L'île de Lewis, l'île oubliée d'Écosse qui vous emmène au bout du monde

Vous cherchez une destination qui vous fasse véritablement déconneter ?  Avec son dernier film, Nobody has to know, tourné en anglais, l’acteur et cinéaste liégeois Bouli Lanners signe une magnifique histoire d’amour, mais rend également hommage à sa terre de cœur, l’Écosse, en particulier à l’île de Lewis.

PAR SIGRID DESCAMPS. PHOTOS BOULI LANNERS, VERSUS PRODUCTION |

Des terres sauvages à perte de vue, un ciel qui hésite entre bleu et gris, d’une beauté à pleurer, des plages désertes, la mer, des champs peuplés de moutons... Pour son dernier film, Nobody has to know, une histoire d’amour d’un romantisme chavirant entre deux quinquagénaires, Bouli Lanners, devant et derrière la caméra, a choisi un écrin de choix : l’île de Lewis, un espace hors du temps dans cette Écosse qu’il affectionne particulièrement. Ce n’est hélas pas là qu’il nous fixe rendez-vous ce jour-là, mais chez lui, dans sa maison au milieu d’un grand jardin en terrasses, installée sur les hauteurs de Liège. Je ne veux vivre qu’ici, nous dit-il. Ici, et sur l’île de Lewis, où je rêve d’acheter une petite maison pour y séjourner plusieurs mois par an. Le ton est donné, exploration...

La vidéo du jour :

Comment avez-vous découvert l’Écosse ?

Je ne sais pas ce qu’il s’est passé dans ma vie : un flash, une lecture, peut-être ? Toujours est-il que depuis l’âge de six ans, je suis obsédé par l’Écosse. J’ai cassé les pieds de mes parents pour suivre des cours de cornemuse, j’étais persuadé que ma grand-mère était écossaise, je voulais porter un kilt, la totale quoi (rires) ! Je n’y avais pourtant jamais mis les pieds, je viens d’une famille hyper modeste, qui ne partait pas en vacances... Pourtant, ce pays m’obsédait et quand j’y suis allé pour la première fois, il y a plus de trente ans, ça n’a donc pas été une découverte, mais la confirmation que j’étais lié d’une façon ou une autre à ce pays. Je ne sais pas quel est le lien, mais je m’y sens chez moi. Depuis, j’y retourne régulièrement, parfois même plusieurs fois par an. Hélas, entre le Brexit, le Covid... Je n’y suis plus allé depuis le tournage du film et l’Écosse me manque terriblement, Lewis en particulier.

Bouli en balade sur l’île de Lewis. Celle-là même où il a tourné plusieurs séquences de son dernier film, Nobody has to know, avec Michelle Fairley.

L’île de Lewis, c’est définitivement votre site favori ?

Oui, c’est là que je me sens le mieux. J’ai parcouru l’Écosse de long en large. Il y a des endroits magnifiques comme l’île de Skye, mais qui sont devenus hyper- touristiques. L’île de Lewis par contre, est un endroit hors du monde, hors du temps. C’est pour moi, le lieu le plus exotique qui soit sur Terre. L’île est aux confins de l’Écosse, c’est très cher, il y a très peu de tourisme... et ils ne cherchent pas à le développer. L’île fait 120 km de long, mais il n’y a que 12 000 habitants. Il y a des étendues sauvages à perte de vue. C’est resté le fief de la langue gaélique, une langue celte que tout le monde parle là-bas, même les enfants ; ils apprennent l’anglais à l’école. C’est aussi le fief de l’église presbytérienne, une église protestante radicale... Cette communauté, omniprésente sur l’île, en gère le rythme social. Il y a l’autorité légale évidemment, mais tout passe ensuite par eux. C’est très particulier. Le dimanche, il n’y a même pas un bus qui circule et les gens sont habillés comme au XIXe siècle. Ils vivent comme des Amish, mais sans le refus du progrès technologique : ils ont la radio, des smartphones, des voitures... Et des pubs, qui sont remplis ! Même si les plus radicaux d’entre eux n’y vont pas.

À voir le film, on a l’impression que le ciel y est toujours gris, mais qu’il y pleut rarement...

