Cinq questions qu’on s’est toujours posées sur le Cachemire

Pour répondre à nos questions sur ce produit raffiné qui continue d’intriguer, même depuis qu’il s’est légèrement démocratisé : Lucille Léorat, directrice des collections chez Bompard.

PAR MARIE HONNAY. PHOTOS D.R. |

Doux sur la peau et souvent très cher, il est associé à l’univers du luxe et à une certaine idée de volupté. Le cachemire séduit, fascine, mais il intrigue aussi. Car il faut bien admettre que depuis qu’il s’est démocratisé et qu’il s’invite sur les portants des boutiques mainstream, il a un peu perdu de sa superbe. Bradés à moins de 100 € dans certains magasins, les pulls en cachemire continuent à se vendre à prix d’or dans d’autres. Comment s’y retrouver ? Pour tenter de percer le mystère, nous avons interrogé Lucille Léorat, directrice des collections pour la Maison Eric Bompard, spécialiste du cachemire depuis 1984 et une des références du secteur en France.

C'est quoi exactement ?

Le cachemire est une fibre très douce et très fine obtenue à partir du poil de la chèvre Capra Arbas, une espèce que l’on trouve dans les montagnes de Mongolie, à plus de 3 000 mètres d’altitude, et dans une zone de la Chine qui jouxte le désert de Gobi. Un tissu ne peut donc porter le nom de cachemire que s’il est issu de la tonte d’un animal élevé dans une zone géographique qui va du nord du Cachemire indien jusqu’au nord de la Mongolie. Lucille Léorat : En fait, seuls 2 à 3 % de la production de cachemire sont réalisés sur base de chèvres indiennes. La quasi-totalité des fibres viennent de Mongolie, là où nous nous fournissons exclusivement. Quant au pashmina, un terme tout aussi galvaudé que celui de cachemire, il désigne, pour certains, la meilleure qualité de cachemire du  marché. Pour d’autres, il fait référence à une écharpe réalisée (ou non) dans un mélange de cachemire et de soie. Un terme que Lucille Léorat n’utilise de toute façon pas. En France, parler de cachemire signifie qu’on est déjà en présence d’une laine 100 % cachemire. La particularité de cette laine, c’est sa douceur mais aussi sa rareté. Et si elle est aussi chère, c’est tout simplement parce que la demande excède l’offre. 

Pourquoi du cachemire, plutôt que de la laine ?

Malgré sa finesse et sa douceur, le cachemire de qualité est chaud, mais aussi très résistant, rappelle Lucille Léorat. C’est une matière qui reste belle longtemps. Naturelle, elle est élastique, thermorégulatrice et évacue bien la transpiration. Sans compter qu’elle sèche rapidement. Le cachemire est donc tout à fait adapté aux activités en extérieur. Vous pouvez sans aucun problème enfiler un pull en cachemire pour skier, naviguer ou faire de la randonnée. Mais quid des mélanges laine et cachemire que l’on peut lire sur pas mal d’étiquettes ? Sont-ils synonymes de “faux cachemire” ? Lucille Léorat : pas du tout.

Chez Eric Bompard, il nous arrive souvent d’introduire une belle laine mérinos peignée dans la composition de nos pulls. Elle permet notamment de donner du relief aux torsades, de créer certains points de tricot ou de réaliser des jacquards plus sophistiqués. Autre avantage de ce type de mélanges : il permet de faire baisser le prix du pull. Chez Eric Bompard, la majorité des pulls se vendent 250 € environ, à mi-chemin entre les cachemires discount et les labels de luxe qui offrent un produit de qualité, mais aussi le rêve qui va avec.

Comment renconnaître un cachemire de qualité ?

Lucille Léorat aime comparer le cachemire au cuir : il y en a de toutes les qualités et de tous les prix. On en trouve en grandes surfaces, dans les boutiques de luxe et dans les segments intermédiaires. Heureusement, il existe quelques astuces assez simples pour déterminer si un pull en cachemire mérite qu’on s’y intéresse.

Dans un magasin, commencez par poser le pull à plat sur une table. Vérifiez si le tricot est régulier, plat et bien serré. Lorsque vous placez votre doigt sous le pull, il doit rester invisible. Et si vous exercez une pression vers le haut, vous devez également sentir une certaine résistance. Examinez ensuite la texture. Un cachemire  neuf ne doit pas être exagérément doux. S’il l’est, c’est que la laine n’est pas suffisamment dense et le tricot pas assez serré. Dans le cas contraire, c’est un gage de solidité.

Dernière étape : la vérification des finitions. La couture des emmanchures est-elle régulière ? Les augmentations et les diminutions du tricot (ce qui lui donne sa forme) sont-elles visibles à l’œil nu ? Le remaillage est-il parfait ? Si la réponse est “oui”, votre cachemire est plus que probablement de qualité. 

Comment on l'entretient ?

Le cachemire adore l’eau. Inutile donc de prendre un abonnement au pressing. Attention, toutefois : votre machine à laver doit être récente. Si le tambour est endommagé, mieux vaut alors privilégier un lavage à la main dans votre lavabo. Lucille Léorat : Dans le cas contraire, lavez vos cachemires en machine, à froid, avec une petite quantité de lessive et programmez un essorage à 500 tours minutes maximum. Laissez-les ensuite sécher à plat sur une serviette et repassez-les brièvement au fer à vapeur chaud. Si votre pull est décoré, par exemple, de boutons fantaisie, de détails en dentelle ou en lurex, glissez-le alors dans un pochon comme vous le faites pour vos pièces de lingerie. 

Y a-t-il des tendances ?

Lorsqu’on décide d’investir dans un pull en cachemire, on a souvent tendance à miser sur une pièce grise ou marine, des couleurs dont on ne se lasse pas. Mais en marge de ces classiques, le secteur propose des modèles et des teintes plus audacieux, ancrés dans les tendances de la saison. Lucille Léorat : Dès le lancement de sa marque, Eric Bompard a voulu proposer, en marge de la palette classique, des pulls colorés. Depuis une dizaine d’années, nous avons également intégré des motifs plus funs qui tiennent compte de l’évolution de la mode.

Si l’addition “legging en cuir + grand pull en cachemire gris“ fait encore fureur auprès des Parisiennes, d’autres associations cadrent avec les tendances de la saison. Sur un pantalon ou un jeans flare taille haute, je conseille un petit pull en cachemire ras de cou à torsades. Avec une jupe crayon, pour casser l’effet un peu strict du duo collants et escarpins et éviter la monotonie d’une superposition de deux tissus similaires, j’aime proposer un petit pull col rond fleuri ou à motifs animaliers. Dernière idée : le poncho en cachemire, le couteau suisse par excellence. Il est parfait sur une robe ample et fluide, sur une chemise, voire au dessus d’un pyjama pour rester à la maison, le dimanche matin.