Dry January : est-ce vraiment efficace sur le long terme d'arrêter l'alcool durant un mois ?

Le principal reproche que l'on fait au Dry January est de durer un mois de façon intensive, puis de ne pas se prolonger toute l'année. Sauf que différentes études viennent prouver le contraire. 

Par Camille Vernin, Photo : Pexels |

Chaque année, c'est la même ritournelle. Après les excès des fêtes, on lave nos péchés comme on peut avec le mois sans alcool intitulé "Dry January". Un phénomène qui touche le monde entier ou presque, et qui a ses avantages et inconvénients. Le premier ? Nous pousser à une restriction intensive pendant un mois entier pour repartir généralement de plus belle le 1er février. Un phénomène que beaucoup essaient de contrer cette année en optant plutôt pour le Damp January, dont on vous parlait il y a peu. Le principe ? Une version moins extrême du Dry January qui consiste à ne pas totalement arrêter l'alcool, mais à se lancer le challenge de ne boire qu'un certain nombre de verres chaque semaine ou chaque mois. 

Des études viennent pourtant de démontrer que même après un Dry January intensif, nos efforts dureraient bien plus longtemps que nous le pensions. Celles et ceux qui participent au mois sans alcool en tireraient en réalité des changements durables dans leurs habitudes de consommation, et in fine des améliorations notables sur leur santé et leur bien-être. 

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Un retour aux mauvaises habitudes ? Oui et non

Bien sûr, la plupart de celles et ceux qui participent à ce défi de sobriété recommencent à boire par la suite, mais on observe un changement dans leur attitude vis-à-vis de l'alcool par la suite. D'abord, parce qu'un mois d'arrêt est suffisamment court pour paraître atteignable, mais suffisamment long que pour nous donner l'occasion d'adopter une nouvelle habitude. Comme refuser un verre en soirée malgré la pression sociale, ou perdre le réflexe de se servir automatiquement un verre de vin en rentrant du boulot, ou ne pas forcément se commander une bouteille au restaurant (et voir le changement sur l'addition). 

On acquiert donc une habitude, mais on observe aussi toute une série de changements immédiats sur son état physique et psychique : perte de poids, meilleur sommeil, amélioration de l'humeur, boost d'énergie, teint plus lumineux... Autant de bénéfices motivants qui nous poussent à vouloir continuer à boire moins sur le long terme. "Le message de punition se transforme en message d'encouragement", explique Richard de Visser au Washington Post. Ce psychologue à l'école de médecine de Brighton et Sussex en Angleterre et qui a étudié les effets du Dry January ajoute : "Au lieu de se faire sermonner par les responsables de santé publique qui agitent leurs doigts en disant : 'Ne buvez pas, c'est mauvais pour vous', les gens le font et déclarent : 'Je n'avais pas réalisé à quel point je me sentirais mieux'".

Apprendre à se contrôler

Dans une étude publiée dans la revue médicale BMJ Open, une équipe de chercheurs a recruté 94 hommes et femmes en bonne santé et prêts à renoncer à l'alcool pendant un mois. Ils les ont comparés à un groupe témoin similaire de 47 personnes qui continuaient à boire. Les deux groupes étaient composés de buveurs modérés à lourds, consommant en moyenne 2,5 verres par jour. Six à huit mois plus tard, le groupe qui était resté abstinent pendant un mois avait maintenu une "réduction significative" de sa consommation d'alcool, alors que le groupe témoin ne l'avait pas fait. Les chercheurs ont également déterminé que les habitudes de consommation du groupe abstinent étaient passées de "dangereuses" à "à faible risque", tandis que celles du groupe témoin étaient restées à peu près les mêmes.

Dans une autre étude similaire, Richard de Visser et ses collègues ont suivi des milliers de participants au Dry January pour voir si le défi entraînait des changements durables. Résultat ? Ils ont observé que les personnes ayant arrêté l'alcool au mois de janvier continuaient à boire beaucoup moins au mois d'août suivant. En moyenne, le nombre de jours où elles buvaient est passé de 4,3 jours par semaine avant le défi à 3,3 jours par semaine six mois plus tard. Non seulement leur habitude de consommation a diminué, mais la quantité d'alcool ingéré également. Avant le Dry January, elles s'enivraient en moyenne 3,4 fois par mois. Six mois après, ce chiffre était tombé à 2,1 fois par mois.

L'objectif du Dry January est donc moins d'acquérir une sobriété à long terme qu'un contrôle à long terme. "Il s'agit de comprendre vos déclencheurs subconscients, de les surmonter et d'apprendre à quel point il est bon de ne pas boire. Cela vous donne le pouvoir de choisir pour tout le reste de l'année", résume Richard Piper, directeur général d'Alcohol Change UK, l'organisation qui a littéralement lancé le Dry January.

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