La pleine conscience : comment ça marche ?

Tout le monde en parle, certains mieux que d’autres. Ilios Kotsou, docteur en psychologie et cofondateur de l’association Émergences, rappelle ses grands bienfaits. Mais aussi, comment la pratiquer.

par Gilda Benjamin. Photos D.R., Vichy. |

Ilios Kotsou, la méditation est une pratique à la mode. Mais qu’entend-on par méditation exactement ?

La méditation n’est pas une question de réflexion intellectuelle, mais plutôt une question de présence à nos sensations, une sorte de gymnastique de l’esprit. Il existe de nombreuses formes de méditation différentes suivant nombre de traditions, la plus connue aujourd’hui étant la méditation de pleine conscience qui, issue de la méditation bouddhiste mais sans les aspects religieux, s’adresse au plus grand nombre.

Quelle est la différence avec la méditation zen, ou la transcendantale ?

La méditation zen a un côté très austère. Traditionnellement, elle se pratique devant un mur blanc. La méditation en pleine conscience est sa forme épurée, qui répond à de nombreuses situations actuelles : stress, continuité dans un monde très fragmenté, angoisses. Sa pratique a été instaurée dans les années 70 par Jon Kabat-Zinn, un professeur de médecine américain persuadé de ses bienfaits, qui l’a placée au centre de ses recherches liant science et bouddhisme. La méditation transcendantale, avec mantra, gourou, hiérarchie, est, elle, plus codifiée et moins laïque.

Quel est son but ?

D’arriver à vivre de façon plus tranquille. Plutôt que de lutter contre les choses, on apprend à accepter ce que la vie nous offre. La méditation de pleine conscience permet d’apprivoiser nos émotions. Elle arrête la dictature des pensées, des ruminations, elle permet de prendre de la distance. Enfin, elle offre la possibilité d’être davantage en contact avec l’essentiel, l’important : la famille, le développement personnel, l’amélioration du monde… Une connexion à soi et à l’autre qui contribue à un meilleur épanouissement.

Comment se déroule l’apprentissage ?

Un cycle de pleine conscience consiste en général en huit séances de 2 heures et demie en groupe, plus une journée entière avec un instructeur. Le prix plein est de 250 € mais on ne refuse jamais quelqu’un pour raisons financières. Cependant, beaucoup de personnes s’initient seules et gratuitement via des livres, des CD, Internet… Mais il est plus motivant de faire cet apprentissage en groupe.

La méditation en pleine conscience figure même au programme de différentes écoles, au Canada, en Grande-Bretagne, en Scandinavie et même en Belgique !

Différentes actions sont effet soutenues dans le secteur éducatif, en maternelles et en primaires. Ces sessions de 20 minutes favorisent la pratique d’attention et de bienveillance, développent une meilleure écoute, augmentent la concentration. C’est la raison pour laquelle des séances de méditation se développent également en entreprise, en hôpital, en prison…

Quels conseils donner pour apprendre à méditer au quotidien ?

Observer ses pensées, apprendre à notre esprit où porter notre attention, selon nos préoccupations. Être au maximum à l’écoute de nos cinq sens pour se révéler plus sensible au monde qui nous entoure. S’arrêter régulièrement, tous les jours, ne fût-ce que quelques minutes, et observer comment on se sent. Porter attention à son corps et à son souffle, la respiration étant un excellent baromètre de notre état.

Quels sont les moments à privilégier ?

On peut s’adonner à la méditation à n’importe quel moment de la journée. Le matin, elle aura un influx bénéfique sur la journée. Le soir, avant de dormir, elle affectera positivement la qualité du sommeil. Mais elle est tout aussi bénéfique avant des moments importants : réunion de travail, résolution d’un conflit… On peut aussi méditer en marchant, dans la nature. La marche en pleine conscience est un très bel exercice. Manger en pleine conscience également, juste deux minutes, permet de sentir et savourer son aliment. 

Un film à méditer

Il pleut à verse et pourtant il marche, avec ses disciples, dans le silence. La méditation marchée est plébiscitée en mindfulness. Tich Nhat Hahn en est un de ses maîtres les plus respectés et les plus populaires dans le monde. Dans le documentaire Walk With Me, sorti sur nos écrans ce 27 septembre, on suit la communauté qu’il a fondée en 1982 au Village des Pruniers en France. Moines et nonnes y vivent réunis en plusieurs hameaux. Nonante minutes de gestes simples, de sourires et de compassion où on dévoile, peu à peu, le cheminement intérieur de quelques-uns des membres. À noter, en voix off, le comédien britannique Benedict Cumberbatch, pratiquant lui-même la méditation, qui cite des extraits du journal du maître.

www.walkwithmefilm.com, www.villagedespruniers.net

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