Comment devenir créatrice de bijoux du jour au lendemain ?

Gros plan sur cinq entrepreneuses qui ont décidé de bouleverser leur quotidien et faire de leur passion pour les bijoux leur nouveau métier.

Par Marie Honnay. Photos D.R., Unsplash. |

Les bijoux haute fantaisie de Sophie Trigallez (So by So Jewels)

Il y a deux ans, cette créatrice installée dans le Brabant wallon a changé de vie en lançant sa marque de bijoux de haute fantaisie.

Le déclic ?  Des ennuis de santé, couplés à une immense fatigue, m’ont contrainte à mettre ma vie en mode pause et à réfléchir à la manière dont je souhaitais poursuivre mon parcours professionnel. Je travaillais déjà dans la mode, mais pas dans la création. Depuis longtemps, je rêvais de bijoux, mais ce n’est que lorsque l’amie d’une amie – elle-même créatrice - m’a offert un pendentif, que j’ai eu envie de m’y mettre à mon tour. J’ai réalisé une première pièce pour moi. Puis d’autres pour des copines et tout s’est enchainé très vite.
Le vrai démarrage: au début, je ne postais que rarement des photos de mes créations. Pendant le confinement, les femmes qui s’ennuyaient chez elles ont commencé à s’intéresser à ma page Facebook. J’avais le temps de fabriquer plus de bijoux, mais aussi d’en publier plus sur les réseaux sociaux. En 2019, j’ai choisi de me consacrer totalement à cette nouvelle activité. Le nom et le logo sont arrivés un peu par hasard. C’est une copine qui m’a aidée. Quand j’ai débuté, je n’ai pas vraiment échafaudé de stratégie.  J’avance pas à pas. Pour l’instant, ma priorité, c’est le lancement de mon e-shop, le complément indispensable des ventes privées et des marchés de créateurs.
Un style qui la définit : je travaille avec des pierres semi-précieuses : la base de toutes mes créations. C’est d’ailleurs leur couleur qui fait le lien entre les différentes saisons. En été, plus qu’en hiver, j’adore utiliser l’amazonite verte. Ma pièce la plus emblématique, c’est le sautoir So, ajustable et rehaussé de perles d’eau.

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En vidéo, la tendance du hair oiling :

Marie Wauters (Elicha) : une récréation avant tout

En décembre 2020, après des années à en rêver, cette amoureuse des bijoux classiques a lancé sa marque, Elicha, ainsi baptisée en hommage à Élise et Charles, ses deux enfants. Une belle histoire de famille.

Le déclic ? J’ai toujours rêvé de créer des bijoux. A 12 ans, quand mes grands-parents m’ont offert mon premier bracelet, j’ai dessiné une pièce qu’ils ont fait réaliser sur mesure. Mais c’est à la mort de mon père que j’ai réalisé l’importance de ne pas passer à côté de certains rêves. Je ne voulais pas finir ma vie avec des regrets. Un matin, en me réveillant, j’ai décidé que c’était ‘maintenant ou jamais.’. Jusque-là, j’associais l’univers des bijoux à un monde très codifié auquel je ne pourrais pas avoir accès. J’étais convaincue que j’étais déjà trop vieille et que je n’aurais pas le cran. Passionnée de pierres, j’ai souhaité, à l’âge de choisir mes études, me former en gemmologie. Mes parents ont préféré que je me dirige vers un cursus plus classique. Aujourd’hui, je travaille comme attachée de presse dans le registre de la beauté. Les bijoux, c’est ma récréation, une activité à laquelle je consacre mon temps libre et mes week-ends.
Le vrai démarrage ? Un jour, j’ai découvert que la sœur d’une amie avait entamé des cours de gemmologie. J’ai ressenti une telle frustration que j’ai compris qu’il était temps de me lancer. Pour les pierres, je me fournis en Inde où j’ai déjà constitué mon petit réseau et à Anvers. Pour la fabrication des pièces, j’ai eu la chance de croiser la route d’un artisan-joaillier belge, cousin de mon mari, qui se charge de réaliser chaque bijou à la main. Si mon style est plutôt classique et intemporel - je ne travaille que l’or - j’affectionne particulièrement les pierres colorées comme la tourmaline (dont les fameuses pastèques aux reflets tricolores), l’aigue-marine et le saphir qui donnent de la profondeur à mes bijoux.
Un style qui la définit : j’ai dessiné mes premiers bijoux pour moi. Je pense qu’ils me ressemblent. Avant de lancer une pièce, je vérifie qu’elle soit agréable à porter. Il s’agit toujours de petites séries ou parfois de pièces uniques qui répondent à des commandes spécifiques. Chaque bijou porte le nom d’une île comme le médaillon Paros, un disque en or jaune dans lequel j’intègre une pierre ou un diamant. Je suis également très attachée à la bague ovale Seychelles sertie d’une aigue-marine, ma toute première création.

