On vous donne simplement une date et une heure. L'adresse, vous ne la découvrirez qu'à la toute dernière minute. Un message cryptique vous indique finalement une adresse qui ne suggère rien, un code de garage à taper, une porte à franchir et un étage d'ascenseur. Rien à voir avec le rendez-vous au resto classique que l'on a repéré depuis longtemps et réservé à l'avance, celui dans lequel on se projette déjà avec appétit tout au long de la journée, et dont on connaît par avance le rituel bien rôdé.... et surtout le menu !
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Karma Club, l'expérience au resto réinventée
Pour nous faire perdre tous nos vieux repères gastronomiques, Filippo La Vecchia a décidé de lancer Karma Club, un concept inédit à Bruxelles. L'idée ? Le temps d'une soirée, le célèbre chef de l'Osteria Romana, décide d'inviter un petit groupe de personnes dans un écrin inconnu pour vivre une expérience secrète et ultra-exclusive. Ce restaurant éphémère n'ouvre que deux soirs par mois, propose une grande tablée pour huit personnes uniquement, et invite à réinventer nos sorties aux restos en les muant en rendez-vous intimistes au charme décuplé puisqu'on ne sait ni où l'on va, ni ce que l'on va manger.
La soirée s'ouvre tout en douceur, sur un apéritif pris directement avec vue sur le coucher de soleil au sommet d'un penthouse. On s'offre une coupe de champagne, un bellini, un spritz, un negroni ou un gin tonic en refaisant le monde. C'est comme rendre visite à un de ses potes, mais dans un lieu que vous ne connaissez pas et que vous ne reverrez pas. Le chef déroule les amuse-bouches d'emblée - 10 services vous attendent -, et dévoile d'étonnants sushis "à l'italienne" : pour remplacer le traditionnel riz japonais, des tagliatelles surmontées d'un morceau de poisson snacké. Pas de chichis, on gobe directement le tout avec les doigts. Expérience gustative totalement déroutante, mais réussie.
Au menu ?
Place au repas. On s'installe sur une vaste table haute en bois, uniquement éclairée par d'imposants chandeliers et une vaisselle insolite qui vous accompagne jusqu'au dessert. Ici, ne vous attendez pas à trouver le célébrissime carbo qui a fait la réputation de l'Osteria Romana. Le menu ne fait pas que la part belle aux spécialités italiennes malgré les origines du chef. En-tout-cas pas lorsque nous l'avons testé, car le menu évolue constamment en fonction des saisons, de la disponibilité des produits et des inspirations de Filippo.
Début mai, on dégustait une stracciatella avec tartare de thon rouge et truffe que le chef vient relever avec une délicieuse huile d'olive sicilienne. Mention spéciale à la soupe d'huître revisitée et inspirée du fameux chowder américain (le chef a vécu 8 ans aux Etats-Unis). On goûte une aubergine à la parmigiana, un surprenant tacos de langoustine avec gambas cuits à basse température que l'on ne se gêne pas de déguster avec les doigts. On aurait pris un peu plus de cette petite assiette de foie gras et bisque de pêches au vinaigre balsamique et noisettes grillées. Le plat signature du repas ? Le risotto servi dans un contenant pour le moins inédit : une conserve style Campbell's soup, que l'on ouvre par soi-même et qui libère immédiatement un doux fumé. En dessert ? Le fameux tiramisu de l'Osteria Romana mis en scène dans un oeuf qui rappelle l'univers de Dali.
Proposer autre chose
Pendant le Covid, on a mangé dans des chambres d'hôtels, derrière des comptoirs improvisés, entre des "murs" vitrés. Notre connaissance d'une expérience au restaurant s'en est retrouvée biaisée, bouleversée, transmutée. Tout le champ des possibles semble désormais permis, afin de relancer la machine. Comment faire renaître l'intérêt du public à ce stade - surtout quand les prix des menus flambent - et, question plus cruciale encore, comment exciter à nouveau les professionnels du métier malgré les conditions de plus en plus difficiles ?
En inventant de nouvelles façons de vivre la cuisine, en salle et en coulisses. Comme lorsque le chef Christophe Hardiquest décide d'abandonner Bon Bon au sommet de sa gloire pour Menssa, un comptoir où sa cuisine signe un grand retour à la nature, et où le rapport de la nourriture au corps devient sa mission principale. Ou encore quand le meilleur restaurant du monde, noma, décide de fermer pour se transformer en laboratoire culinaire géant. "Nous devons repenser complètement notre métier, c’est simplement devenu insoutenable de travailler de cette façon, nous devons le faire d’une autre manière", se justifiait alors le chef Rene Redzepi.
"What you deserve"
Un renouveau qui ne se limite pas aux grands restos étoilés. En créant Karma Club, Filippo La Vecchia s’acquitte des contraintes liées au secteur de l’Horeca (coûts du personnel, coûts énergétiques, augmentation du prix des produits...) pour proposer une alternative dans laquelle il a carte blanche. Y compris sur le menu. Plus besoin de rééditer constamment les plats célèbres de l’Osteria que les clients veulent retrouver quand ils viennent. Un vent de renouveau souffle, le champ des possibles s’ouvre.
L’occasion pour le chef impétueux au style bien à lui d’imposer une nouvelle façon de faire. Le credo ? « You get what you deserve ». Le choix du mot sanskrit « Karma Club » prend alors tout son sens. Si le chef invoque le bouddhisme, c’est par impertinence bien sûr, mais surtout pour offrir aux gens ce qu’ils méritent, ni plus ni moins.
Comment réserver l'expérience ?
Sinon, concrètement, ça se passe comment ? On zieute leur page Instagram pour connaître les prochaines dates au programme (le 20 et 27 mai en l'occurence). On regroupe sa bande de 8 et on envoie un mail à karmaclubbxl@gmail.com. Le prix ? 150€/pp pour 10 services (alcool et boissons non compris). L’accord mets-vin s’élève à 100€. Le concept peut aussi s’exporter dans le lieu de votre choix sur demande.
Infos :
Où ? Adresse communiquée personnellement avant la soirée.
Quand ? Prochaines dates les 20 et 27 mai
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