Certains d’entre nous se sont endormis au son des histoires contées par la douce Marlène Jobert ou par la voix pétillante et enfantine de Maureen Dor, mais quand en 2021, c’est un célèbre DJ qui se lance dans l’univers feutré des contes pour enfants, cela éveille notre curiosité. Nous avons donc pris rendez-vous avec Martin Solveig, le D.J, musicien et jeune papa qui a lancé récemment Alma Studio, une application de contes pour enfants d’un genre nouveau. Comment explique-t-il ce soudain changement d’univers ?
Comment est né ce projet ? Comment passe-t-on du monde de la nuit aux contes pour enfants?
Comme souvent, c’est parti de la constatation que je ne trouvais pas ce que je cherchais pour mes enfants… Je suis papa de deux petites filles et j’aime leur faire découvrir des histoires. Il existe des contes et des histoires, des podcasts pour enfants, mais c’est un parcours du combattant pour les retrouver sur les plateformes. .Il y en a plein et certaines sont très bonnes, mais l’accessibilité était trop compliquée.
Je me suis rendu compte qu’il n’existait pas d’application de podcast pour enfants, qui propose une vraie bibliothèque, un peu large, avec un système de navigation qui soit à 100% adapté aux enfants. Je voulais quelque chose qui les aide à se passer de l’écran et à donner toute sa légitimité à l’audio. En fait, j’ai voulu créer un genre de Netflix de l’audio pour enfants. C’est ambitieux comme comparaison, mais j’étais convaincu qu’on pouvait monter une belle plateforme qui centralise les audio pour des enfants entre 3 et 10 ans…
Comment avez-vous mis tout cela en place ?
Une fois le besoin identifié, je me suis aussi rendu compte que je pouvais le faire. En effet, de par ma position, je pouvais facilement joindre et réunir les talents nécessaires; que ça pouvait être super-drôle et super intéressant. Il est évident que le confinement m’a offert le bon timing, j’ai pu piloter le projet à 100% et le mettre sur les rails.
Les contes et les histoires sur Alma Studio sont chaque fois racontés par des comédiens connus, vos amis et souvent parents eux-mêmes : on trouve des noms comme Clovis Cornillac, Virginie Efira, Gad Elmaleh, José Garcia, Doria Tillier ou même Gérard Jugnot parmi les conteurs… Ils ont été très faciles à convaincre, parce qu’ils sont tous extraordinaires (il rit). On sentait souvent, au cours des enregistrements, que c’était comme si nous faisions tous un peu cela pour nos enfants.
Et le résultat ?
C’est simple : Alma studio est une application que vous téléchargez, il y a quelques histoires gratuites que vous pouvez écouter pour essayer le concept, mais l’idéal est évidemment de prendre un abonnement (7,99€ par mois, dégressif si vous prenez un abonnement à l’année) et qui propose chaque semaine de nouvelles histoires, sans aucune pub, parce que je voudrais une bulle dans laquelle les enfants sont chez eux. On trouve déjà un catalogue de 250 histoires pour les enfants de 3 à 10 ans, qui s’enrichit de nouvelles aventures tous les vendredis. Et ça marche : on compte 60 000 téléchargements et déjà plusieurs milliers d’abonnés en moins d’un an.
Nous allons créer un flux continu d’histoires et je voudrais aussi un jour proposer des histoires dans d’autres langues. D’ici là, on monitore les histoires qui marchent le mieux, les thématiques les plus écoutées. Mais je veux de la diversité, je tiens à garder aussi certaines thématiques même si elles ne sont pas les plus populaires, comme nos histoires de mythologie, « Hercule et les dieux de l’Olympe » que je trouve formidables.
En quoi votre métier vous a aidé à en faire quelque chose de différent ?
Mon métier de musicien m’a beaucoup aidé, mais je n’ai pas la compétence éducative, la pédagogie des professionnels de l’enfance et j’ai dû m’entourer pour cela. J’ai donc énormément lu et consulté : que ce soit des pédiatres, des orthophonistes, des spécialistes du sommeil et de la psychologie de la petite enfance, car j’avais besoin de leur expérience et de leurs recommandations.
Quelles est la part de musicalité dans ces histoires ?
On est dans le champ de l’oral, presque toutes les histoires ont été écrites par nos auteurs jeunesse spécifiquement pour être écoutées. Elles sont toutes répétées en situation pour s’assurer du plaisir et de la musicalité à l’écoute. Mais on a aussi travaillé le rythme, les accents toniques et puis la musique qui accompagne les histoires. J’ai composé des heures de musique d’illustration, des génériques, des chansons et des comptines. Ça a été un super exercice et j’ai adoré faire ça.
Certaines histoires sont toutes douces et évoluent vers des berceuses pour accompagner les enfants vers le sommeil. On a aussi travaillé avec d’autres talents pour que ça soit vraiment original et que les enfants y apprennent de nouveaux mots, des expressions, qu’ils s’attachent à certains personnages… Ma fille par exemple est toute petite et je la vois fascinée par les histoires de Sonia pas de Souci, qu’elle appelle ‘Sussi’ et dont elle fredonne les chansons.
On vous sent assez fier de cette réalisation…
Les podcasts pour enfants d’Alma Studio n’existent pas seulement pour que les parents aient la paix, c’est carrément éducatif. Comme beaucoup de parents, je voulais trouver des solutions pour que mes petits passent moins de temps sur les écrans tous les jours, c’est pour cela que l’écran ne s’anime pas durant l’histoire, il reste noir pour laisser toute la place à l’audio. Les sons, c’est quelque chose de merveilleux pour les enfants. Cela fait travailler leur imagination de manière optimale.
Il ressort des études de l’INSERM (L’Institut national de la santé et de la recherche médicale, NDLR) qu’une histoire audio a la capacité de stimuler les mêmes zones du cerveau que la lecture chez les enfants, même quand ils ne savent pas encore lire. Tout cela fait de ce projet un projet ludique, drôle et pratique, mais aussi un projet qui a du sens et dans lequel je me suis investi avec beaucoup de passion. La vie que j’ai toujours mené, les gros circuits de tournées, les clubs, être en voyage plus de 60% de l’année, ce n’est pas forcément compatible avec la vie de papa que j’ai envie d’avoir, alors ce projet me permet de me recentrer, c’est un temps créatif de qualité pour moi… L’épuisement en moins (il rit).
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