Le bracelet en tissu devenu tendance

Né d’un souci pratique, le bracelet tissu est aujourd’hui un élément de style qui permet d’exploiter plusieurs allures avec une même montre. Balade au cœur de la fabrication de ces bracelets dans les usines Julien Faure, qui officient pour Tudor.

PAR INGRID VAN LANGHENDONCK, PHOTOS D.R. |

C’est aux alentours de 2009, alors que la plupart des Maisons horlogères suisses boudent le tissu car ils le considèrent comme trop peu sophistiqué pour habiller les montres de luxe, que Tudor décide de remettre ce savoir-faire à l’honneur et réexploite le bracelet en tissu. Il faut bien admettre qu’il ne suscitait jusqu’alors que l’intérêt des cercles de collectionneurs de montres militaires. La marque relève le défi, et s’associe pour faire naître la tendance à une petite entreprise passementière traditionnelle.

En 2010, Tudor lance donc un bracelet en tissu, adaptable à tous les modèles de la ligne Heritage, et pour une partie des lignes Fastrider et Clair de Rose. La technique de fabrication mise sur le style évidemment, mais aussi sur une tenue confortable et particulièrement durable dans le temps.

Si le bracelet en tissu est devenu un classique dans le paysage horloger, son interprétation par Tudor se veut supérieure en termes de qualités techniques et de rendu esthétique. Mais comment est née la légende ? Et comment fabrique-t- on ces bracelets à la fois chics et ludiques ?

Un peu d'histoire

C’est au XVIe siècle qu’est imaginée la toute première montre-bracelet, mais il faut attendre le XVIIIe siècle pour qu’elle se généralise, avec des noms comme Abraham-Louis Breguet, souvent cité comme l’un de ses précurseurs. Ce n’est qu’en 1880 que l’on retrouve officiellement la trace d’une livraison par Girard-Perregaux de 2 000 montres-bracelets à l’armée impériale allemande. Autre figure marquante : Louis Cartier, qui en 1904 offre à son ami l’aviateur Alberto Santos-Dumont une montre conçue pour être portée au poignet avec un bracelet en cuir.

La montre- bracelet devient la norme. Surtout après la Première Guerre mondiale, quand les armées comprennent qu’il est essentiel d’équiper leurs soldats d’une montre et se voient confrontées à tous les impératifs pratiques pour leur en faciliter l’usage. La montre fait son apparition dans le package du soldat, mais les bracelets sont alors en cuir, une matière qui résiste assez mal aux conditions de terrain.

Très vite, s’impose l’idée d’une matière plus résistante et moins onéreuse. C’est la toile des sangles des parachutistes qui viendra apporter la réponse aux ingénieurs des forces armées. Et dès les années 40, on constate l’apparition de bracelets en toile de coton ou de nylon, équipés d’une boucle en métal et de deux passants. Ce bracelet est avant tout très simple à placer sur la montre, il ne retient pas la transpiration et offre une incroyable résistance dans le temps.

De plus, quand la fibre vient à s’effilocher avec le temps, une simple flamme de briquet suffit à ressouder la toile. Ce bracelet est connu sous l’appellation Bracelet NATO, car c’est en effet l’OTAN qui normalise l’utilisation d’un type de bracelet de montre en nylon traversant au début des années 70.

Au départ uniquement réalisé dans des tons neutres, il se colore au fil des années, quand les différents régiments de l’armée britannique commencent à commander des bracelets aux couleurs de leurs unités.

Un savoir-faire revisité

En 1964, dans une scène de Goldfinger, James Bond alors campé par Sean Connery, éclaire sa Rolex avec un briquet, et là, surprise, la montre est montée sur un bracelet en tissu bicolore... Pas de quoi inspirer les designers horlogers, mais de quoi réveiller les collectionneurs et faire doucement entrer le bracelet tissu dans l’horlogerie civile.

Vers 2000, quand les designers de Tudor perçoivent le potentiel du bracelet en tissu, ils décident cependant d’y ajouter une touche de luxe et de l’adapter aux standards de la marque. Les designers repensent donc complètement le design du bracelet pour le rendre réglable en longueur (via un système coulissant inspiré du système de ceinture de sécurité de voitures sportives anciennes).

Ils trouvent ensuite une solution pour y ajouter des passants dans lesquels se logent les barrettes de bracelets de la montre afin de la maintenir en place. Mais surtout, la Maison s’adresse à la manufacture Julien Faure, un atelier qui maîtrise le savoir-faire passementier traditionnel.

C’est dans cette usine proche de Lyon que sont tissés les bracelets Tudor ; elle est l’une des dernières de France à maîtriser la technique du métier à tisser dit “Jacquard”, grâce auquel la possibilité de démultiplier la complexité des motifs tissés dans le bracelet est quasiment sans limites.

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