Les "congés illimités" : les travailleurs belges y sont-ils prêts ?

L'idée fait rêver sur papier, mais près d'un tiers des Belges seraient contre. Mais pourquoi pouvoir décider de ses vacances toute l'année ne convainc guère ?

Par Camille Vernin, Photo : Unsplash |

Pour vous, les bureaux de LinkedIn, Dropbox ou encore Netflix ressemblent à d'immenses open space aux bureaux modulables, avec des tables de ping-pong dans la cafétéria et des "sleep room" à tous les étages ? Nichée au coeur des States, la Silicon Valley ne fait pas uniquement fantasmer par son architecture avant-gardiste pensée pour booster le bien-être de ses employés, mais aussi par ses idées futuristes. Parmi elles, le concept de "vacances illimitées". Un modèle qui peine à s'implanter chez nous. Les Belges seraient d'ailleurs particulièrement réticents à l'idée. Mais pourquoi, derrière son nom qui fait rêver, cette nouvelle organisation du travail laisse à ce point sceptique ? 

Près de la moitié des Belges s'ennuient au travail selon une étude :

Des congés où on veut quand on veut ?

Si l'on vous proposait de prendre autant de journées de vacances que vous le souhaitiez, que diriez vous ? À cette question que l'on penserait rhétorique, beaucoup répondent pourtant "non". L'idée née aux États-Unis a pourtant germé doucement en France où de plus en plus d'entreprises se présentent comme "libérantes". L'autonomie complète des salariés est prônée pour gérer leur planning et les relations clients. Les ressources humaines sont mises au coeur du système et la hiérarchie est construite la plus horizontalement possible. Cela implique notamment des vacances prises selon le bon vouloir et l'organisation de chaque employé. Le rêve ? Oui et non. 

Oui, car nous ne sommes pas tous égaux à toutes les périodes de l'année. Nous vivons parfois des événements compliqués qui peuvent avoir un impact direct sur notre productivité et nos résultats. Le besoin s'impose alors de récupérer un équilibre entre vie privée et vie pro. Dans ce cadre, si nous disposions de "congés illimités", nous pourrions nous retirer un moment pour mieux repartir. Une logique qui intervient également dans plus de flexibilité concernant les heures de travail. Les entreprises permettent à celles et ceux qui le souhaitent de travailler davantage le matin, la journée ou le soir, pourquoi pas la nuit, si c'est ce qui leur convient le mieux. Une façon de booster les performances de ses employés, mais aussi et surtout d'instaurer une culture de confiance et de transparence. Pour rappel, en Belgique, les travailleurs salariés à temps plein bénéficient en principe de quatre semaines de congé par an. Le calcul du nombre de jours de congé et du pécule de vacances est toutefois différent pour les ouvriers, les employés, les apprentis, les artistes et les fonctionnaires.

Sous quelques conditions

Pour veiller à la bonne organisation de ces "congés illimités", les entreprises mettent généralement au point plusieurs règles. La première : que les vacances que vous preniez n'empêchent pas les autres d'en prendre. Vous ne devez pas vous trouver sur un projet particulièrement important ou tendu. Finalement, il y a un certain "droit de prévenance" à respecter. Cela signifie que si vous partez trois jours, vous devez prévenir trois jours à l'avance, deux semaines à l'avance si vous partez deux semaines, et ainsi de suite. Quid des rebelles ? "Il faut sortir du management des 3% qui contraignent la majorité. En effet, on met souvent en place des procédures pour éviter que les salarié.es (3% en moyenne) n’abusent du système. C’est oublier que 97% des personnes sont honnêtes !", explique Welcome to the Jungle

Alors pourquoi tant de réfractaires ?

Beaucoup d'experts parlent d'"idée belle sur papier" ou encore de "pure marketing". Selon Geoffrey James, rédacteur en chef du magazine en ligne Inc.com : "Vous pouvez rêver de prendre un mois de vacances, mais il y a de fortes chances que vous n’aurez pas le culot de le faire". Certains psychologues du travail y voient notamment un transfert de responsabilité insidieux pour les salariés et une source de tensions entre collègues. Il y a également quelques contraintes d'un point de vue juridique. Alors que la limite de travail ne peut pas légalement dépasser 8h en Belgique, comment tasser tout son travail d'un an sur huit ou six mois par exemple ? 

Le Belge, très terre-à-terre, est majoritairement réfractaire à l'idée. Seuls 21% des salariés interrogés l'envisageraient. 36% ne diraient pas non à un peu plus de vacances et 36% sont satisfaits de la situation actuelle. Si les Belges sont les moins convaincus par l'idée avec les Irlandais, les résultats de l'étude montrent que seulement 48% des travailleurs européens sont intéressés par les "congés illimités". En cause ? Les travailleurs seraient globalement satisfaits de leur nombre de jours de congé. Mais un facteur psycjologique interviendrait également. Le travail, source d'épanouissement et de développement personnel, permet de structurer son quotidien et de se rapprocher des autres. 

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