle pas anglais, mais je parle espagnol. Mais la vie là-bas ne me convenait pas : tout est trop réglé, trop structuré... La vie sociale, le système américain ne me convenaient pas. Seul avantage, cela m’a permis d’offrir à mes enfants un enseignement en anglais. Aujourd’hui, ils sont trilingues, français, espagnol et anglais, c’est un atout de taille.

Un objet indispensable où que vous alliez ?

Dès que je suis en Argentine, je ne me sépare jamais de mon Leatherman, un objet multifonctions qui me sert tous les jours. J’ai aussi toujours mon téléphone portable, qui me permet d’emmener toutes les musiques que j’aime partout – avant, je transportais mes CD et vinyles en voyage ! – et puis, il me sert aussi de lampe de poche !

Votre prochaine destination ?

Eh bien, je vais vous étonner, mais ce ne sera pas la Patagonie (rires). Nous sommes en train de préparer un grand voyage en famille en Islande. On veut aller célébrer Noël là-bas, sous les aurores boréales. Cela fait longtemps que les enfants en ont envie.

Florent Pagny, L’Avenir, Universal Music. En concert le 17 novembre 2021 et le 25 mars 2022 à Forest National. 

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