Chandigarh, le restaurant indien qui manquait cruellement à la capitale

Souvent déçu par  les restaurants indiens de  la capitale, c’est avec délice que j’ai découvert le Chandigarh  et ses mélanges de saveurs  qui ont fait voler en éclats tous  mes préjugés !

TEXTE ET PHOTOS : FLORENCE HAINAUT ET CARLO DE PASCALE |

J’ai beau tenter d’être un peu professionnel, de ne pas me laisser influencer par de ridicules préjugés, j’ai dû demander trois fois à Florence où elle m’emmenait en ce soir de semaine du mois de mars. Chandigarh ? Mais oui, Carlo, un restaurant indien, végétarien ; j’en ai entendu beaucoup de bonnes choses, c’est du côté du parlement, près de la colonne du Congrès. Assez d’infos pour transformer mes baskets en chaussures de plomb. Pourtant, ce mercredi soir, parce que j’ai toujours confiance en ma consœur de restaurants et malgré un léger manque d’entrain donc, me voilà dans le bus 63, au sortir de mes cascades télévisuelles, pour rejoindre ce restaurant qui se fait une spécialité des thali indiens végétariens.

La vidéo du jour :

Le lieu

Mais pourquoi ce léger manque d’entrain ? D’une part, je suis souvent déçu par les restaurants indiens de la capitale (s’il ne fallait pas faire un passeport, et si ça ne coûtait pas un mois de salaire, j’irais bien manger indien à Londres tous les samedis), même si rappelons que récemment nous avions été conquis, Florence et moi, par Ganesh, rue du Bailli à Ixelles. Ensuite, même si j’aime beaucoup l’architecture “petit Paris” de ce que j’appelle notre “quartier des libertés fondamentales”, je trouve ce petit morceau du Pentagone peu attrayant en soirée. Les restaurants y sont (y étaient ?) très vivants le midi, les bistrots, animés à l’heure de la sortie des fonctionnaires, mais le soir, ça ne revit que depuis que le Cirque Royal a repris le business.

J’ajoute à cela que, arrivant le premier dans ce lieu peu fréquenté à 20 h pile (mais la moitié des clients s’expriment dans des idiomes, qui font penser qu’ils viennent du sous-continent indien), l’impact visuel ne m’emballe pas au premier abord, la suite montrera qu’il s’agit de pure ignorance. Immeuble années 50, design intérieur en style moderniste : l’ensemble me paraît un peu froid, limite cantine. Ce n’est qu’après m’être un peu renseigné que j’apprendrai que la ville de Chandigarh a été un vrai terrain d’expression de l’architecte Le Corbusier et que le design du restaurant, qui rend hommage à la ville en question, est, de fait, assez réussi dans son évocation. Cela m’apprendra à me draper dans mon ignorance. En effet, un restaurant indien n’a pas à se déguiser dans des oripeaux évoquant le pays de manière touristique, pas plus qu’on attend d’un restaurant grec de s’orner de colonnes doriques.

Le menu

Il est simple, avec une belle carte de cocktails qui promettent une  indian touch d’épices, des petits apetizers et le thali. Le week-end, il y a un brunch. J’attaque avec un heart-throb of Chandigarh, whisky indien, calvados, St-Germain à la cardamome (13 €) , ce cocktail délicat et puissant m’accompagnera pendant tout le repas. Idem pour Florence qui choisit un well balanced gin tonic, impeccable de classicisme.

Un seul choix à la carte ou presque, le thali (28 €), mais celui-ci est composé de multiples plats selon un protocole assez courant en Inde. On vous apporte un grand plateau en métal, dans lequel se trouvent de petits contenants, métalliques également, dans lesquels il y aura au moins un curry, un dahl de lentilles, un chutney, des pickles, une sauce raïta, du riz (Florence me précisera que le riz, en Inde, c’est surtout pour les Occidentaux, les Indiens préfèrent le pain) naans, papadums (pains moelleux et croustillants, dans l’ordre), bref, littéralement, une abondance de saveurs, de couleurs et de textures, pour parler “chroniqueur”.

Mais avant, on se régale d’une petite entrée qui n’a l’air de rien comme ça et qui se révèlera délicieuse. Des pakoras (4 €), beignets de légumes dans une pâte de farine de pois chiches, le ton est donné : bon, très bon ! Arrive le thali et toutes mes barrières de préjugés fondent comme une glace sur la plage de l’île d’Elbe. Saveurs, entre piquant léger et doux, épices et assaisonnements parfaits, couleurs, riz cuit à la perfection, papadums croquants, naans moelleux à me faire oublier la focaccia pour l’éternité, on vole d’un petit pot à l’autre sans se fatiguer, et surtout en toute légèreté. Fromage paneer, petit cake à la noix de coco sous une sauce exquise, j’en oublie le nombre de saveurs. “J’afonne” même le dahl de lentilles alors que ce n’est d’ordinaire pas ma tasse de thé.

Le service est gentil et attentionné (et uniquement anglophone, ce qui nous convient parfaitement, d’autant que la commande est simple, on prend un thali, thats’it !) L’appétit nous manquera, exceptionnellement, pour un dessert, mais la prochaine fois, sans faute nous nous laisserons séduire par un kulfi à l’eau de rose.

L'adresse ? 63 rue de l’Enseignement, 1000 Bruxelles - T. 02.308.30.05. www.chandigarh.be

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