Les analyses vont bon train sur l’obtention des étoiles, quelle est leur véritable valeur, qui mérite ou ne mérite pas ces récompenses... Mais au final, que penser de tout cela ? Nous avons demandé à Carlo De Pascale ses impressions à l’issue de cette cérémonie afin de savoir ce que cela nous apprend sur la gastronomie dans notre pays.
Quel est le secret du jeune étoilé Mallory Gabsi pour des frites parfaites ? La réponse en images :
Chaises musicales
Après les nombreuses polémiques en France, le palmarès belge est bien plus consensuel d‘après Carlo. « Une pluie de restaurants obtenant une étoile (16 au total), c’est un stratégie payante pour le guide ! En effet, c’est une distribution de récompenses "faciles" à octroyer, cela fait bouger les lignes, donne le sourire à toute une série de chefs et créée une belle dynamique, sans attirer de jugement de valeur ou de commentaires négatifs. » Que penser de cette petite récolte de doubles et triples étoiles ? « Cela nous laisse un peu sur notre faim évidemment, pourtant cela se comprend : il est bien trop tôt pour décerner quoi que ce soit d’autre à ce stade, même si on attend beaucoup du nouveau projet de Christophe Hardiquest, son restaurant n’a ouvert il y a seulement quelques semaines. »
Il y a peu de déçus aussi, nous explique Carlo : « Dans les étoiles perdues, on trouve Vincent Cardinal, du Prieuré Saint Géry, qui a pourtant son étoile depuis des années qui n’a pas démérité à mon sens. Je comprends que cela puisse indigner les habitués mais il faut bien se dire qu’un restaurant qui perd une étoile n’est pas un restaurant où l’on mange moins bien, c’est parfois juste une adresse qui n’évolue plus vraiment. Ce qui me chagrine davantage, c’est la disparition du guide papier qui fait qu’un restaurant qui a perdu une étoile disparaît simplement du site et ceci sans aucune trace de cette étoile passée. C’est aujourd’hui aux chefs à communiquer sur leurs récompenses et cela bouleverse un peu le côté précieux du guide et la manière dont il était abordé. »
Bruxelles s’en sort bien
Carlo se réjouit de la position de Bruxelles dans ce palmarès : « Evidemment, je suis le premier ravi de la belle récompense pour Karen Torosyan, nous avions manifesté notre enthousiasme avec Florence pour sa cuisine de haut vol. C’est une récompense qui fait aussi remonter à quatre le nombre de double étoilés à Bruxelles. Avec ces lauréats, la restauration à Bruxelles s’en sort pas mal, et pour moi, il était temps que Barge et Humus & Hortense soient récompensés. J’ai entendu Nicolas Decloedt se féliciter de voir son restaurant récompensé alors qu’il estime que son approche végétalienne le place comme un véritable outsider sur l’échiquier gastronomique tel qu’on l’envisage habituellement, c'est un avis assez tranché!".
La vraie surprise
Avec sept nouvelles adresses étoilées, la Wallonie gourmande a assurément le vent en poupe, « Même si on note que, bien que ces restaurants soient en Wallonie, plusieurs d’entre eux sont tenus par des chefs flamands, comme Le Grand Verre à Durbuy, où officie Wout Bru, qui est un chef star en Flandre. La surprise est finalement qu’il n’y a qu’un seul restaurant qui passe d’une à deux étoiles, ce qui est assez léger comme moisson d’étoiles. »
En dehors de cela, Carlo De Pascale a aussi remarqué, comme dans bon nombre de disciplines, une importante sous-représentation des femmes : « C’est intriguant de relever qu’il n’y a qu’une seule femme, à savoir Manon Schenck de la Table de Manon à Grandhan qui a été récompensée cette année. Ce qui ne correspond pas, en proportion, au nombre de cheffes actives dans les cuisines de nos restaurants belges. Même la cérémonie manquait un peu de femmes si ce n’est la présentatrice qui, pour moi, a trop peu laissé la parole à ces nouveaux étoilés, or ce sont eux qui vont raconter la gastronomie belge dans les prochaines saisons. C’est pour les rencontrer, les écouter que nous venons voir cette cérémonie et cela m’a un peu manqué. »
Pour suivre de près ces nouveaux étoilés, Carlo nous promet d’aller à leur rencontre au plus vite, et remplit déjà son agenda pour les prochaines chroniques avec Florence Hainaut.
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