Harvest, encore imparfait mais une adresse à suivre

Un soir pluvieux, les boucles en berne et l’envie de mariner dans une soupe à l’oignon gratinée, nous débarquons chez Harvest, dans le cœur historique de Bruxelles. À deux pas de Sainte-Catherine, la toute petite Place du Samedi est un havre de paix et un écrin à grandes terrasses pour jours ensoleillés. Mais pas ce soir, il douche !

PAR FLORENCE HAINAUT ET CARLO DE PASCALE. PHOTOS D.R. |

Le lieu

Grande salle, déco aux accents scandinaves, carrelages noir et blanc au sol, lumières joliment tamisées mais qui ne nécessitent pas d’allumer la lampe de poche sur son smartphone pour voir ce qu’on mange. On y est plutôt bien.

Aux fourneaux, Timazrib Moh, qui a survécu à une collaboration avec le tempétueux chef français Marc Veyrat ; le garçon est donc plutôt du type résistant. Aux bouteilles, Erwan Mevel, un biologiste passionné par le vin. Harvest, c’est leur bébé.

Le menu

À la carte, 4 entrées, 5 plats et 3 desserts, à chacun de composer selon la taille de son estomac et son envie. Prix : de 26 € pour le plat à 39 € pour le 3 services, ce qui est quand même gentiment imbattable pour de la cuisine de qualité. Et, malgré quelques bémols, c’est exactement ce qu’on a mangé ce soir-là.

En mise en bouche, une saint-jacques mi cuite, polenta à la truffe, bisque de homard. C’est autre chose que des kroepoeks. Et c’est parfait. "Le type qui fait ça, il sait cuisiner", conclut Carlo, pas facilement impressionnable. Et dans un menu à moins de 40 €, on peut dire que c’est classieux comme entrée en la matière.

Originalité de la carte, en plus de celle des vins, pour chaque plat il y a une suggestion. "Le wine pairing jusqu’au dessert, ça, ça m’excite", s’émoustille mon voisin de table. Sa cadette, qui sirote son eau pétillante, le regarde avec toute la commisération adolescente dont elle est capable. Son humeur se réchauffera nettement en goûtant ses gyozas à la queue de bœuf et au foie gras, qui sont à bas mot monumentaux.

Je prends l’œuf mollet frit, tombée d’épinard, espuma de pommes de terre à la truffe en sirotant un Côte chalonnaise, Montagny 1er Cru Symphonie 2016 du domaine Berthenet, et Carlo se demande s’il n’a pas eu les yeux plus gros que la tête en choisissant le chou farci de volaille et duxelles de champignons, jus fumé. C’est généreux. Et vraiment parfaitement exécuté.

Le vin

Pour nos plats, nous faisons confiance au sommelier qui nous sert un verre de vin de Majorque, dont le nez est merveilleux : il sent en effet la muscade. Il ne serait pas nature ? "Le nature, c’est pas mon délire", nous dit-il. Carlo me file un coup de pied sous la table : c’est mon délire à moi. Cela dit, même si le vin est plus classique que dans mes rêves, il fait le job, Erwan Mevel n’est pas un débutant. On aura d’ailleurs largement le temps d’en profiter, les plats mettront presque une heure à arriver. Une minute de plus et l’enfant démontait le décor. Pas de bol, nous sommes venus le premier jour du nouveau menu et l’équipe manquait un peu de rodage.

C’est avec un plaisir non feint que nous voyons enfin arriver le râble de lapin pané à la moutarde de Gand et aux noisettes concassées, mousseline de Charlotte (raaaaah, lovely), le gigot d’agneau aux fèves des marais, gratin de pommes de terre et tomates semi- séchées et la lasagne aux légumes oubliés. "Papa va encore dire que le type qui fait ça sait cuisiner", commente la petiote qui mâchouille son agneau, hélas un peu élastique.

Il faudra négocier ferme avec elle pour prendre un dessert, elle dort à moitié sur la banquette. La pannacotta aux fruits de la passion se laisse manger avec plaisir et le moelleux au chocolat, classique parmi les classiques, est, comme on dit, de fort belle facture. Même si la vue des groseilles en déco provoque un hoquet: avouez que c’est pas ultra utile de faire prendre l’avion à un fruit qui n’est là que pour faire joli.

Le verdict

Difficile de vous décrire l’idée derrière ce restaurant, on n’a pas très bien compris le concept. Bistronomie ? Un peu mais pas que. Cuisine du marché, comme on a pu le lire parfois ? Bof, ce n’est pas vraiment la saison des fèves des marais. Reste que c’était un repas vraiment bon, à des prix super corrects, dans un décor particulièrement joli. Que demande le peuple ?

Harvest. Place du Samedi 14, 1000 Bruxelles. Ouvert midi et soir du lundi au vendredi et le samedi soir. T. 02 781 07 27, www.harvestrestaurantbruxelles.be.

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