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Kim Jacob, l'autodidacte inventive

Cette jeune trentenaire, maman de deux enfants, a profité d’un licenciement pour changer de vie et se consacrer à la création et la fabrication de bijoux. Less is More, sa première collection, a été suivie par d’autres au charme très personnel.

Le déclic ?  Quand j’ai découvert par hasard qu’il existait une formation en bijouterie, je travaillais avec mon compagnon dans notre bar à Grimbergen. J’ai trouvé par après un autre job, que j’ai perdu suite à la pandémie. Dans l’intervalle, un peu lassée du côté peu créatif de ce type d’activités, j’avais fini ma formation et démarré mon business. J’ai décidé de lancer ma boutique en ligne, puis de me consacrer totalement à ce nouveauté métier d’artisan-bijoutier.  Mon atelier est basé à Meise dans un espace qui fait aussi office de boutique. »
Le vrai démarrage ? Après m’être formée aux techniques de base, j’ai lu pas mal d’ouvrages et je me suis formée sur Internet. Ce qui me passionne dans le métier, c’est de choisir les matières (je suis une passionnée de pierres, de diamants noirs et de perles aux formes irrégulières), puis de créer moi-même les pièces. Mon approche est assez minimaliste, mais derrière l’apparente simplicité de mes bijoux se cache un petit twist. J’adore aussi créer des pièces uniques ou personnalisées. »
Un style qui la définit : en décembre dernier, en marge de Less is More, ma première collection très minimaliste, j’ai lancé Rock, une ligne inspirée des cailloux que mon fils ramasse lors de nos promenades. Plaqués d’or ou d’argent, ces boucles, bagues, bracelets et pendentifs sont tous des pièces uniques. Ce printemps, à la naissance de mon second bébé, j’ai créé Flow, une série de bijoux dédiés aux mamans. J’ai développé une technique qui consiste à lyophiliser le lait maternel et à le mélanger à une résine pour en faire une pierre qui orne les bijoux de cette collection.

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Christine Alexandre (Maison Chris Alexxa), des bijoux précieux à partir de dessins

En 2011, cette Liégeoise - designer industriel de formation - a renoué avec ses premiers amours en choisissant de se consacrer à la création et à la fabrication de bijoux précieux.

