Les vertus insoupçonnées de l’ennui

L’ennui est souvent considéré comme une tare, comme l’ennemi à abattre . Mais dans cette période où l’on est amené à rester chez nous encore un bon bout de temps et où l’on commence déjà à venir au bout de nos « to-do liste », il y a bien un moment où l’on s’ennuiera forcément. Alors plutôt que de redouter ce moment, voici comment l’appréhender en toute sérénité. 

Par Anissa Hezzaz. Photo by Joshua Rawson-Harris on Unsplash. |

Notre rapport à l’ennui est bien souvent connoté négativement. Dans une société où l’on court toujours après le temps, où les agendas se remplissent de plus en plus vite et où l’on veut à tout prix être rentable dans sa vie professionnelle, comme dans sa vie privée, l’ennui est vu comme une perte de temps. Pour certains, il est même redouté, car il est synonyme de paresse et d’inactivités. La définition du Robert de l’ennui ne peut qu’aller dans ce sens :« mélancolie vague, une impression de vide, une tristesse profonde, une lassitude morale, quand on ne prend d’intérêt, de plaisir à rien ». Pourtant, l’ennui, s’il n’est pas pathologique, peut être vu d’une tout autre manière, il aurait même selon les spécialistes de nombreuses vertus. 

Détox numérique 

À l’heure actuelle, lorsque l’on s’ennuie, on dégaine souvent son téléphone et l’on passe tout son temps libre à scroller. Outre-Atlantique, en réponse à ce phénomène,  de nouveaux gourous ont fait leur apparition : les Marie Kondo du cerveau. Il s’agit en fait d’experts qui prônent le minimalisme digital. Autrement dit, en vous aidant à faire le tri dans vos notifications, dans vos applis et en vous aidant à limiter l’usage de votre téléphone, ils vous aident à  atteindre ce qu’on appelle désormais le « bien-être digital ». Pour y arriver, ils nous apprennent à ne rien faire. Si cela peut sembler saugrenu, il suffit pourtant de se demander soi-même quand était la dernière où nous n’avons rien fait sans répondre à un message, sans passer du temps à jouer ou à regarder ses réseaux sociaux. La réponse sera assez évidente pour tout le monde : trop rarement. Et c’est ici que l’ennui nous ferait pourtant du bien. Il nous permettrait de reconquérir du temps de cerveau disponible pour ne penser qu’à une chose : à soi. 

L’ennui comme source de créativité

Dans l’article scientifique L’ennui, publié dans la revue Cairn, on apprend que « s’ennuyer peut être une des expériences humaines les plus positives, dès lors qu’elle pousse à dépasser l’angoisse de sa finitude pour exercer sa liberté créatrice et répondre à ses aspirations. » Car quand nous sommes habitués à être tout le temps en alerte et à être toujorus plus productifs, laisser vagabonder son esprit serait pourtant la clé pour être plus créatif. En 2016, le Journal of Experimental Social Psychology publiait une ode à l’ennui en expliquant que ceux qui savent l’accueillir « sont plus à même de développer des pensées originales ». Pour stimuler notre créativité, nous aurions donc besoin d’avoir du temps en s’ennuyant. 

Un retour à l’essentiel

S’ennuyer, c’est avoir enfin du temps. Du temps, pour soi, mais aussi pour les autres. Quand on est en permanence dans l’action, on ne réfléchit plus forcément, on passe en mode automatique et on se laisse souvent submergé, voire dépassé par les évènements. S’ennuyer nous permet de prendre du recul, de réfléchir aux choses essentielles et importantes pour nous. Là encore, l’ennui n’apparaît plus comme un temps « mort », mais plutôt comme un mal nécessaire, pour faire le point. 

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