Que vaut Raki, le restaurant et bar à vins qui va vous faire oublier Ötap ?

Ötap est mort, longue vie à Raki ! On vous a déjà dit au moins cinq fois ici à quel point on adorait Ötap, à Ixelles. On l’a découvert la première semaine de son ouverture, ça devait être en 2017, et on l’a vu fermer cet été avec les yeux un peu embués.

TEXTE ET PHOTOS : FLORENCE HAINAUT ET CARLO DE PASCALE. |

Paulo, le patron, est surdoué et survolté. Tout ce qu’il touche, avec ou sans associés, se transforme en foules en délire prêtes à faire la file et se serrer comme des sardines pour un coin de bar ou une assiette à saucer. Il y a donc d’abord eu Ötap, puis Rebel, le bar à vin et à résidence de chefs de la rue Lesbroussart, et aussi Grain, une boulangerie pâtisserie au Châtelain. Après des années de montée en puissance et le menu unique le plus waouh de la capitale (du moins à mes yeux et à mes papilles), il a fermé son resto. Il ne lui ressemblait plus, nous a-t-il expliqué, quand Carlo et moi sommes allés découvrir la version 2.0 de Ötap (si j’ai manqué de clarté, sachez qu’il s’agit du même lieu, mais avec un nouveau nom, un nouveau concept, une nouvelle déco). Paulo a toujours fait ce qu’il voulait, ce qu’il sentait. Quitte à tout changer sans prévenir. Et si parfois ça manque un peu de lisibilité, même Carlo – qui pourtant préfère les concepts un peu plus pérennes – admet que son audace fait des étincelles.

Bref, tout ça pour dire que Ötap n’est plus mais que, de ses cendres, est né Raki, qui ressemble plus à Paulo. Il y fait ce qu’il veut, à savoir plein de trucs dont des recettes très classiques à peine revisitées. Sur papier, il s’agit d’un bar à vin, mais vu le menu et la qualité des plats (on y vient, promis), c’est une ruse du boss. Il voulait quelque chose de plus simple, plus abordable, un lieu dont les gens attendraient moins qu’un resto quasi gastro : On a une bière à trois balles et pour moi c’est super important.

Dans l'assiette

Le jour où nous nous attablons en terrasse (vive l’été indien), Carlo et moi fêtons le retour du resto prodigue avec une bouteille de bulles, Petit Origami du Domaine de la Tourlaudière (35 €). Une espèce de melting pot de plein de bons trucs (Pinot Gris, Cabernet Franc, Cabernet Sauvignon, Chardonnay et Melon de Bourgogne) qui, une fois assemblés, donne un “Pet Nat” vif, rafraîchissant et pas fatigant pour un sou. Avant d’avoir tout sifflé et chanté la petite gayole (qui n’est pas namurois ne chante pas), on se partage une brioche servie avec un beurre monté au merkè (4 €), un mélange de piment fumé, coriandre et sel. À peine le temps de s’extasier qu’on continue avec les gougères servies avec de la ricotta fumée râpée (9 €). Et, Carlo a insisté, il adore ça, des œufs mayo (9 €). Il y a une huile verte de je ne sais pas quoi, mais c’est sublime, et des crevettes grises frites qui croustillent. Carton plein. Les poireaux à la flamande (12 €) sont plus classiques, mais exécutés tip top. Carlo a encore insisté, moi un peu couiné (je suis pas trop fan d’abats), et voici la croquette de tête de veau sauce piccalilli (15 €). J’avais couiné ? J’avais tort. Cet objet oblong frit aux faux airs de fricadelle est totalement addictif. Je lèse Carlo d’un bon tiers de sa part. C’est la vie. Comme il avait commandé cette chose dont je ne voulais pas, j’avais exigé mon poisson cru (ça c’est lui qui grimace). Hamachi (c’est le nom de l’animal à branchies), labneh et feuille de figuier (17 €). Je m’en tapisse jusqu’au front dans un élan de bonheur et d’extase pendant que Carlo appelle Raph, la sommelière, pour la suite.

Tous les vins ne sont pas à la carte et elle est d’excellent conseil, n’hésitez pas. Ça sera donc Fils du Sillon (43 €), un Syrah qui fait assez bim bam boum pour moi tout en étant parfaitement équilibré (pour Carlo). Au cas où cela vous aurait échappé, nous n’avons pas toujours les mêmes goûts. Par exemple moi je me damnerais pour des topinambours, lui beaucoup moins. Je gagne à la courte paille, ils arrivent entiers, grillés à l’extérieur, fondants à l’intérieur, servis avec de la crème crue et des œufs de truite (14 €). C’est bon à pleurer. Avant de nous dire adieu, nous partageons, les yeux dans les yeux, une ganache au chocolat, crumble de cacao, à la fleur de sel (9 €). Dernière petite claque avant de nous claquer la bise.

Verdict

C’est bon marché ? Non. Ça le vaut ? Oui. Ce qui ne rend pas le lieu plus abordable. Mais ici vous pouvez venir égrener le menu et taper la cloche, mais aussi occuper une table avec deux bières à trois balles et éventuellement un plat à neuf balles et être accueillis avec la même gentillesse.

En pratique :

Où ? 10 place Albert Leemans, 1050 Bruxelles.

Quand ? Ouvert du jeudi au dimanche de 18h à minuit. Pas de réservation. 

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