Pourquoi le tapis rouge est-il plus chic au Festival de Cannes qu’au Met Gala

Les soirées sur tapis rouge se sont enchaînées ces derniers temps, pour le plus grand plaisir des amateurs de robes qui claquent et de tenues de gala. Mais si on doit élire lequel est plus chic que l’autre, on a notre petite idée. Décryptage.

Ingrid Van Langhendonck, Photos Photonews et Belga |

Il y a moins d’une semaine se tenait la cérémonie du Met Gala, la grand-messe de la mode à New York et un événement très observé par toute la presse et la planète fashion. Nous avions d’ailleurs nous-même commenté cette montée des marches. Mais là, alors que démarre cette semaine le Festival de Cannes, on n’a pas pu s’empêcher de comparer ce que l’on a vu défiler sur le tapis rouge de part et d’autre … Et si l’on peut résumer ça simplement : on dirait qu’à New York, c’est l’extravagance tandis qu'à Cannes, c’est l’élégance… Mais qu’est-ce qui explique ce grand écart entre ces deux évènements ? Nous nous sommes demandés pourquoi un des deux tapis rouges nous laissait un arrière-goût de ‘too much’ , alors que l’autre nous fascine, car tout nous y apparait simplement beau.

En vidéo: Pourquoi Virginie Efira fascine t'elle autant le tapis rouge?

Question de contexte?

En effet, la soirée du MET gala est organisée autour d’une thématique orchestrée par Anna Wintour et la section mode du Metropolitan Museum. Ici les créateurs de mode américains (et les autres) y voient comme un défi à leur créativité. Ce qui signifie que chaque robe, chaque tenue, pour être remarquée, doit être porteuse d’un message ou se démarquer ... Et c’est peut-être cette aspect de la thématique et de l’exercice de style pour les stylistes qui donne à certaines stars l’impression d’être carrément déguisées.

Lana Del Rey et sa moustiquaire en tulle. C'est dans le thème, mais pas forcément joli ... (Photonews)

On a par exemple noté le maquillage limite gothique de Zendaya, pourtant toujours si belle au naturel, les tenues improbables et provocatrices comme celle de Doja Cat, parue en serviette de bain (était-ce nécessaire ?), les multiples accessoires et même les robes-performance, limite importables surmontées de branches ou de capes démesurées, celles qui ont nécessité des accessoiristes et tout un décorum pas franchement discret, comme la robe sable de Balmain dessinée pour la chanteuse Tyla qu’on a dû porter jusqu’aux marches… Autant de contraintes pour les invités qui rendent au final le spectacle intéressant, mais pas forcément élégant.

Question de culture ?

On le sait, il y a dans l’imaginaire américain un goût pour le costume, et surtout un goût pour le spectacle. Chaque invité présent au gala est là pour faire le buzz, c’est une volonté bien plus ancrée chez nos voisins américains que dans le chef des acteurs et des artistes présents à Cannes. Surtout que les invités sont issus de différents milieux : rappeurs, chanteuses, influenceuses … Il est vrai que le festival de Cannes est un festival de cinéma français, et donc fréquenté davantage par un milieu d’intellectuels, probablement plus raffiné et moins enclin à jouer la carte du spectacle à tout prix que les stars américaines.

Ce qui explique dès lors que les actrices françaises sont apparues dans des robes de haute couture, certes, mais aussi et surtout des tenues avant tout sobres et particulièrement élégantes… Sans trop en faire, sans en rajouter. Un contraste avec les traînes interminables et mises en scène improbables des robes vues à New York.

Question de perception

Évidemment que depuis notre rédaction bruxelloise, nous n’avons qu’une perception suggestive de ce que les invités nous ont donné comme spectacle… Il y a fort à parier que, parce que nous sommes nous-mêmes pétris de la culture mode européenne, nous sommes plus sensibles au style et à la couture française, à cette espèce d’élégance sobre, à cette allure à la parisienne, à toute une série de codes qui sont moins voyants et moins envahissants. Mais on a beau le retourner dans tous les sens, on persiste et signe : il y a quelque chose de sublime dans la sobriété élégante de la robe Dior immaculée de Meryl Streep, ou dans le fourreau rouge (Dior encore) arboré par Juliette Binoche, sans oublier l'élégantissime fourreau en velours vert foncé de Camille Cottin, maîtresse de cérémonie.

Une forme d’élégance qui n’en fait pas trop, une ligne qui tombe juste, sans avoir besoin d’y rajouter des plumes ou des frous-frous pour le faire exister… Sans hésiter, on regardera encore le Met Gala comme un spectacle, mais la palme de l’élégance revient à Cannes.

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