Dans un entretien accordé à l’AFP, le chercheur américain Ben Goertzel, spécialisé dans l’IA, indiquait que cette avancée technologique allait provoquer l’obsolescence de 80% des emplois actuels. Selon lui, une telle donnée n’a rien d’une menace, mais relève plutôt d’un avantage : “C’est une bonne chose. Les gens vont trouver de meilleures choses à faire que travailler pour gagner leur vie. Pratiquement toutes les tâches administratives pourront être automatisées”.
La banque d’investissement Goldman Sachs indique dans une étude publiée en mars dernier que les professions les plus en danger face à l’arrivée de l’intelligence artificielle sont les métiers liés au droit, aux opérations financières, à l’administratif ainsi qu’à l’architecture. Les applications et sites internet dédiés à l’intelligence artificielle dans la décoration ont fleuri parmi lesquels Collov, Reimagine Home, Interior IA… Le mode d’emploi est simplissime. En quelques clics, vous pouvez visualiser la décoration de votre chambre ou salon à partir d’une photographie téléchargée.
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Un gain de temps et de productivité
L’intelligence artificielle constitue-t-elle une réelle menace dans le secteur de l'architecture et de la décoration ? Julie Lacour est architecte et décoratrice d’intérieur à Bruxelles. Selon elle, les avancées technologiques peuvent servir les intérêts de son métier : “On travaillait auparavant avec de grandes feuilles sur lesquelles on dessinait les plans. Puis, il y a eu l’arrivée du logiciel SketchUp pour modéliser les plans en 3D. Cela a été une vraie révolution. L’intelligence artificielle aide les professionnels à gagner en temps et en productivité, à condition que l’outil soit le plus optimal possible. L’IA peut être pertinente quand il s’agit de mesurer des pièces ou de directement obtenir des dimensions”. Sur ses chantiers, Julie Lacour prend constamment des mesures de portes, fenêtres, de marches d’escalier. Un travail de longue haleine qui peut parfois prendre une journée entière. L’IA peut faciliter cette étape.
Pour les besoins de l’article, Julie Lacour a testé une plateforme d’intelligence artificielle. Quel regard porte-t-elle sur les photos obtenues en tant que professionnelle ? “Elles basculent dans le cliché bien que les visuels soient beaux à regarder. Il manque de la créativité, de l’artistique, mais surtout de la personnalisation. Or, un client veut un projet personnalisé. L’intelligence artificielle reprend juste notre brief et nos critères. Cela donne l’impression que ces plateformes ne connaissent pas les notions de chaleureux, d’émotion, de folie car le rendu est quand même très plat”.
Un outil dénué de toute psychologie
L’intelligence artificielle offre de nombreux services dans le domaine de la décoration. Elle propose des idées pour un nouveau design d’intérieur, pour optimiser nos espaces, établir une shopping-list… Les possibilités sont nombreuses, mais l’IA ne détient pas une qualité essentielle au métier d’architecte et décorateur d’intérieur : l’empathie. “On endosse la casquette de psychologue sur chaque projet. On se doit d’être à l’écoute des demandes, des besoins et des envies du client. C’est à partir de leur discours que l’on tire les ficelles d’un projet. L’IA n’a pas cette force”.
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Julie Lacour se rend régulièrement sur ses chantiers. Une étape essentielle pour suivre le bon déroulé des opérations. “L’intelligence artificielle est dans l’incapacité de le faire. Elle ne connaît pas les contraintes techniques présentes tout comme elle ne connaît pas les problématiques de chaque matériau. Imaginons que l’IA propose d'apposer du béton ciré dans une maison, elle ne sait pas qu’il doit être traité d’une certaine manière et appliqué uniquement dans certaines pièces de la maison. L’architecte et décorateur d’intérieur, lui, détient ce savoir technique.”
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