L'empathie ? Une affaire de génétique

Si notre empathie, capacité à comprendre et faire attention aux sentiments d'autrui, est en partie génétique. Toutefois, le fait que les femmes montrent en moyenne plus d'empathie que les hommes ne relève pas de l'ADN.

Par AFP. Photo : Pixabay. |

L'empathie, capacité à comprendre et faire attention aux sentiments d'autrui, est surtout le produit de notre vécu mais aussi un peu de nos gènes, ont montré des chercheurs britanniques et français. 

"La plus grande étude génétique menée sur l'empathie, utilisant les données de plus de 46.000 clients de la société 23andMe" (tests génétiques), selon l'Institut Pasteur qui y a contribué, a été publiée lundi dans la revue Translational Psychiatry. Il n'existe pas de mesure objective de l'empathie. Mais les scientifiques se sont basés sur le "quotient d'empathie", que jauge un questionnaire mis au point en 2004 à l'université de Cambridge.

Ils ont rapproché les résultats de ce questionnaire et le génome de ces 46.000 personnes, analysé à partir d'un échantillon de salive. Principal résultat: "Notre empathie est en partie génétique. En effet, au moins un dixième de cette variation est associée à des facteurs génétiques", a résumé Pasteur dans un communiqué. "Individuellement chaque gène joue un petit rôle et il est donc difficile de les identifier", a précisé l'un des auteurs, Thomas Bourgeron.

Des facteurs hormonaux et non biologiques

Deuxièmement, la nouvelle étude a confirmé que les femmes montraient en moyenne plus d'empathie que les hommes. "Les hommes et les femmes semblent génétiquement identiques, mais il y a un écart considérable entre les scores d'empathie des uns et des autres. Le score maximal sur ce test s'élève à 80. Les hommes ont en moyenne atteint les 40, et les femmes les 50", explique l'un des auteurs des recherches, Varun Warrier. 

Cependant, cette différence n'est pas due à notre ADN selon les chercheurs. Elle s'expliquerait plutôt par "d'autres facteurs biologiques non génétiques", hormonaux par exemple, "ou des facteurs non biologiques tels que la socialisation, lesquels diffèrent tous deux en fonction du sexe". Enfin, l'étude montre "que les variations génétiques associées à une plus faible empathie le sont aussi à un risque plus élevé d'autisme", d'après Cambridge.

Mettre en évidence des facteurs génétiques "nous aide à comprendre les individus comme les autistes, qui ont du mal à imaginer les sentiments et les émotions des autres. Cette difficulté à lire les émotions peut devenir aussi invalidante que n'importe quel autre handicap", a commenté l'un des principaux auteurs, Simon Baron-Cohen. Les origines de l'autisme, qui touche une personne sur 100 environ, restent largement à découvrir.