La gastronomie belge, longtemps oubliée à la faveur des sushis et de la cuisine française un peu snob, reprend du poil de la bête. En attestent ces nouvelles enseignes branchées qui garnissent leur carte de stoemp-saucisse et de poulet-frites.
Pour Cédric Allard, fondateur de Culinaria, ce retour aux plats typiques n’est autre que la conséquence d’un désir de travailler les produits du terroir : "les chefs veulent cuisiner les ingrédients qu’ils trouvent chez le maraîcher du village, par conscience écologique notamment, et les clients sont de plus en plus désireux de connaître la provenance des aliments qui figurent à la carte." Logique donc que le chicon et la pomme de terre retrouvent une place de choix dans les restaurants du pays, là où, il y a quelques années à peine, on ne jurait que par le wagyu japonais ou la burrata italienne.
Retour à une cuisine généreuse
Si la cuisine belge a la cote, c’est aussi parce qu’elle est généreuse et entière, "comme les Belges", poursuit Cédric Allard. "Et ça s’inscrit pile dans la tendance scandinave, qui prône le produit brut, cuisiné de la manière la moins déstructurée possible." Mais également de la "comfort food", cette nourriture sans fioriture et qui fait du bien. Pour ce faire justement, ouvrez donc les portes de ces cinq adresses qui rendent à la gastronomie belge toute sa gourmandise.
Frites Atelier, la patate haut de gamme
Le chef Sergio Herman, des restaurants étoilés The Jane** à Anvers et Pure C* à Cadzand (Pays-Bas) s’est aussi laissé tenter par l’aventure belgo-belge, en lançant Frites Atelier, un fritkot de luxe.
Le lieu a été aménagé par le studio d’architectes Piet Boon, les sauces — préparées maison, sans conservateur, arôme, colorant ou exhausteur de goût — sont servies dans des pots en céramique, tandis que les frites, croustillantes à l’extérieur, tendres à l’intérieur, y sont préparées avec de la patate haut de gamme (originaire de l’argile zélandaise), dans une huile 100 % végétale. Cerise sur le cornet : des croquettes aux crevettes à se damner.
6 adresses en Belgique et en Hollande : www.fritesatelier.com
Balls & Glory, la Belgique dans une boulette
Bienvenue au temple de la boulette revisitée — puisque, d’un coup de couteau, elle laisse s’échapper une sauce onctueuse — qu’on savoure avec un stoemp crémeux. "Plus jeune, j’ai travaillé dans la boucherie de mes parents avant de devenir traiteur sur des événements haut de gamme comme les défilés Vuitton", nous explique Wim Ballieu, fondateur du lieu. "Quand mes grands-parents ont vendu la ferme, je l’ai rachetée pour créer Balls & Glory : le concept combinait mon amour pour le lifestyle et l’architecture, et ma passion pour la viande de qualité."
Ici, tout est belge : du jus de pomme au mobilier. Un concept que le jeune entrepreneur souhaite exporter à l’étranger : "la première enseigne vient d’ouvrir aux Pays-Bas. Je veux que Balls & Glory soit considéré comme un vrai “bistro belge” au même titre qu’une cantine italienne ou un restaurant japonais."
4 adresses en Belgique : www.ballsnglory.be
Fernand Obb, à la bonne franquette
"Bruxelles étant une ville super cosmopolite, qui fourmille de restaurants italiens et autres, j’avais envie d’y intégrer une enseigne bien belge", explique Cédric Mosbeux, fondateur du lieu.
Challenge relevé, puisque début octobre 2018, Fernand Obb Delicatessen remportait la palme de “La meilleure croquette de crevettes de Bruxelles”. Une croquette délicieuse, mais plutôt traditionnelle. C’est surtout grâce à ses autres mets que l’établissement surprend : son burger de boudin blanc au chou rouge, sa fricadelle maison et encore sa ”gaufrite ”, qui, comme son nom l’indique, consiste en une pomme de terre frite en forme... de gaufre. Le tout accompagné d’une belle sélection de bières.
L'Atelier de la Manufacture Urbaine, un brassage de culture
Connu sous l’acronyme LAMU par les Carolos, l’Atelier de la Manufacture urbaine a pris ses quartiers dans une ancienne médiathèque métamorphosée en brasserie. Le lieu est pluriel : on y brasse de la bière, on y fabrique du pain et on torréfie même du café. À table, on se régale — juste à côté des brasseurs qui s’activent — d’assiettes noir-jaune- rouge: stoemp-saucisse et blanquette de veau entre autres.
"On essaye de rester le plus classique possible, car le client veut retrouver le vrai goût de ces incontournables", explique Julien Warrand, manager, "mais on se démarque des anciennes brasseries belges par nos produits locaux et de haute qualité et notre cadre moderne, mais populaire." Et par les nombreuses activités de l’enseigne, qui propose également concerts, expositions, ateliers et jeux pour les enfants.
www.latelier.manufacture-urbaine.com
Otomat, des pizzas à la belge
Petit nouveau de la capitale, Otomat propose des pizzas... à la belge. Ne criez pas au scandale avant d’avoir goûté ! Chicon-gratin, vol-au-vent, boulettes ou crumble de spéculoos décorent une pâte à pizza croustillante, que l’on déguste dans un lieu aux accents industriels mêlant tables en bois recyclé, néons et chaises en acier.
Le secret pour que le concept marche : "la plupart du temps, on part sur une base blanche plutôt qu’une base tomate. Récemment, on a même osé la pizza “asperges à la flamande” décorée d’un œuf dur et de persil", souligne Bernard Sironval, cofondateur du lieu. Le pari était certes risqué, mais est relevé avec brio, puisque la pizza la plus commandée est la “boulet-boulette”, d’inspiration liégeoise. Les pizzas, coupées en huit (pour la convivialité) se dégustent avec une sélection de 40 bières belges. "On adorerait que ce produit soit considéré au même titre que le vin en France."
5 adresses en Belgique : www.otomat.be