Fico, le nouvel écrin des pizze, pasta et antipasti

Une pizza dans l’air du temps, des antipasti originaux et une rare maîtrise de la cuisson des pâtes : bienvenue chez Fico, dernier-né du clan Bruno.

TEXTE ET PHOTOS : CARLO DE PASCALE ET FLORENCE HAINAUT. |

Les Bruxellois “italianofoodophiles” connaissent la famille Bruno. Giovanni et sa sœur Nadia font briller depuis plus d’une décennie une belle étoile Michelin sur leur Senzanome, créé par leur maman, tandis que l’un des frères, Nicola, faisait beaucoup parler de lui il y a une quinzaine d’années avec son Tutto Pepe, pour ceux qui s’en souviennent. Mais dans la famille, il y a aussi Silvano, le compagnon de Nadia, qui a longtemps travaillé au Senzanome, puis chez Racines. Nadia, Silvano et Giovanni ont donné naissance ces jours-ci à un nouveau projet, Fico (qui veut à la fois dire figue en italien et chouette, dans le sens de tof !)

Le concept

Le concept ? Connu, et les ouvertures de restaurants similaires se sont multipliées depuis un an à Bruxelles et ailleurs. Des antipasti, des primi et des pizze : chez nous, la loi du genre semble être une sorte de nouveau classique de la restauration italienne. Le chemin avait d’ailleurs été balisé depuis des années par des enseignes comme Mano à Mano, à Ixelles. Sauf qu’ici, avec tant de compétence étoilée penchée sur le berceau de Fico, l’ambition et le tarif sont un cran au-dessus. On y va donc l’appétit au taquet, avec beaucoup d’attentes, surtout que je suis assez fan de la cuisine du Senzanome... Où je dois encore traîner Florence en lui disant qu’il y a des vins bio à la carte. Alors, le lieu tout d’abord. Là, on aime.

Un design assez travaillé, de belles ruptures de style entre les différentes parties de la salle, des détails stylistiques bien amenés comme les chaises vert pistache, ou des lampes assez originales et une cuisine ouverte.

C’est clair, lumineux, on trouve ça beau, même. Oui mais on n’est pas là pour l’architecture, quid du manger ? Je vais lâcher ça tout de suite : notre premier coup de cœur c’est l’antipasto version (19 €). Charcuteries supérieures au-dessus de ce que l’on sert habituellement (quoique, dans mon cœur, celles d’Osteria Bolognese, toujours à Ixelles, sont indétrônables), excellente mozza fumée de bufala et, surtout, des petits arancini de riz, des crocchè de pommes de terre à la menthe et des pannelle, une sorte de crêpe épaisse de pois chiche. Suit une pizza margherita (11,50 €) pour moi. La pizza est réalisée dans ce nouveau standard qu’est le four à gaz, une honnête voie médiane entre celui à bois et l’électrique. Le chef Silvano m’objectera que le four à gaz présente une régularité sans faille, soit, mais le fumé-boisé me manque un chouia. Je ne veux pas faire mon savant de la pizza, mais il y a en effet près de 100 degrés de différence entre les fours à gaz et à bois, et c’est peut-être là que se niche ma petite préférence.

Le choix assumé ici est celui de la pizza napolitaine. Bords hauts, moelleuse, avec juste ce qu’il faut de résistance sous la dent, une pâte bien levée qui a du goût. Amateurs de pizza croustillante, ne passez pas votre chemin, goûtez ! Soit dit en passant, à Naples, elle n’est jamais croquante, ou alors elle est ratée. D’ailleurs, les restaurateurs qui osent la napolitaine sont de plus en plus nombreux, de Mito (Ixelles) à Nona (Bruxelles) en passant par Ciaooo (Schaerbeek) et Antico Pizza (Leuven). Ma partenaire de gastronomie préférée a, elle, choisi un spaghetti aglio, olio e bottarga (18 €). Et là, Silvano nous donne une leçon de maîtrise du plat de pâtes sèches come Dio comanda. Gros spaghetti, parfaitement al dente, juste ce qu’il faut d’huile d’olive (excellente) et d’eau de cuisson, une science parfaite de la pasta rarement rencontrée sous nos latitudes. Dans les verres ? Du“au verre” de qualité (pas encore de vins au verre à la carte, mais n’hésitez pas à demander), parfaitement expliqué par un jeune homme compétent qui connaît déjà bien les flacons de la maison.

L'addition

Alors, Fico ? Plus cher certes que d’autres enseignes du même genre (même si la margherita reste raisonnable) mais un bel écrin, une pizza dans l’air du temps, des antipasti d’une vraie originalité et une rare maîtrise de la cuisson des pâtes. Tout cela au bout d’une semaine d’ouverture ? On dirait bien que des fées étoilées se sont penchées sur son berceau.

Fico, 118 rue Américaine, 1050 Ixelles. T. 02 241 41 41. Fermé dimanche et lundi, et le mardi midi.