Maison Vitola : du cigare au bijou

La vitole, c'est l'unité de mesure du cigare. C'est surtout la source d'inspiration de Maison Vitola, tout nouveau label belge de bijoux unisexes personnalisés plutôt originaux. Rencontre primeur avec sa jeune fondatrice, Alicia Dubois.

PAR MARIE HONNAY. PHOTOS D.R. |

Alicia Dubois est née en France, il y a 36 ans, sous le signe des Poissons, celui des artistes. Fille de coiffeur, elle choisit de suivre sa voie, mais à sa manière. Elle fait ses armes chez L’Oréal, puis travaille quelques mois dans la mode avant de prendre un tournant plus artistique. Elle devient coiffeuse et maquilleuse de studio. Une maquilleuse plutôt heureuse qui ne se rêve pas forcément dans un autre métier. Le bijou, elle y est donc arrivée par hasard. Sur un coup de tête, ou plutôt de cœur.

Alicia Dubois : Petite, j’étais fascinée par l’univers du bijou. Ma mère raconte qu’elle m’a appris à marcher en balançant devant moi des colliers qui brillaient et faisaient du bruit. Et comme Michel, mon père, était fumeur de cigares, je m’amusais à transformer ses bagues en papier en bijoux colorés dont je m’ornais tous les doigts. C’est donc en se souvenant de ses jeunes années qu’Alice, un jour, décide de se dessiner une bague. Mais pas n’importe laquelle : une chevalière sur laquelle s’affichent quelques roses et le profil de son père en relief, un peu à la manière des bagues de cigare cubain. Le produit était né, un peu vintage, coloré, et fatalement largement inspiré de l’esthétique sud-américaine. À la base, c’était un petit délire, une idée qui m’est venue comme ça et que j’ai eu envie de réaliser pour me faire plaisir. Je n’avais pas du tout prévu d’aller plus loin.

Deux ans de réflexion

Car le bijou d’Alicia est tellement réussi que l’idée de ne pas le garder pour elle seule fait vite son chemin. C’est le début de l’aventure Maison Vitola. Au départ, je devais vendre la bague telle qu’elle était, avec le profil de mon père dessus. Puis j’ai réfléchi. Je me suis dit que les gens préféreraient porter une chevalière décorée du portrait de leur mère ou… de leur chien, pourquoi pas ? En théorie, l’idée était belle. Mais la concrétiser ne fut hélas pas aussi simple. Sans l’aide d’un duo de bijoutiers belges, les frères Kurnaz, je n’aurais jamais pu y arriver. Je débarquais dans un milieu fermé et secret, celui de la bijouterie. Ce sont eux qui m’ont permis de me constituer un réseau et de trouver les talents nécessaires à la réalisation du projet. D’autant que je ne voulais pas externaliser la production, mais bien tirer parti du savoir-faire dont on dispose en Belgique.

Et si, magie des réseaux sociaux oblige, il ne faudra peut-être pas trois mois avant qu’une chevalière Vitola ne soit repérée au doigt de Rihanna, Alicia Dubois a dû patienter bien plus longtemps pour façonner un prototype qui tienne la route. D’un point de vue conceptuel, le produit a beau être facile à comprendre et à aimer, il est en effet très compliqué à réaliser sur le plan technique. Nous avons mis plusieurs mois avant que le résultat nous satisfasse totalement.

Tu veux ma photo ?

La fabrication de cette chevalière au charme rétro — disponible en argent, laiton, or blanc ou rose — repose en effet sur une série d’étapes minutieuses que seuls le prototypage et l’impression 3D rendent possible. Sur base d’une photographie prise avec un simple téléphone portable, une dessinatrice spécialisée dans le bijou réalise un croquis du visage. Ces traits stylisés mais très réalistes sont ensuite envoyés à un designer 3D qui les vectorise. L’étape suivante consiste à fabriquer un prototype sur base de deux techniques. La base de la chevalière est réalisée en silicone, tandis que le visage et les détails — les roses, notamment — sont créés à l’aide d’une imprimante 3D. Les différentes pièces sont ensuite coulées, puis fixées sur le plateau. Comme chaque partie est placée sur le socle séparément et de manière très minutieuse, le rendu final est ultraprécis.

Le propriétaire de ce bijou plutôt léger — entre 17 et 23 grammes — peut évidemment tout déterminer : le visage, le métal et la couleur de la chevalière, celle du fond en résine à choisir parmi dix-neuf teintes… Le diamètre du plateau varie lui aussi, en fonction de la circonférence du doigt. Les possibilités sont donc infinies. D’autant que ce bijou unisexe peut aussi éventuellement être modelé et porté en broche sur une cravate ou avec un costume.

La bague de cigare cubain, première source d’inspiration d’Alicia.

Joue-la comme Mosaert

Cette volonté de proposer un produit belge, délicieusement vintage et mixte n’est pas sans rappeler certains projets récents. Comme Mosaert, notamment, la marque de prêt-à-porter lancée par Paul van Haver — alias Stromae — et son collectif. Je suis proche de Paul que j’ai rencontré à l’occasion d’un shooting et avec qui je collabore en tant que directrice artistique depuis ses débuts. Nous partageons les mêmes valeurs. Lorsque je lui ai parlé de mon projet, il a tout de suite adhéré au point d’intégrer mes chevalières au shooting qu’il va réaliser dans le cadre de la prochaine capsule Mosaert qui sortira ce printemps.

Un coup de pouce bienvenu qui n’aurait peut-être pas été possible si Alicia et Paul n’étaient pas tous deux issus de la génération “tribu”, qui place la famille (la vraie et celle de cœur) au centre de ses priorités. La chevalière est un bijou qui véhicule ces valeurs, justement. C’est une pièce qui se transmet de génération en génération. Une génération qui, c’est le moins que l’on puisse dire, est du genre à croire en ses rêves. J’ai essuyé beaucoup de refus de la part de professionnels du bijou qui ne croyaient pas en mon idée. J’ai tenu bon, convaincue qu’en dépit des nombreux obstacles, ce concept avait un joli potentiel. Aujourd’hui, je suis heureuse de voir mon projet aboutir, tout simplement

Délicieusement vintage, disponible en argent, laiton, or blanc ou rose...

Chevalière Maison Vitola, à s’offrir en version bague ou broche (à porter aussi en pendentif), livrable dans un délai de 3 à 6 semaines, à partir de 480 €. www.maisonvitola.com.

Attention, Le label d’Alicia est tellement récent que son site est encore en construction. Mise en ligne prévue le 6 avril…