Pourquoi finir un livre nous déprime ?

Vous avez tourné la dernière page de votre livre et vous vous sentez déjà déprimé à l’idée de quitter ces personnages et cette histoire qui vous passionnait tant ? C’est normal et c’est plutôt bon signe !

Par Tiffany Sales. Photo : Pixabay. |

Au gré de vos lectures, il arrive parfois que vous tombiez sur une véritable petite pépite. Un roman que vous n’avez pas envie de lâcher tellement ce dernier vous prend aux tripes. Mais voilà qu’une page se tourne, la dernière. Ce moment que vous aviez tant redouté est arrivé : la fin. Et vous ressentez déjà une certaine tristesse à l’idée de quitter ces personnages et cette histoire. Mais comment expliquer ce petit coup de blues à la fin d’un livre ?

Tout d’abord, rassurez-vous, ce phénomène est connu des psychologues et ne présente rien d’alarmant. « C’est normal et c’est bon signe » comme l’indique l’addictologue Stéphanie Ladel, addictologue dans une interview accordée à Huffington Post.

La spécialiste a interrogé près de cinquante personnes et la quasi-unanimité a répondu « oui » à la question « Vous est-il déjà arrivé de vous sentir complètement abattu après avoir fini un bouquin (ou même toute une saga) ? ».

Un deuil

« Les mots employés pour décrire les sensations que provoque la fin d'un livre sont très forts. 'Deuil', 'chagrin d'amour', 'rupture'... Ce n'est pas anodin comme champ lexical », explique-t-elle. « En quelque sorte, le lecteur éprouve du plaisir dans la lecture, va chercher ce plaisir en lisant un bouquin, il s'abandonne. Puis, quand l'histoire est finie, c'est la descente. Le lecteur est triste, perdu, il ressent un manque ». Toutefois, Stéphanie Ladel assure qu’il ne s’agit en aucun cas d’une forme d’addiction. Bien qu’il y ait quelques similitudes, il n’y a ni accoutumance, ni effets secondaires physiques et encore moins de culpabilité d’avoir consommé.

En réalité, le lecteur ressent cette tristesse car il a de l’empathie et qu’il s’est attaché aux protagonistes comme s'il les connaissait et qu'ils étaient réels. « Il ressent cette perte parce qu'il a eu accès à l'intime des personnages, il a été plus proche d'eux qu'il ne pourra jamais l'être avec quelqu'un de vivant, puisqu'il a accès à tout, leurs pensées, leurs envies, leurs peurs », développe la spécialiste.

Dans des rares cas, cependant, les lecteurs peuvent sombrer dans une tristesse profonde, entraînant parfois de vraies dépressions. C’est ce qu’on appelle le « Bovarysme », du nom de la célèbre œuvre de Flaubert, « Madame Bovary », où cette dernière, est complètement déçue par sa vie, bien loin des romans dont elle s'était nourrie étant jeune.