Halloween : cette habitude anodine à table était considérée comme diabolique par nos ancêtres

Alors que les démons et autres diablotins sont de sortie cette nuit, revenons un instant sur cette ancienne croyance qui diabolise un objet aussi courant et anodin qu’une fourchette… 

Ingrid Van Langhendonck, Photo Pexels |

La fourchette, une diablerie venue de Byzance

C’est en effet au Moyen-Âge, en l’an 1000, lors du mariage du Doge de Venise avec une princesse byzantine que l’objet fait son apparition. La princesse Theodora Doukas venue de Byzance (qui faisait alors partie de l‘Empire Grec) emportait avec elle dans son trousseau un curieux accessoire en or muni de deux piques avec lequel elle se nourrissait lors des banquets officiels. 

En vidéo: Un concept gatronomique dans le noir :

À une époque où même les nobles mangeaient avec leurs doigts, cet accessoire fit grand bruit. La princesse fut même taxée de snobisme pour avoir dégainé cet accessoire en public, mais la curiosité l'emporta, et la mode était lancée: de Venise à Rome, la fourchette se répand chez les nobles et sur les plus belles tables de l’Empire Romain. Il faudra attendre quelques siècles de plus pour qu’elle parvienne jusqu’en France par le biais de Catherine de Medicis et son fils Henri III, et elle ne se généralisera en Europe qu’au 18e siècle seulement.

On la dit diabolique

La fourchette aurait donc inspiré de la méfiance chez de nombreux monarques, ainsi, Louis XIV ne l’utilisait pas, il préférait manger avec les doigts, de sorte que chaque convive autour de sa table disposait d’une fourchette mais n’osait pas en faire usage … Dès son apparition, elle est taxée d’excentricité et de danger, s’attirant même les foudres du Clergé qui la bannit fermement. La position officielle de l’Eglise étant que Dieu nous a créé avec des mains, et que ces mains seules peuvent  saisir les aliments. Dès lors, cet objet, qui permet de saisir davantage de nourriture en une fois sans se brûler est suspect. Il n’en faut pas plus pour l’accuser de nous inciter à la gourmandise, qui est un des 7 péchés capitaux. Ajoutez à cela la ressemblance symbolique de la fourche du Diable, qui lui sert à récolter nos âmes, et vous avez les ingrédients d'un bad buzz: la fourchette devient donc un ‘instrument du diable’. Une condamnation qui n’empêchera pas aux romains de l’utiliser, mais on raconte que certains nobles faisaient dire plusieurs messes après avoir assisté à un banquet où l’on avait mangé avec des fourchettes, afin d’apaiser l’éventuelle colère de Dieu. Fort heureusement, le temps a apaisé cette méfiance et la fourchette s'est imposée sur nos tables.

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