Fermeture de Bon Bon, nos grands restaurants sont-ils tous en danger ?

Alors que l’on apprenait la semaine passée la fermeture prochaine du restaurant doublement étoilé Bon Bon, de nombreux acteurs du secteur ont réagi avec empathie à la nouvelle… Est-ce donc devenu mission impossible de gérer un restaurant étoilé en Belgique ?

Ingrid Van Langhendonck, Photos Unsplash / Photonews |

Un grand restaurant c'est une PME

Si le chef dans son annonce est optimiste et tourné vers l’avenir, et que l’on ne doute pas une seconde qu’il reviendra bientôt avec un projet passionnant, force est de constater qu’il y a quand même une certaine amertume dans ce type de décision, et que cette amertume est partagée par la plupart des acteurs de la haute gastronomie à Bruxelles.

Entre les charges sociales particulièrement lourdes dans notre pays, les aides carrément insuffisantes octroyées aux restaurateurs bruxellois durant la pandémie, un régime TVA considéré comme injuste et les problèmes de mobilité imposés à Bruxelles (surtout dans le centre-ville), on comprend que les restaurateurs bruxellois soient un peu moroses…

La vidéo du jour :

L’injustice ressentie par les restaurateurs vient principalement du fait que leurs restaurants sont des petites entreprises qui ne dégagent pas d’énormes bénéfices, mais qui pourtant génèrent proportionnellement beaucoup d’emplois, or la fiscalité belge n’est pas favorable pour ces entrepreneurs. Christophe Hardiquest : « Il est temps que nos dirigeants s’intéressent un petit peu aux PME, car c’est ce tissu là qui fait vivre l’économie du pays. La Flandre l'a davantage compris, mais à Bruxelles, c'est un gros chantier.»

Christophe Hardiquest nous rassure néanmoins : « Je n’ai pas de problème de santé, je ne suis pas en faillite, (rires) 2021 aura même été une de mes plus belles années en terme de chiffre, mais je voudrais simplement faire autre chose. Je suis un peu désabusé: comme beaucoup de restaurateurs, je passe aujourd'hui plus de temps à résoudre des problèmes administratifs ou des problèmes de personnel plutôt que de faire mon vrai métier, ma vraie passion et être en cuisine… C’est principalement pour cela que je suis à la recherche d’une autre formule. »

"Je veux revenir davantage en cuisine"

Tout un secteur qui s'interroge

Un ressenti qu’il partage avec beaucoup d’autres chefs : interrogés en 2021, entre deux confinements, d’autres étoilés comme Lionel Rigolet ou Pascal Devalkeneer estimaient en effet que le public est à la recherche d’un autre type de gastronomie. tous avancent que leur objectif restera toujours de créer de l’émotion, mais que la manière dont cette émotion est perçue est en train de changer, et la pandémie a forcément accéléré ce mouvement…

« Christophe Hardiquest prend une décision qui interpelle », nous explique notre chroniqueur et expert Carlo de Pascale, « Mais quand on a un talent comme le sien, une passion aussi intense, je l’imagine bien revenir dans quelque temps avec un projet, une toute autre formule, où son talent sera au centre de l’expérience. »

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