Faut-il en finir avec les messages vocaux ?

Les messages vocaux sont un peu comme la coriandre ou la pizza à l'ananas, on les aime ou les déteste. Mais pourquoi les audios sont-ils autant controversés ? Témoignages de défenseurs ou de détracteurs, pour le meilleur et pour le pire. 

Par Audrey Morard. Crédit photo : Unsplash/Malte Helmhold |

Un outil de communication plus vivant

La petite notification WhatsApp vient de s'afficher sur l'écran de votre smartphone. L'emoji micro est visible à côté du logo vert de l'application. Vous l'avez compris, vous venez de recevoir un message vocal. Certaines personnes vont être ravies à l'instar de Romane, "les messages vocaux sont comme des podcasts. C'est plus rapide que d'écrire. C'est aussi plus fun et spontané"

Q'est-ce que le "busy bragging", cette mauvaise habitude qui ruine votre bien-être ? 

Emilie peut envoyer une dizaine d'audios par jour. "Les messages vocaux sont devenus une vraie habitude de communication pour moi. Ils effacent une certaine distance. Il y a les intonations, les mimiques, les tics de langage, C'est davantage vivant, c'est aussi ça qui me plaît". Dans les colonnes du Soir, Marie Dufrasne, professeure en information et communication (Université Saint-Louis), expliquait que "l'oralité laisse plus de place à l’émotion et à l’authenticité et donne en tout cas des messages perçus comme plus naturels, plus fluides". 

Les messages vocaux sont aujourd'hui entrés dans notre quotidien. Il n'est pas rare de croiser des personnes dans la rue ou les transports en commun avec leur bouche presque collée à leur GSM en train de raconter leurs dernières anecdotes à leurs proches, parfois à voix basse ou en hurlant. Dans un article de Terrafemina, Vanessa Lalo, psychologue clinicienne spécialiste des pratiques numériques, analyse pourquoi les audios ont autant de succès et arrivent même à détrôner le coup de téléphone traditionnel, notamment chez les jeunes de la génération Z : "L'appel est aujourd'hui de plus en plus considéré comme intrusif. Quand on reçoit un appel, il est souvent synonyme de mauvaise nouvelle ou d'intrusion, car il va durer deux plombes".

Les audios de la discorde

Certaines personnes n'arrivent cependant pas à surpasser leur peur du téléphone avec les audios. "Je déteste appeler cela m'angoisse, pour les audios, c'est pareil confie Clémence. Je ne sais pas si c'est parce que je n'ai pas confiance en moi, mais parler en audio demande autant d'énergie et de confiance que de s'exprimer à l'oral. Il n'y a aucun intérêt. En revanche, je peux en écouter".

Pour Sarah, c'est l'inverse. La Belge préfère envoyer des audios plutôt qu'en recevoir. "Ça m'énerve ! (rires). J'ai l'impression qu'on me donne plein d'infos en peu de temps sans rien retenir. Des personnes n'arrivent pas à résumer ce qu'elles veulent dire. D'autres laissent des blancs ou commentent ce qui est en train de se passer sous leurs yeux. Quand c'est un audio court avec une petite info, ça passe, mais cinq minutes, ça commence à devenir lourd".

Dans un article du journal suisse Le Temps, Olivier Glassey, chercheur en linguistique à l’Université de Lausanne précisait : "On a l’impression que notre temps ne nous appartient plus. C’est une prise de parole unilatérale où on force l’autre à nous écouter. On est pris en otage, on ne peut ni couper ni synthétiser le message". Elodie, une autre interrogée, confie : "Un audio peut presque être de "l'irrespect", car d'une certaine manière, la personne n'a pas le temps d'écrire, mais moi, je dois prendre le temps d'écouter l'audio". 

7 milliards d'audios envoyés sur WhatsApp

Emilie peut enregistrer des messages de 10 minutes "pour raconter ses week-ends" ou de 30 secondes "répondus du tac au tac". Les messages vocaux ont l'avantage d'être dans l'instantanéité et dans la praticité. On peut envoyer ou écouter un audio pendant que nous sommes en train de nous préparer pour une soirée, en sortant du bus ou sur le chemin du travail. Sur WhatsApp, Instagram et Messenger, il est possible de balayer son pouce vers le haut pour laisser l'audio s'enregistrer pendant que nous vaquons à nos occupations, les mains libres. Quand on demande aux accros des vocaux quelle est la meilleure application pour les écouter, ils nous répondent sans hésiter WhatsApp. La raison ? Nous avons la possibilité d'accélérer la vitesse du message à 1,5 et 2. Sept milliards de messages vocaux sont échangés sur WhatsApp uniquement. Soit environ 7% du total des messages échangés sur la plateforme.

Cette instantanéité présente toutefois des limites, même pour les plus fervents adeptes. "Nous ne pouvons pas toujours répondre et écouter, notamment quand nous sommes en public. On n'a pas l'info en direct au contraire d'un message écrit. On se demande alors s'il s'agit d'une urgence, si le message mérite d'être écouté le plus rapidement possible. L'audio est une autre forme de communication intéressante, mais malgré tout, il ne remplacera jamais les messages écrits". 

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