Immersion dans les ateliers des savons de la Reine

Fondées il y a près d’un siècle, les Savonneries Bruxelloises ont été reprises en 2020 par un duo de jeunes entrepreneurs qui a à cœur de moderniser la maison sans la dénaturer. Un défi qui se traduit, entre autres, par l’ouverture d’une première boutique.

PAR SIGRID DESCAMPS. PHOTOS D.R |

Les Galeries Royales, celle du Roi plus exactement. C’est là, à côté d’un salon gourmand de la Maison Dandoy, que Les Savonneries Bruxelloises ont ouvert leur première boutique. Un espace éphémère – le bail est prévu jusqu’à la fin de l’année, mais pourrait se prolonger... – où l’univers de la maison est condensé. Sur les étagères, les différents pains s’affichent à côté de reliques de l’usine mère : tampons, engrenages, moules... À l’entrée, on vous invite à vous laver les mains avec des produits de la maison au-dessus d’un vieux lavabo de porcelaine prévu à cet effet. C’est plus convivial que les gels hydroalcooliques, ça mousse et ça sent bon, nous glisse-t-on dans un sourire. On a le choix entre un savon au gingembre et citron vert et un autre, glycériné, au thé vert et à l’aloe vera ; deux des best-sellers de la maison.

Sur le mur opposé, derrière le comptoir, une fresque constituée de multiples savons attire le regard : Ce sont des savons que nous avons pressés en récupérant les déchets de nos productions, et l’impression qui figure sur chacun est celle d’un vieux moule historique de 1923, avec le logo Karak, clin d’œil au nom de la maison d’origine, qui fut d’abord une parfumerie de 1923 à 1926, avant de devenir une savonnerie, commente Maxime de Villenfagne, l’un des deux membres du binôme désormais à la tête de la maison presque centenaire.

Reprendre un savoir-faire

Petit retour en arrière, en janvier 2020. À l’époque, les propriétaires de la savonnerie souhaitent remettre l’entreprise. Maxime Pecsteen, alors en charge du développement de Brussels Beer Project à l’international, visite les locaux et tombe sous le charme. Et convainc son ami Maxime de Villenfagne, qui a fait ses armes dans la finance, de se lancer dans l’aventure avec lui. Nous avions tous les deux cette volonté d’entreprendre, de monter un projet ensemble à Bruxelles. Au départ, on ne pensait pas reprendre une entreprise existante, mais aujourd’hui, entreprendre, ce n’est plus nécessairement créer sa start-up, c’est également reprendre un projet existant, avec un savoir-faire, et l’ancrer au 21e siècle.

Un nouvel envol, qui fut certes freiné par la crise du Covid – On a vu notre carnet de commandes chuter de 40 % ! – mais que le duo a toutefois réussi. Entre les productions effectuées pour d’autres sociétés des quatre coins du globe et la production propre, les Savonneries Bruxelloises se portent bien. Les galets parfumés s’exportent dans une vingtaine de pays, et l’entreprise vient de rejoindre le cercle prestigieux des fournisseurs officiels de la Cour. Notre objectif était de conserver la force de la tradition et de l’artisanat, tout en ajoutant davantage d’engagement social et environnemental et en nous développant mondialement.

L’ouverture récente de la première boutique est l’une des étapes de ce déploiement. On possède environ 300 points de vente un peu partout dans le monde, dont à Tokyo et à New York, commente Maxime de Villenfagne, mais il n’existait pas de boutique en notre nom. Nous produisons des savons à quelques kilomètres d’ici, à l’arrière d’une maison de maître à Laeken. Il arrive que des curieux viennent sonner à notre porte, attirés par l’odeur, et demandent ce que nous faisons. Puis, s’ils peuvent nous acheter des savons... Quand on voit notre façade, on n’imagine pas qu’elle cache une usine de 1 500 m2, où sont produites chaque année 500 tonnes de savons. On a eu envie de retrouver cette curiosité dans une boutique, où l’on peut également structurer la vente. Son associé enchaîne : On travaille avec plus de 200 parfums différents, on collabore avec les meilleurs parfumeurs d’Europe, qui dénichent les fragrances partout dans le monde ; on voulait transporter ces odeurs et ces voyages olfactifs, mais également afficher tout le savoir-faire, dans un lieu.

Un espace accessible à tous, installé dans un haut-lieu authentique et touristique, où l’univers de la savonnerie artisanale est donc bien représenté, mais où surtout, on peut se procurer tous ses produits, dont un nouveau shampoing solide au PH neutre élaboré durant le confinement, ainsi que des éditions limitées. Petit plus : on peut également dans un micro-espace artisanal, faire couper et tamponner (aux blasons de la maison uniquement) des savons. On espère pouvoir, après cette phase de test, prolonger le bail et pérenniser l’activité ici, voire d’y installer à l’avenir un petit atelier à l’arrière, pour fabriquer quelques savons sur place. En tout cas, jusqu’à la fin de cette année au moins, si l’on a envie d’être parfumée comme une princesse, on sait où se rendre...

En images, le processus de fabrication :

L'adresse ? 4 Galerie du Roi, 1000 Bruxelles, ouvert du mercredi au dimanche de 11 h à 18 h, savonneriesbruxelloises.com

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