La mode non genrée : hommes et femmes vont-ils finir par se partager le même vestiaire ?

Nelly Rodi, pionnière du trendwatching a observé les tendances à suivre dans le registre de la mode. Nous lui avons demandé son avis sur la mode non binaire. Elle nous aide à comprendre pourquoi tout le monde s'y met et surtout comment expliquer l'arrivée massive dans nos dressings de vêtements non genrés. 

par naïs veyier. photos : D.R. |

En 2024, l'une des tendances phares en mode, c'est la mode non genrée. Dans une société où les frontières du genre sont plus que jamais brouillées, les femmes n'hésitent plus à s'approprier le vestiaire masculin. A l'inverse, les hommes aussi sont de plus en plus nombreux à piocher quelques pièces du dressing féminin. On pense par exemple à la robe-smoking de Billy Porter lors des Oscars 2019, ou encore aux mannequins de Dries Van Noten, qui défilaient en jupe lors de la Fashion Week Homme Spring-Summer 2023. 

En janvier dernier, nous avons pu assister au défilé de la collection prêt-à-porter Kenzo 2024/2025 lors de la Fashion Week de Paris. Raf Simons, le créateur belge, a aussi défié les stéréotypes de genre avec un défilé audacieux, mélangeant de manière subversive des éléments traditionnellement associés à la mode masculine et féminine. Louis Vuitton, sous la direction de Nicolas Ghesquière, a emmené le public dans un voyage au-delà des catégories de genre, repoussant les limites de la mode traditionnelle et suscitant l'admiration pour cette vision novatrice avec la collection de Pharrel Williams. Ces défilés et d'autres encore ont collectivement démontré que l'industrie de la mode peut être un terrain d'expression sans limites, où la créativité et l'inclusivité s'épanouissent. Au fil des années, il est clair que l'industrie de la mode a évolué pour devenir plus inclusive, mettant en avant la diversité des genres.

En image, Nelly Rodi, décrypteuse des tendances 

Pour Nelly Rodi, une experte des tendances à venir dans de nombreux domaines, la mode non genrée séduit pour sa simplicité : "Je pense par exemple au défilé Saint Laurent de l’été 2024 : chaque pièce peut être portée tant par un homme que
par une femme."
Si cette tendance est facile à comprendre et à adopter, selon elle, on assiste à un autre phénomène : "En totale opposition avec cette mixité, on constate un net retour de l’exubérance et du sexy : jeux de transparence, décolleté plongeant... Une tendance qui va de pair avec un esprit de performance très présent chez la nouvelle génération. Le culte du corps fait en effet son retour après plusieurs décennies. Dans les mois à venir, on pourra aussi observer une troisième tendance, plus outsider, issue de l’univers des travestis. Elle se matérialise entre autres par le retour des bijoux très voyants (dont les broches oversize) et des vêtements aux proportions exagérées."

En vidéo, les looks icôniques de Kate Middleton :

Le genre a -t-il encore sa place sur les podiums ?

Les défilés non genrés ont gagné en popularité au cours des dernières années, marquant un changement significatif dans l'approche de l'industrie de la mode envers la diversité des genres. Ces défilés ont brisé les barrières traditionnelles en présentant des collections qui transcendent les normes de genre, mettant en avant des vêtements conçus pour toutes les identités. Des critiques soutiennent que la mode devrait être avant tout une expression individuelle, sans être limitée par des normes de genre. Certains estiment que la fin des défilés non genrés pourrait signifier un retour à une vision plus traditionnelle de la mode, excluant potentiellement certaines identités de genre.

D'un autre côté, certains défenseurs de la fin des défilés non genrés estiment que la mode devrait se concentrer sur l'inclusivité sans nécessairement catégoriser les collections en fonction du genre. Ils plaident pour une approche où chaque pièce est conçue et présentée en tant qu'œuvre d'art unique, indépendamment des conventions de genre. Cependant, malgré ces avancées, certains observateurs de l'industrie de la mode se demandent si cette tendance est amenée à perdurer. Les défilés non genrés étaient-ils simplement une étape vers plus d'inclusivité ? La fin possible des défilés non genrés pourrait également refléter un changement dans les mentalités au sein de l'industrie de la mode. Les créateurs et les maisons de couture ont commencé à repenser leurs stratégies marketing et leur communication pour s'adapter à une clientèle de plus en plus consciente des enjeux sociaux.

 

 

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