Culinaria : une dernière édition pleine de nostalgie

Ce samedi 20 octobre marquait le dernier grand rassemblement des chefs de la gastronomie belge. Culinaria vient en effet de clôturer sa dixième édition, une dernière que les chefs ont vécue avec un brin de nostalgie. Rencontre avec Giovanni Bruno et Pascal Devalkeneer.

Par Anissa Hezzaz. Photos : D.R. |

Depuis mercredi soir, la salle Keywest sur la digue du Canal à Anderlecht, s’est transformée en véritable paradis de la gourmandise. Durant quatre jours, vingt chefs, étoilés ou non, étaient présents derrière de grandes cuisines ouvertes pour nous offrir des assiettes plus alléchantes les unes que les autres. Une expérience où gourmandise rimait avec convivialité et partage. En particulier pour les chefs. 

Pour Giovanni Bruno, chef du restaurant Senzanome*, "faire Culinaria, c’est avant tout, avoir un contact au plus près avec le client. Chose que l’on n’a pas en cuisine". Une rencontre très attendue tant par les visiteurs que par les chefs. Même son de cloche pour Pascal Delvalkeneer, chef bruxellois de renom, à la tête du restaurant doublement étoilé Le Chalet de la Forêt et de Amen, qui apprécie d’autant cet événement, car il peut sortir de sa cuisine pour parler aux gens : "on a vraiment le public avec nous, et on apprécie autant que notre clientèle d’être au plus proche d’eux". 

"Il y a dix ans, on était tout un groupe de chefs dont certains en font encore partie aujourd’hui. C’est vraiment un événement qui nous a tous unis, aussi bien la Flandre que la Wallonie ou encore Bruxelles", souligne Pascal Devalkeneer. C’est en effet le seul moment de l’année où autant de chefs se rassemblent. Une occasion rêvée pour eux, qui leur permet d’échanger et de se rencontrer, quand le reste de l’année, ils n’ont jamais le temps de le faire. 

Une effervescence gourmande

Ce n’était pourtant pas de tout repos. Il s’agit de s’organiser, de soigner ses assiettes et de mettre le niveau pour se faire apprécier et se faire connaître à leur juste valeur. Un véritable challenge pour des chefs qui doivent sortir presque dix fois plus d’assiettes que dans un service traditionnel. "On n’est pas des traiteurs, mais des restaurateurs", lance Giovanni Bruno: "C’est très compliqué, car on n’a pas l’habitude de faire de grands services comme ceux-là".

Quand ils font 30 à 50 couverts dans leur propre restaurant, ici, il s’agit de sortir entre 300 et 500 assiettes par service. Dans une démarche de qualité commune à tous les chefs, ils vont alors proposer des plats uniques créés exclusivement pour l’événement avec des produits qu’ils affectionnent particulièrement. Pour cette édition, Giovanni Bruno proposait un cappuccino, minestrone de légumes à la volaille, tandis que Pascal Delvalkeneer avait décidé de décliner la betterave et de proposer un foie gras de canard, pommes et betteraves. Autant de produits qui exigent de la perfection, du raffinement, le tout dans une atmosphère chaleureuse et gourmande. 

Des étoiles plein les yeux 

Un challenge de haut vol, mais qu’ils ont su relever brillamment durant ces dix dernières années. Pourtant, ça n’avait pas bien commencé. Pascal Devalkeneer se souvient d’ailleurs de sa première édition : "Mon premier Culinaria,  c’était au Cinquantenaire en plein air, au mois de mai-juin. C’était le déluge, tout était inondé, mais on a quand même réussi à assurer le service et à servir quelque chose aux gens. C’était vraiment la catastrophe, mais malgré tout, un moment incroyable. D’ailleurs, dix ans après, on en parle encore et on est toujours là."  

En dix ans, Culinaria a su se réinventer et conserver son âme conviviale. Les amoureux de la cuisine se souviendront encore pendant longtemps des explosions de saveurs et de la précision frappante du dressage, tandis que les chefs garderont en tête ces beaux moments de partage avec une pointe de nostalgie de savoir que c’était la der des ders. 

Bref le phénomène Culinaria se termine pour pouvoir perdurer en se réinventant. Les organisateurs mettront en place plusieurs rencontres culinaires par an, plus intimistes qui promettent d'être encore plus proche des chefs. Il devrait y en avoir douze.Un changement de cap qui promet déjà de satisfaire tous les gourmands. 

www.senzanome.bewww.lechaletdelaforet.be

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