Peut-on réellement se fier à Yuka ?

S’il y a bien une application qui est devenue quasi indispensable à de nombreux consommateurs, c’est celle-ci : Yuka, l’application qui déchiffre les étiquettes de nos produits et leur attribue une note de confiance. Mais peut-on s’y fier les yeux fermés ? On fait le point !

Par Anissa Hezzaz. Photos : Unsplash. |

Ces dernières années, on a vu fleurir un nombre incalculable d’applications mobiles destinées à nous faciliter le quotidien et à offrir aux consommateurs, soucieux de leur santé, plus de transparence. En 2019, celle qui a fait parler d’elle, c’est l’application Yuka. Celle-ci décrypte les substances indésirables contenues dans les produits alimentaires et cosmétiques et attribue ainsi à chaque produit un score allant de 0 à 100. L’idée ? Savoir si un produit est bon ou non pour notre santé et aider le consommateur à y voir plus clair en déchiffrant les étiquettes.

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Un produit qui est bien noté présente généralement un score compris entre 75 et 100 et affiche une pastille verte. Pour un score entre 25 et 49, la pastille prend une couleur orange et la mention médiocre s’affiche ensuite. Entre 0 et 24, la pastille devient rouge et Yuka indique alors qu’il s’agit d’un “mauvais” produit pour notre santé. Dans le cas où le score affiché serait dans le rouge ou l’orange, l’application propose alors de meilleures alternatives. L’aspect pratique de l’appli séduit aussi tous les utilisateurs qui en quelques secondes après-avoir dégainé leur téléphone peuvent savoir s’ils peuvent ou non se fier à un produit en scannant simplement le code-barre. 

Si à l’origine l'application accompagnait principalement les consommateurs au supermarché pour les aider à remplir leur caddie avec des produits sains, désormais, Yuka a un avis sur toute une panoplie de produits, à commencer ceux que l’on retrouve dans la salle de bain.

Un déodorant bien noté retiré du marché

Les cosmétiques sont donc également passés au crible. Parmi les cosmétiques les mieux notés, on y retrouvait notamment le déodorant végan Nuud certifiés “Plastic negativ”, avec une note de 100/100. Ce même déodorant recommandé par toutes les influenceuses, dont Nabilla, vient pourtant d’être retiré du marché ce 6 septembre par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).

D’après l’ANSM, sa formule grasse pourrait être à l’origine d’effets indésirables : “la forme galénique du déodorant, une pommade majoritairement grasse, favoriserait l'obstruction des pores des aisselles avec la possibilité d'une surinfection microbienne, par un effet occlusif”. L’ASNM ajoute toutefois que ce n’est pas la composition des déodorants qui est remise en cause. En effet, les déodorants Nuud se composent uniquement de produits naturels, d’où la confusion par Yuka de le mettre en tête des produits cosmétiques les plus sûrs. Si Yuka peut nous aider à décrypter les ingrédients contenus dans nos aliments et dans nos cosmétiques, l’application ne peut être fiable à 100 %.

L'outil séduit par son aspect pratique et grâce à sa facilité d’utilisation, mais il pose pourtant de plus en plus question. En effet, depuis toujours, le système de notation de Yuka est remis en question par de nombreux professionnels de la santé. Car, même si Yuka se base sur différentes sources fiables, tels que l’Open Food Facts (OFF), le Nutri-Score, l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments), l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer), les labels bios "AB" (France) et "Eurofeuille" (Europe), Yuka a tendance à ne pas faire la part des choses sur de nombreux points, altérant parfois la qualité d’un produit. Yuka met par exemple sur le même plan les ingrédients potentiellement nocifs, additifs, allergènes et irritants. Un produit de soin légèrement parfumé par exemple, se verra d'emblée moins bien noté, ce qui est le cas de nombreuses crèmes de soin, alors que si vous n'êtes pas allergique au parfum, ce produit peut s'avérer être excellent pour votre peau. a temperer, donc.

De plus, Yuka flirte parfois avec des présomptions, mettant en avant les produits bio par exemple, qui sont généralement qualifiés comme "plus sains". Or, ce n'est pas toujours le cas, car comme l'expliquait Test Chats dans un dossier consacré à ce sujet "des olives bios, par exemple, sont mieux cotées même si elles sont beaucoup plus salées que des non-bios. A qualités nutritionnelles égales, du miel non-bio (30/100) est qualifié de "médiocre" par rapport à son équivalent bio (60/100) décrété "bon". Alors si Yuka peut rester un outil permettant plus de transparence, et vous permet d'identifier vos allergènes si vous êtes allergiques, l'utilisateur lambda se doit avant tout d'être vigilant et alerte avant de se refuser un produit. 

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