Là où se façonnent les plus beaux bijoux belges

L’un est joaillier, l’autre sertisseur. Ensemble, ces artisans de la région liégeoise façonnent les pièces uniques de la prestigieuse maison bruxelloise De Greef. Nous nous sommes glissés dans leur atelier très secret pour observer leur savoir-faire de près.

PAR MARIE HONNAY PHOTOS D.R. |

Si, depuis sept générations, avec ses grandes vitrines donnant sur la rue au Beurre, la joaillerie De Greef anime le cœur de Bruxelles, il n’en va pas de même pour l’atelier qui façonne certains de ses bijoux prestigieux. C’est dans la proche périphérie de Liège, dans une maison privée à l’abri des regards, que Cédric et Olivier, deux artisans expérimentés (le second a été l’élève du premier) œuvrent dans l’ombre pour donner vie aux dessins d’Arnaud Wittmann.

Cela fait maintenant dix ans que le trio se connaît, mais c’est tout récemment que le joaillier s’est donné le temps et les moyens de dessiner à nouveau des pièces, dont la complexité exigeait de faire appel à l’expérience et au savoir-faire du tandem.

Arnaud Wittmann : "Il y a deux ans, à l’occasion des 170 ans de la Maison, j’ai eu envie de revenir aux pierres précieuses, mon premier amour. Et pour façonner les pièces que j’avais en tête, j’ai tout de suite pensé à eux." Plus qu’un rapport client /sous-traitant, Arnaud souligne la souplesse de ces artisans qui "pensent plus loin que le dessin".

Cédric, le joaillier

"Face aux dessins d’Arnaud, on réfléchit ensemble à la couleur d’or qui va le mieux sublimer les pierres. Le dialogue et les échanges sont constants", précise Cédric. Pour comprendre les dessins, mais surtout pour transcender les difficultés techniques et créer du rêve, "il faut plus de dix ans d’expérience". Avant, vous pouvez façonner des pièces élégantes, mais le sens des proportions, de l’ergonomie et du confort s’acquiert avec le temps.

La passion de Cédric, c’est la matière. Sa grande connaissance de l’or et des alliages contribue à la beauté et la qualité du bijou. Son espace de travail, un établi en bois semblable à celui qu’on pouvait trouver dans un atelier de joaillerie il y a cent ans, est aussi un lieu de recherche. "

Ce qui m’intéresse, c’est de me lancer de nouveaux défis techniques, mais aussi de conserver une patine artisanale. Je réalise toujours le limage à la main. Les minuscules défauts qui peuvent apparaître sur une bague sont presque invisibles, mais c’est ce qui va lui donner du caractère et une âme. Ça devient notre patte, un moyen de nous différencier de la production en série, qui devient la norme aujourd’hui. Pour la bague esprit Art déco que nous réalisons pour Arnaud en ce moment, mon travail consiste, entre autres, à évaluer le dessin et, si nécessaire, à proposer des adaptations qui vont rendre le bijou plus confortable, mais aussi plus durable. Quand je passe plusieurs semaines sur une pièce, elle finit par faire partie de moi. C’est un moment de vie!"

Olivier, le sertisseur

Olivier est sertisseur, une spécialité qui requiert savoir-faire, patience, jusqu’au- boutisme et une pincée de folie. "Un beau serti ne se voit pas. Mon rôle, c’est d’optimiser le mouvement du bijou, mais aussi de connaître les pierres, leurs propriétés, leur résistance, etc. Avant de toucher la bague, j’analyse chaque pierre qui entre dans sa composition. Pour la bague Art déco, par exemple, j’ai serti une centaine de diamants de quelques dixièmes de millimètres : toutes les facettes placées dans le même alignement. À l’œil nu, ce détail est imperceptible mais lorsque le soleil donne sur le bijou, l’éclat est encore plus magique. Notre fierté, c’est de contribuer à ce que les pièces qui portent le poinçon De Greef soient parfaites, y compris au microscope." 

L’outil principal du sertisseur, hormis son précieux microscope, c’est l’échoppe, un outil très affûté dont la pointe ne fait qu’un dixième de millimètre. Cédric réalise les siennes lui-même. Certaines sont fabriquées sur mesure pour un bijou, en particulier. Pour sertir l’intérieur d’une créole, par exemple. "Le sertissage requiert force, souplesse et précision. Un geste imprécis avec la pointe d’une échoppe suffit à griffer une bague de manière irréversible. Idem lorsque vous martelez l’or pour fixer une pierre au milieu d’une bague : une erreur et la pierre se brise !"

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