Zoom sur la collection de haute joaillerie "Magnitude" de Cartier

C’est à Londres que Cartier a dévoilé “ Magnitude ” sa dernière collection de Haute Joaillerie. Un opus éblouissant qui met en scène avec brio pierres précieuses et pierres ornementales.

Par Magali Eylenbosch. Photos D.R. |

Cartier n’est jamais vraiment là où on l’attend ! La Maison manie parfaitement l’art de brouiller les codes et, cette fois encore, la découverte de sa collection de Haute Joaillerie était un véritable moment de grâce. Elle s’articule autour de six thèmes qui mettent les plus belles pierres à l’honneur. Pas seulement les grandes classiques de la joaillerie ! Non, ici on rivalise d’audace pour le plus grand plaisir des yeux.

“ Aphélie ”, mêle un quartz traversé de rutiles mordorés à des touches de corail, de diamants roses et d’onyx.“ Théia ” marie notamment un ensemble rare de sept émeraudes de Colombie au cristal de roche. Pour “ Équinoxe ”, les diamants jaunes, oranges et blancs donnent la réplique au saphir et au lapis-lazuli. Pour “ Yuma ”, l’équipe créative a sublimé une palette de diamants allant du jaune d’or au brun. Pour “ Sorelli ”, un quartz rutile contraste avec l’ordonnancement des motifs graphiques en diamants. Enfin, “ Zemia ” unit une opale matrix d’Australie à une rivière composée de saphirs bleus et violets, de grenats et de diamants. Pour créer les plus incroyables joyaux, Jacqueline Karachi, directrice de la création pour la Haute Joaillerie Cartier, part toujours de la pierre centrale. Elle est notamment partie à Tucson, en Arizona, pour découvrir la quintessence du monde minéral. Depuis 1920, la griffe a pour parti pris de mélanger pierres précieuses et pierres fines. Une véritable signature qui prend encore une fois tout son sens.

Nous nous sommes entretenus avec Pierre Rainero, directeur du style, de l’image et du patrimoine.

Qu’est-ce que la Haute Joaillerie selon vous ?

"Elle consiste à créer des pièces uniques, grâce aux matériaux les plus exceptionnels, pas forcément les plus précieux, que la terre peut nous fournir que l’on combine à une valeur ajoutée, tant par la créativité du dessin que par le savoir-faire du joaillier."

“ Magnitude ” se caractérise par des associations de pierres audacieuses. Existe-t-il des mariages ou des matériaux que vous banissez ?

"Non ! Il y a un prisme esthétique et nos paramètres de jugements évoluent avec le temps. Par contre, le choix des matériaux est induit par la pérennité et la noblesse. Je pense à l’acier. Il fut un temps où l’on n’aurait pas imaginé l’utiliser en Haute Joaillerie. On l’a pourtant fait, sous la forme d’acier noirci, pour créer un fond et pour mettre en valeur la lumière."

Cette année, vous avez mis l’opale en avant. Dans certaines cultures, elle a une signification négative. N’est-ce pas un risque ?

"En gemmologie, toutes les pierres ont une symbolique forte. Certains disent que les pierres vertes portent malchance... En Inde, on ne porte pas de saphirs bleus... En ce qui concerne l’opale, une hypothèse veut que le discours visant à ne pas l’utiliser viendrait des joailliers eux-mêmes. C’est une pierre séduisante et chatoyante, mais elle est extrêmement fragile. En la discréditant, ils espéraient surtout ne pas avoir à la travailler. Nous sommes particulièrement sereins par rapport à ça. C’est la beauté des choses qui guide nos choix esthétiques. Et nos clients n’ont pas ce genre d’appréhension. C’est comme si c’était un phénomène générationnel."

Pour “ Magnitude ” y avait-il une volonté d’orienter les créations vers des pierres plus “ brutes ”, dans le bon sens du terme ?

"Oui, il y avait cette idée d’opposer la sophistication liée à la main de l’homme dans la culture occidentale, notamment par le facettage, à un simple polissage des cabochons, comme le font les Indiens ou même les Chinois. Ils acceptent les pierres telles qu’elles proviennent de la nature et les polissent pour qu’elles jouent avec la lumière. Nous avons eu la volonté de jouer à la fois de leur complémentarité et des contrastes."

Votre démarche est-elle chaque fois de créer un choc émotionnel ?

"Il faut toujours rechercher d’autres clés pour arriver à des notions de beauté différentes. Les moyens mis au service de cette volonté sont multiples. Il y a le dessin ou l’utilisation de matériaux inattendus. Nous explorons toutes les pistes."

Comment se passe votre collaboration avec Jacqueline Karachi ?

"Nous discutons et nous partageons nos envies. À ce moment- là, nous n’avons pas les pierres. Un Salon comme celui de Tucson permet de s’immerger dans l’univers des minéraux et de distinguer les pierres qui émergent du lot et apportent une réelle différence."

En Haute Joaillerie, vous préoccupez-vous des tendances actuelles ?

"C’est un ingrédient comme beaucoup d’autres. Nous ne sommes pas étranger à ce que nous voyons autour de nous, dans les magazines ou dans les défilés. Mais il y a aussi l’art, l’architecture, ce que l’on voit à la télévision ou au cinéma. C’est un tout dans lequel nous baignons tous et ça oriente nos décisions de façon naturelle."

Suivez So Soir sur Facebook et Instagram pour ne rien rater des dernières tendances en matière de mode, beauté, food et bien plus encore. 

Lire aussi :