Le Tourbillon : un invention révolutionnaire chez Breguet qui fête ses 220 ans

Le tourbillon est l’une des plus belles complication horlogère, tant d’un point de vue esthétique que mécanique. Cette année, on célèbre les 220 ans de cette invention révolutionnaire.

Par Magali Eylenbosch, photo DR |

La précision est « la » quête absolue pour tous les horlogers. Et pour atteindre la perfection, au fil du temps, ils n’ont cessé d’innover. Si aujourd’hui le tourbillon n’est pas à proprement parlé une pièce rare, elle n’en demeure pas moins une pièce très convoitée par les amateurs de belle horlogerie. Son prix peut cependant les empêcher d’en acquérir une version plus ou moins sophistiquée. Soulignons que sa fabrication requiert un savoir-faire que seuls les meilleurs horlogers maîtrisent.

À un tic-tac près

Un petit rappel pour les néophytes... Le tourbillon a été créé pour compenser les effets de la gravité sur la marche du mouvement. À l’époque de sa création par Abraham-Louis Breguet (1747-1823), la montre était placée dans une poche de gilet et se trouvait quasi toujours à la verticale. Dès lors, la force de gravitation avait une influence négative sur la bonne marche du mouvement, principalement sur les oscillations du balancier et du spiral, deux pièces centrales au niveau de la précision. C’était une chose de le savoir, c’en est une autre d’avoir une idée de génie pour agir sur ce phénomène. Il n’est pas exagéré de dire que le tourbillon est davantage qu’un objet d’art mécanique, il est le résultat d’observations physiques précises, il est une aventure humaine, une épopée industrielle à lui seul.

Un horloger différent

Né en 1747 à Neuchâtel, en Suisse, Abraham-Louis Breguet va entamer un apprentissage d’horloger et le continuer plus tard à Versailles et à Paris où il arrive à l’âge de 15 ans. En suivant une formation théorique, au Collège Mazarin, il va acquérir de solides connaissances, notamment en mathématiques et en physique. Quand Breguet présente son idée et demande un brevet aux autorités, il a déjà une longue carrière à son actif, s’étant installé à son compte sur l’Ile de la Cité en 1775. Ses montres automatiques dites “ perpétuelles ” ont séduit le roi Louis XVI et la reine Marie- Antoinette puis toute la cour de Versailles. Il jouit même d’une réputation internationale mais sera obligé de retourner en Suisse pour se mettre à l’abri des excès de la Révolution Française. Les deux ans qu’il passera entre Genève, Neuchâtel et Le Locle lui permettront d’échanger avec de nombreux horlogers suisses. Lorsqu’il rentrera à Paris au printemps 1795, il présentera à sa clientèle une série de nouveaux produits : la montre à tact (elle permet de lire l’heure au toucher), la pendule sympathique (une pendule remet à l’heure et règle une montre placée en son sommet), la montre de souscription (sidérante par son minimalisme), un nouvel échappement dit “ à force constante ” et un nouveau dispositif dénommé “ régulateur à Tourbillon ”.

Contourner le problème pour le résoudre

Conscient qu’il ne pourra à lui tout seul résoudre tous les problèmes de dilatation des métaux et de stabilité des huiles, Abraham-Louis Breguet décide, en quelque sorte, de contourner le problème pour mieux l’affronter. Il “ compensera ” les effets des lois physiques qui produisent des déformations sur les organes vitaux de la montre et altèrent la régularité de la marche. Ne pouvant s’attaquer aux lois de la gravité terrestre, il va faire le choix d’en “ apprivoiser ” les effets. Un projet optimiste ! Cependant, le mot “ Tourbillon ” se référait à l’astronomie dans un sens oublié aujourd’hui. Comme le mentionnent les grands dictionnaires du 19e siècle, reprenant à la fois Descartes et l’Encyclopédie, le mot désignait soit un système planétaire et sa rotation sur un axe unique, soit l’énergie qui faisait tourner les planètes autour du soleil.

Bien loin de la signification actuelle de “ rotation violente ” ou de “tempête incontrôlable”, le mot choisi par Breguet est bien celui d’un homme des Lumières qui observe le monde avant de l’imiter, en écho aux philosophes du 18e siècle qui voyaient dans l’horlogerie une représentation miniaturisée du cosmos. Et en effet, comment ne pas voir un petit monde bien ordonné dans ce mécanisme qui rassemble l’organe régulateur (balancier spiral) et l’organe de distribution (roue d’échappement et ancre) dans une cage mobile tournant avec la régularité des planètes... Il se passera encore six années entre le retour de l’horloger à Paris et l’obtention du brevet pour sa géniale invention, le 26 juin 1801. Il faudra compter dix années de plus pour développer et fiabiliser cette mécanique extrêmement complexe. Sûr de la pertinence de son invention qui peut être installée sur plusieurs types de garde- temps, Breguet et ses collaborateurs vont réaliser 40 Tourbillons entre 1796 et 1829, auxquels s’ajoutent 9 autres pièces qui ne seront jamais terminées et figurent dans les livres comme passées par pertes et profits, ferraillées ou égarées. Il aurait certainement été fier de constater que tous les sacrifices qu’il a fait n’ont pas été vains et qu’il inspire toujours la Haute Horlogerie aujoud’hui. Le tourbillon n’a jamais été aussi vivant.

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