Marseille, la métropole aux belles adresses

Les Marseillais se délectent : ces dernières années, leur ville s’est magnifiquement réinventée. Mais ne la traitez pas de destination “bobo branchée”, ils ne supportent pas. Reste le plaisir de découvrir une villes aux belles adresses, toujours un rien décalées.

PAR MARIE HONNAY. PHOTOS : LISA RICCIOTTI., D.R. SAUF MENTION CONTRAIRE. |

Architecte du Mucem, le musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, le Marseillais Rudy Ricciotti incarne à la perfection l’esprit frondeur de sa ville, cette volonté farouche de se démarquer des tendances, de jouer cavalier seul, de rester une cité à part. Également à l’origine de la transformation du musée liégeois de La Boverie, l’homme argumente : Marseille ne se résume pas ! Elle est un horizon métaphysique anxiogène avec la couleur changeante de la mer... Bleu Klein, outremer, gris acier, rouge au soleil couchant... Une ville à la déchirure imaginaire qui ne cicatrisera jamais. L’architecte a d’ailleurs dessiné son Mucem dans ce même esprit. Comme la ville que ce musée symbolise, il propose une tendresse nouvelle, la même que celle du bossu Quasimodo de Notre-Dame de Paris lorsque l’on découvre sa sensibilité... Trop tard pour lui, hélas.

Mucem. Esplanade du J4, 13002 - www.mucem.org 

Pour Marseille, c’était aussi tout juste. Classée dans la catégorie “infréquentable” il y a quelques années encore, la cité phocéenne s’est refait une beauté ou plus précisément une réputation. Branchée ? Oui, Marseille l’est aujourd’hui, même si Rudy Ricciotti déteste ce mot. Lorsqu’on lui parle des fresques urbaines qui colorent les murs du Panier, le quartier populaire de la ville, probablement le plus attachant, l’architecte recadre d’emblée ce qui, à nos yeux de touristes, s’apparente à une jolie tranche de poésie urbaine : Marseille résiste à la branchitude, au boboïsme et à la naïveté commerciale du street art. Marseille est... la rue ! 

© René Habermarcher

La rue, on la découvre facilement à pied. Depuis la gare de Marseille-Saint-Charles, vous pouvez gagner le centre-ville en empruntant le grand escalier monumental qui lui fait face. Le vieux port n’est qu’à 25 minutes. En le longeant, vous arrivez tout naturellement au Mucem. Sorte de résille surplombant la Méditerranée, le cube contemporain de Rudy Ricciotti est relié au Fort Saint-Jean, un bâtiment en brique rose du XVIIe siècle par le biais d’une passerelle spectaculaire et photogénique. Les événements du Mucem brillent par leur diversité et un certain sens du décalage qui change de la programmation des musées de ce type. Il accueille par exemple jusqu’en février Nous Sommes Foot, expo qui explore, d’Istanbul, à Marseille, le sport roi de la ville sous un angle politique, social et culturel. 

Joliette et Frac

Prenez ensuite la direction des Docks de la Joliette. Inauguré en 2015, ce bâtiment de 365 mètres de long qui a résisté à l’appel des grandes chaînes de magasins ne propose que du local. Un centre commercial atypique – on n’en attendait pas moins à Marseille – qui s’articule autour de quatre grandes cours intérieures pleines de petites boutiques mode et design et de restaurants.

À deux pas de là, dans le même quartier, le Frac (Fonds Régional d’Art Contemporain) de l’architecte japonais Kengo Kuma dessine, lui aussi, les contours du nouveau Marseille. Cet hiver, une grande œuvre est installée sur sa façade, en relation avec l’expo du Mucem.

Les Docks, 10 place de la Joliette, 13002 www.lesdocks-marseille.com
Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur, 20 bd de Dunkerque 13002 - www.fracpaca.org

Avant d’investir la Joliette, le Frac était installé dans le Panier, le plus vieux quartier de la ville. Les puristes regrettent qu’en perdant sa réputation de coupe-gorge, il se soit trop embourgeoisé. Les autres apprécieront son esprit de clocher.

Et pour le shopping ? Certes, la ville n’est pas la plus réputée de France en la matière, mais elle compte tout de même une poignée de boutiques ultrapointues. Jogging, la plus buzz, est orchestrée par un duo qui a investi une maison pleine de charme, avec espace d’exposition et cantine, à quelques minutes des rues commerçantes chics et luxe. Parmi les marques en vue, Jogging distribue Jacquemus, un natif et amoureux inconditionnel de Marseille. Adoubées par la sphère Fashion, ses collections sont une sorte d’hommage pastoral et poétique à la ville. 

Jogging, 103 rue Paradis, 13006 www.joggingjogging.com 

À investiguer également : Allan Joseph, une boutique mixte, pointue avec la chaleur du Sud en bonus. 

Allan Joseph, 21 rue Sainte, 13001 www.allanjoseph.com

Rocher ou Cour Julien

Dernière halte, de préférence à l’heure de l’apéro ou du dîner : le Cour Julien, une place très bobo, à moins qu’il ne faille dire arty, décalée et un tantinet underground. Popu et branché, le Cour Julien compte quantité des restos et des bars de nuit dont Pépé, une cantine au charme fou. 

Pépé, 15 cours Julien, 13006. T. 07 81 02 21 47

À quelques centaines de mètres, tentez aussi Leonce, un nouveau lieu tout bon, à mi-chemin entre terroir et esprit parisien chic.

Leonce, 23 rue Sainte, 13001. T. 04 86 97 93 52 – www.leonce.eu

Ou alors faites simplement comme Rudy Ricciotti : Pour boire un coup, je vais dans un bar situé dans la petite anse de Malmousque, le Sunlight Yacht Club. Il est tenu par un ami, Antoine Beysens, photographe de régates. 

Sunlight Yacht Club, 29a rue Boudouresque, 13007. T 06 59 83 70 58 

Et pour le dîner ? J’aime manger chez Gérard Passedat, le chef tri-étoilé du Petit Nice, ou dans son second restaurant, le Môle, sur le toit du Mucem. Mais je vous rassure, je peux aussi tout simplement casser la croûte sur les rochers... Avec vue sur la Méditerranée, bien sûr... 

Le Petit Nice *** Anse de Maldormé, 13007 www.passedat.fr
Le Môle, 1 esplanade du J4, 13002 www.passedat.fr