Notre rencontre avec Alexandra Morel d’Affaire Conclue

Elle est la blonde pétulante de l’émission Affaire Conclue qui cartonne en télé, elle nous parle de la tendance montante du meuble chiné. Pourquoi donc sommes-nous fous de brocante ? 

Tombée dedans

Alexandra Morel est une personnalité de la télé, mais elle est aussi et surtout une fille du milieu, qui serait tombée dedans quand elle était petite… Ce genre de métier de passion est souvent une affaire de famille : « Je suis une ‘gosse de broc’ ; mes parents étaient du métier, ils étaient antiquaires, j’ai grandi dans les magasins au milieu des vases et des lampes Art Nouveau et Art Déco que mon père vendait. Je me vois encore dans la boutique de Saint Ouen, entourée de vases Gallé plus grands que moi… Mes trois grands frères et moi sommes tous tombés dedans, moi je le suis spécialisée dans les bijoux et l’horlogerie, mais nous avons chacun nos terrains de prédilection, et au final, nous avons une belle complémentarité. Ainsi, j’ai suivi les traces de mon père, qui m’a transmis sa passion : J’ai eu durant plus de 15 ans des boutiques à Saint Ouen. J’ai décidé d’arrêter il y a deux ans : entre l’engouement de l’émission et ma vie de famille, j’ai fait des choix. Puis, j’aime bouger, j’ai voulu refaire ce que faisaient mes parents, ils étaient deux explorateurs qui sillonnaient toute la province pour faire les salons, des plus prestigieux au plus simples. Vous pouviez croiser mon père aussi bien dans les couloirs de la très belle Biennale des antiquaires, mais aussi au petit matin, sur une brocante dans un petit village perdu, au cul du camion.

J’ai grandi entre ces deux univers, qui se complètent l’un et l’autre au final, car ce qu’on espère en fouillant dans les brocantes, c’est toujours le fantasme de l’objet rarissime dont propriétaire aurait négligé la valeur. Quand on fait ce métier, on est comme un chasseur de trésors, donc on apprend à ne pas avoir de prétention. Et puis il y a le plaisir de la découverte dans une vide-grenier, les objets racontent la vie des gens ; dans une grande foire vous avez des pièces qui sont magnifiques, mais vous n’aurez pas les mêmes surprises. Trouver une pièce d’exception dans le fin-fond de l’Ardèche est le plus excitant, nous sommes des experts en quelque sorte, mais il faut aussi avoir gardé une âme d’enfant. J’emmène parfois mes petits neveux avec moi, je les sors du lit à 5h du matin pour aller visiter les brocantes, j’espère leur transmettre cette passion.»
 

 

Raconter des histoires

Quand elle parle de l’émission qui nous l’a fait connaître, Alexandra ne tire pas la couverture à elle, elle se montre juste contente de pouvoir mettre son métier en valeur et de transmettre une certaine approche de l’objet et du mobilier ancien : « Quand on m’a proposé cette émission il y a quatre ans, j’étais un peu sceptique, car nous sommes un métier de contact et je me demandais si la télévision allait pouvoir transmettre cet échange particulier. Mais au final, le concept qui part du principe qu’on a tous quelque chose à vendre (le slogan de l’émission ndlr), parle à tout le monde. Et cela me permet aussi de mettre en lumière notre métier, et les petits brocanteurs qui sont de véritables passionnés.

Je m’y reconnais parce que tout le monde s’y reconnait : même un objet à 100€ peut avoir une belle histoire à raconter, un grenier est une boite à souvenirs et ça parle à tout le monde. Quand on a ça dans le cœur, la transmission est super importante. L’idée de transmettre est ce qui m’anime en permanence. Quand on regarde comment ça se passe dans notre société, je pense que le souvenir et le partage entre les générations est fondamental, et cela peut se faire à travers ces objets. Et on le constate : il y a dans l’émission des jeunes et de moins jeunes, des enfants avec leurs parents : chacun a ses motivations, mais la démarche touche toutes les générations et remet cela au goût du jour. » 

 

Rallonger la vie des objets

Parce qu’en effet, le boum de la brocante est non seulement une activité pleine de nostalgie, mais elle prend aussi tout son sens dans une société qui se veut plus durable : « Evidemment que nous sommes dans une démarche écolo ! Nous les brocanteurs, on recycle, on est les premiers recycleurs : on prend de l’ancien et on le revalorise pour qu’il puisse vivre plus longtemps. C’est une démarche à la mode aujourd’hui et elle donne des idées à des gens qui, à travers l’émission, ont des idées pour réutiliser leurs propres vieux meubles, et à ce titre là on est encore plus utiles…

Par exemple, prenez les armoires normandes, par exemple, aujourd’hui elles sont de plus en plus difficiles à vendre, ce sont des pièces massives qu’on vous liquide à 50€ ou 100€ en salles de ventes, or ce sont des pièces de mobilier avec un savoir-faire qui demandent parfois 100 heures de travail, entièrement à la main et qui traversent les siècles… Quand on voit qu’un vilain meuble en kit sans âme coute parfois plus cher… Si on peut faire passer un message, dire aux gens qu’une pièce comme cela, une fois poncée ou repeinte peut être mise en valeur, on  a rempli notre mission.  Et puis parfois dans un monde un peu en perte de repères, mettre en valeur le savoir-faire ancien, c’est une démarche pleine de respect, qui redonne du sens à la déco, c’est ça qu’on défend. » 

 

Osez chiner ! 

Son message semble donc simple : faites vivre les brocanteurs, et osez mélanger les styles : « Vous avez de la chance en Belgique, vous avez des trésors cachés. Les puces à Bruxelles, sur la Place du Jeu de Balle ou à Namur, vous avez de belles marchandises, c’est pour cela que j’y viens souvent. Quand la situation le permet, je suis en Belgique deux fois par mois pour faire des expertises ou chiner. Il faut aller fouiner, se balader sur les brocantes : les gens ne sont pas assez curieux, pas assez créatifs, il faut chiner, vous avez des pièces incroyables pour deux fois rien, mais il faut oser se lancer et s’impliquer … Vous seriez étonnés de ce qu’on peut trouver dans les ‘encombrants’, je suis toujours soufflée de voir des pièces jetées, alors qu’elles ont encore de la valeur et qu’elles peuvent embellir votre intérieur de manière originale. On en voit parfois même dans l’émission, c’est incroyable. »

Cette manie de ponctuer son intérieur design de pièces ou d’objets chinés pour le rendre unique, c’est aussi furieusement à la mode : « On le voit dans le secteur de la mode, les femmes aujourd’hui portent un sac vintage sur un manteau griffé ; ou un blazer Saint Laurent acheté en friperie sur un simple jean. En déco aussi, l’élégance émerge quand on mélange les styles. Avant, on devait faire un choix entre l’ancien et le moderne.

Les intérieurs noyés dans le même style, c’est cohérent mais c’est figé, c’est lourd. Aujourd’hui on peut poser une lampe ultramoderne sur une commode marquetée et l’un et l’autre se mettent en valeur. Ca fait mieux ressortir chaque pièce, parce que sa singularité est mise en avant. Un tableau XVIIe prend une autre dimension et toute sa noblesse dans un intérieur moderne. Nous, les brocanteurs, on martèle l’idée qu’on peut tout mélanger et c’est cette audace qui donne du chien à votre intérieur. Les clients, on le voit de plus en plus, ils nous posent des questions et même quand ils ne savent pas, quand ils ne sont pas sûrs de leur goût, ils nous consultent pour savoir comment passer le cap. Ils sont prêts... »
Et vous ?  

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