J’ai eu du bol. Parce que, quand il pleut, ça tombe à cordes. On a eu une seule vraie journée de flotte durant le tournage, c’est tout. Mais c’est aussi parce que ma mère gère la météo. Je la crédite toujours au générique sous le titre “Météo” parce que, très croyante, elle fait des neuvaines lorsque je tourne pour que le ciel soit clément. Ceci étant, à force d’aller là-bas, je commence à bien connaître la météo écossaise. Je sais que les meilleurs jours pour s’y rendre sont avril, mai et juin ; c’est là qu’il y aura le plus d’ensoleillement. On a par contre tourné le film en hiver, avec des journées courtes, mais une magnifique lumière dès 9 h et l’obscurité qui tombait vers 15 h 15, ce qui nous permettait de tourner les scènes nocturnes tôt.

Si on a envie de partir en Écosse pour la première fois de notre vie, que nous conseillez-vous ?

Pour commencer, il faut venir passer un après-midi ici, à Liège, avec moi, pour que je vous raconte le pays tout en buvant un bon whisky (rires). Je peux parler de l’Écosse durant des heures, c’est un réel plaisir. J’ai tous les bons plans, j’ai parcouru toutes les routes. J’ai une carte sur laquelle je dessine les routes que j’emprunte, j’ai dû la remplacer plusieurs fois : elle était usée à force d’être utilisée. Sérieusement, si on y va pour la première fois, je conseillerais de commencer par Édimbourg, bien plus jolie que Glasgow. Ensuite, il faut remonter vers le nord. J’aime bien la région des Borders, dans le sud-est. Une très belle région vallonnée ; c’est de là que viennent mes chiens, deux border terriers. Il n’y a personne là-bas, j’adore ! Je conseillerais, si vous avez peu de temps devant vous, de découvrir les Highlands. Il y a notamment l’île d’Arran, une petite île au large de Glasgow, où l’on trouve tous les paysages d’Écosse, c’est très beau. On peut y faire de magnifiques randonnées, entre autres sur le mont Rosat. Après, il y a le Kintyre, que j’aime beaucoup également. Ainsi que le comté d’Argyll and Bute, une belle région avec des sites néolithiques. Quand on monte au nord, cela devient de plus en plus sauvage. L’île de Skye est à voir également, mais hors saison. L’été, tu assistes à des embouteillages de mobil-homes jusqu’à l’écœurement. Surtout jamais y aller à cette époque-là, c’est l’enfer !

Quelle est la meilleure période pour découvrir le pays ?

Surtout pas en été donc ; la meilleure saison, c’est de mi-avril à mi-juin. D’abord, pour éviter le tourisme de masse, mais aussi, les midges ou moustiques des Highlands ; ce sont des petits moustiques qui éclosent par milliers en été et qui peuvent te pourrir la vie !

On peut prévoir un séjour sans voiture ?

Il vaut mieux le faire avec, surtout si vous voulez découvrir des coins reculés. Le bonheur en Écosse, c’est d’aller le plus loin possible, de trouver les endroits les plus perdus qui soient ! La moto est envisageable, mais il faut être super bien équipé car quand il pleut, il pleut fort ! Vous pouvez emmener ma mère, mais là aussi, vous devrez passer par ici pour qu’on signe un contrat. Ceci dit, l’Écosse peut aussi se découvrir en train. Il y a une magnifique ligne de chemin de fer, la West Highland Line, qui passe notamment par le viaduc de Glenfinnan, ce pont célèbre que l’on voit dans Harry Potter. Si vous allez sans voiture, prenez le train jusqu’à la petite ville portuaire d’Oban, dans l’Argyll. De là, prenez un bateau pour partir à la découverte de toutes les petites îles environnantes.

À quoi faut-il être attentif quand on débarque dans une ville écossaise, y-a-t- il des règles particulières à respecter ?

Si vous restez dans les villes, vous ne serez pas trop dépaysés. Plus vous allez dans les coins reculés, plus vous ressentirez une certaine aversion pour les Anglais. Ne leur dites donc jamais qu’ils sont Anglais, même un peu. Par contre, ils adorent les francophones, qu’ils associent à la France. Pour eux, la France, c’est le pays de Marie Stuart, qui les a aidés pendant la révolution jacobite.

Nobody has to know, dans les salles. Retrouvez toutes les séances de votre région sur cinenews.be

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