Vous l’avez sans doute déjà remarqué : les maisons de luxe font rarement des soldes. Car brader leurs pièces, ce serait « dévaloriser » leurs produits comme le justifient de nombreuses maisons de luxe. Dès lors, plutôt que de céder aux sirènes des soldes, les marques de luxe disposent d’un stock très limité en fonction des demandes de leurs clientèles. Quant aux invendus ? Ils finissaient jusqu’à présent la plupart du temps détruits. Une pratique très courante dans l’industrie du textile qui a longtemps suscité le débat et qui a fini par se terminer.
Préserver son image haut de gamme
Pointé comme une aberration écologique, la destruction de vêtements, sacs, chaussures ou tout autre produit est désormais interdit depuis le 1er janvier 2022 avec la loi anti-gaspillage votée en 2019. Pour autant, les marques de luxe s’en remettent-elles aux soldes ? La réponse est toujours non. Car comme l’explique une experte du luxe, Julie El Ghouzzi à l’AFP « dans le luxe, si un bien est moins cher, on a moins envie de l'acheter ». En faisant des soldes, les grandes maisons risquent alors de descendre de leur tour d’ivoire et de devenir moins désirables. Un enjeu de taille pour les maisons de luxe qui veulent à tout prix préserver leur image « haut de gamme » et conserver l’exclusivité de la marque. Le luxe peut-il rester désirable tout en étant responsable ? C’est justement le défi auquel doivent actuellement faire face toutes les grandes maisons. Les marques de luxe s’organisent alors pour écouler les éventuels invendus, mais avant tout pour les limiter. Aujourd'hui, elles produisent davantage de collections, mais moins de pièces, et misent sur un sentiment d'urgence et d'exclusivité pour assurer une descente expéditive des produits.
La LV Trainer Upcycling de Louis Vuitton
Pour parvenir à liquider les invendus, leur priorité est de gérer leur stock aux millimètres près à la manière dont le fait déjà Luis Vuitton comme l’explique le site Fashion Network. Ensuite, si stock il y a, il sera alors possible de bénéficier d’une ristourne sur certaines pièces. Seul hic ? Pour y accéder, il faudra faire partie des privilégiés. Car le déstockage n’est pas accessible à qui veut. Les prix avantageux reviennent avant tout aux employés des différentes maisons. On parlera alors de soldes ultra-privées ou ventes privées. Les réductions y sont parfois de l’ordre de 50% donnant lieu à des prix très attractifs. Et si ces ventes restent le moyen pour les grandes maisons de déstocker massivement, elles se doivent de rester ultras confidentielles et se font généralement dans la plus grande discrétion. Vous l’aurez compris, à moins de faire partie du cercle très restreint des VIP, vous ne pourrez pas toujours bénéficier de pièces à prix si avantageux. Heureusement toutefois, le déstockage en ligne est désormais monnaie courante et permet de faire profiter de remises allant parfois jusqu’à moins 60 % à la clientèle fidèle. Chanel propose par exemple régulièrement des ventes privées sur Showroomprivé.be, ou encore Veepee.
La vidéo du jour :
Upcycling
Et puis, quand cela ne suffit pas, il reste le recours à l’upcycling, en redonnant vie à des pièces, des matières déjà existantes pour créer de tout nouveaux produits. Virgil Abloh, le dernier directeur artistique chez Louis Vuitton était devenu expert en upcycling et en récupération. Il avait par exemple rééditer l’iconique LV Trainer à partir du stock des tout premiers modèles pour en faire une toute nouvelle sneaker. Edouard Vermeulen à la tête de la Maison Natan revalorise ses stocks inutilisés pour créer des collections entières de vêtements transformés depuis cet été. Et puis, quant au bout du compte, il reste malgré tout des stocks, les marques de luxes s’arrangent pour faire des dons aux associations : LVMH a un partenariat avec Cravate Solidaire, sa maison Kenzo avec Tissons la solidarité, Marc Jacobs à New York avec l'association Fabscrap...
Suivez So Soir sur Facebook et Instagram pour ne rien rater des dernières tendances en matière de mode, beauté, food et bien plus encore.