Le déclic ? Les mois qui ont précédé la naissance de mon fils cadet, j’ai été obligée de rester couchée. Pour occuper mes journées, j’ai dessiné des bijoux. Dans un sens, rien de très surprenant. Depuis toute jeune, je cultive une passion pour les colliers, bagues et bracelets. Enfant, j’ai passé des heures face à la coiffeuse de ma grand-mère à observer le contenu de son grand coffret à bijoux. Après la naissance de Louis, j’ai réalisé ma première bague ; la Pollen dont la forme est aussi devenue mon logo. Sur le plan technique, j’avais encore beaucoup de progrès à faire, mais la machine était lancée. Juste après avoir lancé la marque, j’ai collaboré avec un fabricant français qui réalisait les bijoux en argent que je vendais au travers d’un réseau de multimarques : une centaine de boutiques en tout.
Le vrai démarrage ? Il y a six ans, à l’occasion d’un salon, j’ai réussi, non sans mal, à convaincre les artisans d’un atelier de fonderie de me former. Après m’avoir ri au nez, ils ont accepté de m’apprendre le métier. J’ai acheté les machines et commencé à fabriquer mes bijoux en moi-même. Cette approche m’a permis de réaliser des pièces en or et pierres de plus en plus sophistiquées et de me tourner vers le sur-mesure : une révélation. Aujourd’hui, je crée des bijoux, principalement des bagues, dans un atelier/boutique du centre de Liège où j’emploie quatre artisans-bijoutiers.
Un style qui la définit : je voue une passion sans borne aux pierres : quartz, tourmaline, rhodolite, rubis, saphir, aigue-marine... Je suis également obsédée par la beauté de la nature : une fleur à peine éclose, la nervure d’une feuille, une branche d’arbre…  Ces éléments donnent naissance à des pièces aux formes organiques, souvent irrégulières… Si je continue à proposer des pièces en argent, mes créations ont gagné en sophistication pour tendre vers l’artisanat de luxe. Et si une partie de mon travail consiste à rencontrer les clients et à créer, je compte sur notre prochain déménagement vers un espace plus grand, juste à côté de notre atelier/boutique actuel, pour me remettre à l’établi.

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Melissa Kandiyoti, du jazz aux bijoux inspirés par les voyages

Chanteuse soul jazz dans une première vie, cette créatrice aux racines orientalo-slaves excelle dans l’art de rendre l’exubérant élégant et le glamour portable au quotidien.

Le déclic ? J’ai toujours aimé chanter. Quand je vois des photos de ma fille, micro en main, à 4 ans, je me souviens avoir été exactement comme elle. Le chant, c’est ma première passion, mais un jour, à 29 ans, alors que j’étais enceinte de mon fils ainé, j’en ai marre du milieu de la musique. J’avais déjà commencé à créer des bijoux sur base d’anciens colliers de ma mère que je m’amusais à démonter, puis à assembler autrement. Depuis toujours, j’ai ce qu’on peut appeler un style atypique. Quand je craque pour un sac, c’est rarement un noir. Si vous achetez des bijoux de fantaisie, faut que ça claque. Sinon, à quoi bon ? Achetez plutôt des vrais. En 2001, en tandem avec une copine, j’ai commencé à fabriquer, puis à vendre des bijoux. Quatre ans plus tard, elle a choisi d’arrêter. J’ai donc poursuivi l’aventure seule.
Le vrai démarrage ? En Belgique, il n’est pas évident de trouver des artisans spécialisés dans la fonderie ou le sertissage. Alors, j’ai créé ma propre unité de production à Paris où j’ai vécu quelques années. Le reste (la création, la fabrication des prototypes, le suivi de production et la commercialisation), c’est moi qui m’en charge. Je distribue mes pièces dans des boutiques en Belgique et à l’étranger, mais quand je peux, j’adore participer à des popup et des ventes privées. Conseiller les femmes et les convaincre qu’elles peuvent porter des boucles-d ’oreilles pendantes et de la couleur, ça m’éclate.
Un style qui la définit : toutes mes collections sont inspirées de voyages. Celle qui me représente le plus et que je porte au quotidien, même la journée, c’est Marrakech. J’ai des origines turques par mon père et lithuaniennes par ma mère. Un jour, une prof de chant m’a dit que ma voix trahissait mes racines. Je pense que mes bijoux aussi. Pour moi, en termes de style, plus c’est grand, mieux c’est. Ce printemps, je lance deux nouvelles collections : Bora Bora et Acapulco, une ligne qui compte des boucles d’oreilles à plissé soleil que j’adore.

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