Sport : l'escalade de bloc, la discipline du moment qui allie intelligence et amusement

L’escalade de bloc est la discipline qui monte. Accessible à tous et vecteur de lien social, elle constitue l’activité idéale pour travailler son corps, son mental et même sa réflexion. Zoom sur ce sport ludique et physique en compagnie de trois passionnés.

Par Audrey Morard. Crédit photo : D.R |

Arnaud enfile ses chaussons d’escalade avant de s’enduire les mains de magnésie, une poudre blanche qui absorbe la sueur et qui évite au sportif de glisser. Il les pose ensuite sur des prises orange fluo, tantôt arrondies, tantôt en forme de demi-Lune. Coiffé de sa casquette rouge, il gravit avec agilité le mur d’escalade de quatre mètres en suivant des prises marquées d’une petite étiquette.

Rares sont les moments où le jeune homme marque un temps d’arrêt pendant son ascension. Arnaud se déplace sans baudrier ni aucune autre protection, seulement à la force de ses mains et de ses jambes. Seul un imposant tapis peut amortir sa chute. L’objectif du jeune homme est simple : “Terminer le bloc”, c’est-à-dire rejoindre la prise d’arrivée. 

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Une énigme à résoudre avec le corps 

Arnaud pratique l'escalade de bloc depuis un an. “J’ai découvert cette discipline il y a quatre ans avec un ami habitué à l’escalade en voie. J’ai tout de suite accroché. L’escalade de bloc nous pousse à nous dépasser physiquement et psychologiquement. Chaque bloc est une énigme à résoudre avec le corps. C’est comme un jeu”, nous détaille-t-il assis à l’une des tables de la salle À Bloc, à Bruxelles.

On retrouve derrière ce lieu, Lionel et Alexis Grau Ribes, deux frères passionnés par la discipline. “Elle nous correspond alors que nos profils sont différents : Lionel est très sportif, moi pas du tout ! explique Alexis. Quand je me suis essayé au bloc, je me suis dit “J’ai trouvé le sport qui me convient”. Ce qui me plaît, c'est de voir le physique s’allier au cérébral. On doit résoudre un puzzle en se déplaçant. Si on échoue, ce n’est pas une question de muscles, c’est qu’on n’a pas bien compris ce qu’il fallait faire”

Le binôme a inauguré sa salle en 2021 et connaît depuis un succès grandissant. “On compte deux fois plus de monde chaque année. On dénombre quatre, cinq salles de bloc à Bruxelles. En Belgique, il en ouvre une tous les mois environ”,  indique Lionel. L’escalade de bloc met pourtant du temps à s’installer dans le pays, au contraire de l’escalade en voie. C’est en Belgique que la première salle d’escalade commerciale d’Europe voit le jour en 1987, au cœur de la capitale, sous le nom de “Terres Neuves”. Le principe du mur d'escalade est aussi un concept belge. “La Belgique a été une véritable pionnière à l’échelle mondiale dans l’escalade de voie. Mais nous nous sommes peut-être trop reposés sur nos anciennes salles de voie sans vraiment se renouveler. Le bloc est arrivé il y a cinq ans dans le pays, mais il était déjà présent à Londres il y a quinze ans”. 

Un sport aux multiples atouts

Ce sport a l’avantage de se réinventer régulièrement. La salle À Bloc dénombre 160 blocs. Trente nouveaux arrivent chaque semaine. “En deux mois, toute la salle est renouvelée. Il y a eu une vraie évolution dans la manière de construire les murs. Les prises ont gagné en volume, elles sont moins petites et moins focalisées sur les doigts. On produit plus vite aussi. Les blocs de compétition essaient d’être toujours plus spectaculaires et visuels. On veut voir cela dans les salles”. Les murs d’À Bloc sont justement habillés de prises colorées allant du vert, au rose en passant par le jaune. Devant cet arc en ciel de prises, les habitués d’À Bloc échangent, observent et se conseillent. “Le bloc réunit les gens, c’est convivial, amusant et interactif. On est dans du réel et du concret. Des familles se rendent aussi à la salle ensemble”. Arnaud a même assisté à la formation de couples grâce au bloc. 

La discipline fait travailler de nombreuses parties du corps (les tendons, les muscles, les articulations) et améliore des qualités physiques comme la souplesse et l’explosivité. “Le bloc explore davantage le corps que la voie. Il faut réfléchir au placement de nos pieds, nos talons, nos genoux, la manière dont on va utiliser nos cuisses et positionner nos hanches”, détaille Alexis Grau Ribes. Son frère ajoute : “Le mur est à 4 mètres contre 15 ou 16 mètres maximum pour la voie. Cela fait moins peur, surtout pour les personnes ayant le vertige. En voie, on est limité par l’endurance, des douleurs peuvent se faire ressentir dans les bras ce qui n’est pas le cas avec le bloc puisque chaque mouvement est différent. Certains sont dans l’équilibre, d’autres plus dynamiques avec des sauts. On n’est jamais lassé”. 

L’importance de la discipline

La progression se fait assez rapidement souligne Alexis. “On atteint vite un premier plateau. On ne commence pas avec un souci technique à résoudre. Mais il n’y a pas de secrets, il faut pratiquer, pratiquer et encore pratiquer pour s’améliorer”. Arnaud recommande de se rendre à la salle une à deux fois par semaine pour passer d’un niveau très facile à moyen. Le jeune homme s’adonne au bloc six heures par semaine. “Le moment le plus délicat est le passage du niveau intermédiaire à avancé. Ce sont souvent des heures et des heures d’entraînement pour des progrès assez minimes. C’est là que la discipline joue”. Ce sport fait aujourd’hui partie intégrante de la vie d’Arnaud. Il favorise des lieux de vacances où il y a des spots d’escalade de bloc et envisage même une carrière dans cette discipline. “Je me formerais dans un premier temps pour devenir prof avant d’ouvrir une salle dans les Ardennes, ma région d’origine”. 

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