Canetta, le vin nature qui se décapsule
On les croise depuis quelques années sur les étals des rayons de supermarchés, sans se laisser facilement convaincre pour autant. Les vins en canette se déclinent du rosé Grenache Pink Flamingo au vin blanc pétillant Codorníu. Parallèlement, de nouvelles marques audacieuses sont en train de voir le jour. Avec leur esthétique léchée et leurs recettes travaillées, elles entendent dépoussiérer nos vieilles habitudes de consommation. Il y a la marque belge The French Kiss Club pour ne citer qu'elle, présente depuis un moment chez nous. Quant au petit nouveau qui nous fait de l'oeil, il se surnomme Canetta. La marque qui a bombardé un marketing bien rôdé sur les réseaux et dans les médias, vient d'arriver dans la capitale.
Preuve qu'elle n'est pas qu'esthétique, mais goûtue aussi, on la retrouve chez Titulus. Cet espace polymorphe, à la fois caviste, épicerie fine et bar à manger, s'est installé au coeur de cet endroit que l'on surnomme aussi le Quartier du Rideau il y a quelques années, entre Kitchen 151 et Le Tournant. Il s'agit de la première adresse à proposer ce nouveau vin en canette, avec Jacq's, le resto de croques délicieux mais surtout ultra régressifs au fromage dégoulinant. Derrière ce nouveau vin nature qui se décapsule, on retrouve le tandem créatif Luca Pronzato, sommelier et fondateur du collectif de Chefs WE ARE ONA, et sa compagne Clara Cornet. Au menu, un rouge, un blanc et un rosé. Dans un tout nouveau format de 187 ml de vin vivant, soit un verre et demi. Quant aux vignerons faisant partir du projet novateur, ils sont Catalans et travaillent tous avec des raisins locaux, et avec le moins d'intervention œnologique possible. Seul bémol, son prix. Comptez tout de même en moyenne entre 5,80 € et 7,90 € la canette (donc pour un grand verre de vin).
3 choses à savoir sur les bulles selon le caviste Francis Boone :
Le vin en canette, oui ou non ?
Boire son vin en canette est-il une véritable hérésie ou la nouvelle tendance à suivre sous peine de se prendre un douloureux "OK Boomer" en pleine poire ? Récemment, nous faisions se confronter deux experts en vin pour leur demander leur avis sur cette nouvelle lubie controversée. Et il semble que les avis divergent, même parmi les grands connaisseurs. D'un côté, le vin en canette se présente comme une alternative à la fois pratique et écologique. La production d’une canette consomme moins d’énergie que celle d’une bouteille en verre, son transport émet moins de CO2 car l’aluminium est plus léger, et il est recyclable à l’infini. Mais elle évite aussi le gaspillage, puisqu'elle ne contient en moyenne que deux verres de vin au lieu d'une bouteille entière. Elle permet aussi de conserver la chaleur du vin et d'éviter l'oxydation grâce à son contenant métallique. Seul bémol, il s'agit de vins jeunes voués à être bus directement et non à vieillir en caves ou en barriques. "C’est toute la finesse et la subtilité du breuvage que l’on perd", témoignait le caviste Simon Pirard à ce propos.
Les fondateurs de Canetta expliquent quant à eux que la canette est sans doute l’un des contenants les plus adaptés à la conservation du vin nature : "le vin bio est souvent fait pour être consommé l’année de production ou la suivante. La canette permet de garder la fraîcheur du vin, il n’y a pas d’oxydation, il n’y a pas de contact entre l’air et le liquide. Quand il rentre en canette, le vin ne bouge plus, il est figé dans le temps. Il est vivant à l’entrée, il reste vivant à l’ouverture". La canette stabilise dès lors le vin grâce à son côté hermétique et opaque. De plus, le vin a l’habitude d’être en contact avec le métal puisque la majorité des vinifications sont faites dans des cuves en acier inoxydable. Quant à la canette Canetta, elle est pourvue d’un revêtement intérieur spécialement créé pour le projet qui assure la qualité du produit et garantit par ailleurs un impact écologique moindre tout en facilitant son recyclage. Plus écolo et pas d'altération du goût selon les professionnels donc. Ne reste plus qu'à goûter pour se faire son propre avis. Le conseil avisé d'Éric Boschman : boire son vin dans un verre malgré tout, et pas directement en canette, comme en bouteille en fait.
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