Comment intégrer la vannerie à sa décoration d'automne ?

Après la céramique, c’est au tour de la vannerie de faire son retour. Gros plan sur une technique qui, de la mode à la déco, tisse la trame des tendances automnales.

PAR MARIE HONNAY. PHOTOS D.R. SAUF MENTIONS CONTRAIRES. |

Si vous avez séjourné dans un hôtel du groupe Mama Shelter au cours de ces derniers mois, vous avez forcément remarqué les pièces en mobilier tressé qui pimentent ces lieux en vue. Mix de motifs jacquard très cool et de couleurs chatoyantes, les chaises et les banquettes de style bohème des maisons Gatti et Drucker n’ont pas manqué de taper dans l’œil des décorateurs du groupe. Il y a quinze ans, convaincu du potentiel de la société française Maison Drucker, Bruno Dubois, un Français en fin de carrière, décide de redonner vie à cette belle endormie. D’emblée, son initiative lui vaut les bravos d’une star du design : Philippe Starck.

À l’époque, le designer aménage tout ce que Paris compte de lieux branchés. Pour lui, impossible de voir mourir cette maison centenaire, créatrice de mobilier en rotin depuis 1885, au savoir-faire et à la créativité sans égal. Maison Drucker, c’est la signature des terrasses parisiennes. Et si, aujourd’hui, les fauteuils colorés – dont le modèle Fouquet’s, le plus emblématique (son nom fait référence au café mythique pour lequel il a été créé) – sont le plus souvent, pour des raisons pratiques liées à la pluviosité de nos régions, en plastique tressé, plutôt qu’en rotin, le tressage réalisé à la main, comme au XIXe siècle, n’a quant à lui pas changé. Chez nos clients privés, on note un engouement croissant pour les matières naturelles ; une tendance de fond qui ne fait que croître depuis quinze ans. Après une disgrâce de plusieurs décennies, le rotin – très en vogue jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale – revient en force. On appréciait alors sa maniabilité, mais aussi le parfum d’exotisme qui s’en dégageait, précise-t-il.

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Retour en grâce 

Comme nous l’a expliqué Bruno Dubois, c’est à l’éternel retour des modes oubliées et au regain d’intérêt des consommateurs pour les techniques artisanales qu’on doit le retour de la vannerie. Les designers se sont donné le mot. Dans le sillage de Starck, des maisons comme Liaigre ou Grange et, plus récemment, la jeune équipe d’architectes d’intérieur des Mama Shelter, ont retrouvé le chemin de nos ateliers. Il faut dire que, pour un décorateur, les 150 modèles de chaises, de fauteuils et de banquettes et les cinquante types de jacquard différents proposés par Maison Drucker sont une invitation à laisser s’exprimer sa créativité, aussi débridée soit-elle.

Il faut quinze ans à une tisseuse pour maîtriser toutes les facettes du métier, entre autres, l’agrafage minutieux des lamelles tressées sur la structure en rotin. S’il s’agit d’une assise en aluminium, les fils sont alors noués sur la structure, précise Bruno Dubois qui, ces dernières années, s’est vu approché par des créateurs de sacs ou de souliers séduits par le savoir-faire de sa maison. Ces techniques traditionnelles peuvent en effet être déclinées dans d’autres registres comme celui de l’accessoire, mais aussi dans d’autres matières. On pense notamment à l’intrecciato, une technique chère à la marque italienne Bottega Veneta, qui a fait du cuir tressé sa marque de fabrique.

Tressage de luxe

La guerre aux sacs en plastique a également contribué au revival des cabas en matières naturelles. Et pas que pour l’été, ajoute Bruno Dubois. Si certaines marques n’hésitent pas à inviter l’osier, le raphia ou la paille dans leurs collections d’automne (c’est le cas de Loewe, Prada ou encore Louboutin), chez Dior, c’est le fameux cannage, un tissage particulier de rotin (un classique de la déco) qui sert de fil rouge à la collection automne/hiver de Maria Grazia Chiuri. Pour son dernier défilé, elle a imaginé une version matelassée qui affiche l’incontournable marco- cannage, une création de Christian Dior en 1947 ; un hommage du couturier au cannage des chaises Napoléon III, sur lesquelles il installait ses invités les jours de défilé. Inspirée par ce motif, symbole de luxe et de tradition, Maria Grazia Chiuri l’a donc réinterprété sur certaines pièces de prêt-à-porter, ainsi que sur trois sacs iconiques de Dior. Cet automne, l’art du tressage, une technique qui permet, en outre, de faire le tour des artisanats d’autres pays comme le Maroc ou certains autres pays d’Afrique, où il n’a jamais cessé d’exister, sera donc partout.

maisonlouisdrucker.com

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