Sorciers et marabouts, les nouveaux gourous
L’affaire Pogba qui secoue les médias pour l’instant a remis sur le devant de la scène la question de curieuses pratiques de maraboutage, de mauvais sorts et de sorcellerie. Chez un personnage aussi célèbre, aussi connecté, on a du mal à croire que de telles croyances ancestrales puissent avoir une telle influence et s’afficher ainsi. Et pourtant. De récentes études ont démontré qu’en France, par exemple, plus de 60 % de la population des moins de 35 ans affirme croire en l’une ou l’autre forme de parascience : divination, tarot, sorcellerie… Ce chiffre tombe à moins de 26% chez les plus de 40 ans, c'est donc une tendance qui touche les plus jeunes générations.
En vidéo, lire la saga Harry Potter nous rendrait meilleur :
Et cela se vérifie chez nous aussi, quand on voit entre autres le succès de la chaine YouTube ésotérique de l’animatrice Jill Vandermeulen, sorcière autoproclamée, qui parle régulièrement de manoirs hantés et de sorcellerie à plus d’un demi-million de followers. Le paranormal a la cote, on le sait. À commencer par la lithothérapie, nouvelle discipline chouchou des réseaux sociaux qui vante les pouvoirs des pierres sur notre moral et notre destin et qui cartonne depuis quelques années. Ainsi, nous serions un nombre croissant à rechercher dans les séances divinatoires et autres remèdes ésotériques les réponses à nos petits maux du quotidien.
Une explication ?
Pour expliquer ce phénomène, certains sociologues ont avancé le succès de certains films comme Harry Potter et le regain du cinéma fantastique, d’autres parlent plus simplement d’une société assez anxiogène, ou la religion a été souvent mise de côté pour accompagner les frustrations de l’existence et ou, donc, d'autres solutions sont recherchées pour s'élever et retrouver un équilibre mental et émotionnel. Si les années 2000 ont vu exploser les coaches personnels, les psychologues et parfois les astrologues, ces disciplines rationnelles, plus directement proches de la science et de la médecine, force est de constater que notre génération a besoin de nouveaux gourous. Les superstitions, les porte-bonheur, les talismans ou ces gestes que l’on s’interdit pour ne pas attirer le mauvais œil ont toujours fait partie de notre quotidien, même les plus rationnels d’entre nous ont leurs petits rituels, ils sont indispensables à notre équilibre. Mais le phénomène observé ces dernières années va plus loin et pénètre des univers carrément proches du paranormal. Et le hashtag #witch cumule pas moins de 18 millions de publications sur les réseaux sociaux.
Mais ces méthodes sont-elles efficaces ?
Les psychologues interrogés à ce sujet nous expliquent qu’il n’y a rien de plus fort que le pouvoir de persuasion de la pensée humaine. Un être humain persuadé d’être maudit ou frappé par un sort perdra toute assurance et échouera probablement dans tout ce qu’il entreprend, faute d’énergie positive ou de confiance en lui. À l’inverse, telle la plume de l’éléphant Dumbo, si vous vous sentez protégé par un talisman, par un sort ou par toute autre forme de spiritualité, il y a fort à parier que vous donnerez le meilleur de vous-même… Chloé Sarasola, la gemmologue et lithothérapeute, explique pour sa part quelque chose d’assez similaire : « Une pierre ne guérit pas d’un rhume, évidemment, mais parce que vous la choisissez pour incarner une préoccupation, une aspiration dans votre vie, elle agit sur votre mental. Ainsi, si vous portez en permanence sur vous une pierre que vous avez choisie pour vous aider à améliorer votre confiance en vous, elle agira aussi comme un catalyseur d’énergie et vous vous surprendrez à voir cet aspect de votre vie s’améliorer. »
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