Vilain : le restaurant loin de l'agitation des grandes villes

Direction Mont-Sur-Marchienne, en terre carolo, où une jolie maison bourgeoise abrite Vilain : un restaurant avec des assiettes à partager, où nous nous sommes régalés. 

Texte et photos : Florence Hainaut et Carlo de Pascale |

On a souvent tendance à considérer, en matière de bien manger, que “ça se passe” à Anvers, Gand, Bruxelles. Mais aussi, souvent, chez de grands artistes qui se posent au milieu de nulle part, dans de belles campagnes, comme L’air du temps ou La Table de Maxime, faisant de leur lieu-dit une vraie destination. Heureusement, le lieu n’est pas tout, loin de là, d’autant qu’en matière de manger bien, quelque chose “ne se passe” que quand ça se passe vraiment dans nos sens, quand on sent la véritable intention du chef, de la cheffe, du service, de nous emmener dans un plaisir vrai, qu’ils se sentent pousser les ailes de la créativité ou qu’ils cherchent à nous régaler de manière plus classique.

Cette longue intro, pour vous dire que ce “biais cognitif” (merci Florence de faire mon éducation aux sciences humaines) aurait pu nous faire trébucher au moment de demander à Waze de nous emmener à Mont-sur-Marchienne, chez Vilain. Parce que ce n’est pas faire offense au Pays noir que de dire que la rue Paul Pastur n’est guère un modèle d’urbanisme, et on ne s’y attend pas au dynamisme des ruelles de Marseille ou du centre d’Anvers, niveau gastronomie. Oui mais, une jolie maison bourgeoise en retrait, où l’on s’attendrait à trouver un restaurant compassé avec des nappes bien repassées, nous invite à franchir les portes de ce que l’on appelle chez nous, une maison de maître, ou peut-être... d’ingénieur des mines. Elle abrite Vilain, non pas parce que c’est mal ou moche, mais parce que le vilain, au Moyen Âge, c’est l’homme, le paysan, libre, libéré de la servitude.

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Oui, nous allons encore vous parler d’un restaurant avec des assiettes à partager. Oui, c’est une tendance mais, amis lecteurs, qui n’a d’intérêt que si ce que l’on mange est bon, très bon. Notre kif est, restera, très simple : bien manger, passer un bon moment, avec un service agréable. Ça paraît simple, et pourtant, ce n’est pas si souvent, et chez Vilain, il y a du niveau. La maison est belle, la déco s’y glisse un peu au chausse-pieds, on est entre le moderne-actuel et le chargé, Florence me suggère de me consacrer à la carte, aux assiettes, à la commande et d’abandonner toutes velléités d’avoir des avis tranchés sur les décors.

Dans l'assiette 

On est quatre convives. Ce sont des assiettes posées à table à partager, autant tout commander, tout partager, c’est moins compliqué. D’ailleurs, c’est marqué sur le menu, dès qu’on est quatre, prenez tout ! Tout, c’est neuf assiettes, ce qui ce soir-là, fait un menu total de 156 € (si j’y ajoute quatre desserts). Florence s’énerve à me voir faire des comptes d’apothicaire, mais c’est juste pour casser ce mythe qui veut que “à partager” égale “rien à bouffer” et “en plus, c’est cher”. Or, on commence à en avoir fait une pelletée, de restos de sharing food, et le constat est toujours le même : c’est certes moins policé qu’un menu menu,mais ce n’est jamais plus cher, plutôt moins.

Et surtout, ici, c’est bon, sacrément bon. Il y a des plats plus faciles, plus “aguicheurs”, comme ce carpaccio maturé de vache Holstein, graines de moutarde, peu cuisiné, mais percutant, le poulet frit (on en mange de ces temps-ci, du poulet frit), mais il est ici bien joyeux de se faire escorter d’épices cajun.

Il y a des envois bien plus cuisinés, travaillés, contrastés comme ces poireaux caramélisés, des joues de lotte à la très juste cuisson, du haddock salé-fumé, un paejon, crêpe coréenne croustillante, ou encore cet agneau effiloché. On se revendique chez Vilain : terroir, locavore, artisanal, et si la locavorité est loin d’être totale (est-ce si nécessaire, à vous de juger !), le produit est bon, le travail est là ! Un exemple au hasard, tenté-je d’expliquer à Florence pendant qu’elle gobe tout le poulet frit, c’est les poireaux caramélisés. Ils sont caramélisés, et fondants, juste moelleux mais avec encore de la structure.

Au niveau des desserts, on en revient plutôt au “pas à partager”, même si personne ne vous empêche de plonger votre cuillère dans l’assiette du voisin. Des desserts de cuisinier, définitivement, fondant au chocolat plutôt ganache (nous, on préfère) avec glace vanille turbinée minute, poires au miel, crème et crumble (un truc qui fonctionne à tous les coups : un fruit cuit, une crème, un croustillant). Et dans les verres ? Les vins sont ici nature, bio-dynamiques et on salue ce choix. Florence admettra que des vins nature non “provoquants” comme c’est le cas chez Vilain, c’est très bien aussi. Les cocktails sont également ici très réussis.

 

Verdict 

L’addition s’envolera un peu ce soir-là, entre cocktails, vins et digestifs (belle carte de rhums), rassurez-vous, nous avions une Bobette intégriste parmi nous. Nous atteindrons les 90 € p/p, mais nous l’avons cherché ! En conclusion, Vilain n’a besoin de personne pour faire savoir que sa cuisine résonne, il vous faudra de la patience pour réserver. Mais surtout, ce restaurant s’inscrit avec force dans le paysage carolo, wallon, belge. Il y a tout ici pour en faire un incontournable local et un lieu de destination !

En pratique : 

Où ? 365 avenue Paul Pastur, 6032 Mont-sur-Marchienne, vilainrestaurant.be

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