Le recyclage moderne façon trendy

À quelque chose parfois, malheur est bon, et ce n’est pas Sixtine Masse, toute jeune créatrice prometteuse qui, avec sa vision novatrice de la deuxième main, nous contredira !

Par Pascale Laroche. Photo : DR. |

Toute petite, déjà, Sixtine jonglait avec les éléments : elle construisait d’interminables cabanes dans les forêts du Nord-Pas-de-Calais.
Et quand les nuages s’amoncelaient sur le pays lillois, elle rentrait chez elle et découpait minutieusement toutes sortes de tissus pour les coller sur son doudou. À sept ans à peine, elle s’inventait des univers abracadabrantesques.

Trente chemises de papa 

La maladie de l’adolescence est de ne pas savoir ce que l’on veut mais de le vouloir à tout prix. Sixtine, elle, file du mauvais coton. Malade, elle l’est réellement et s’apprête à passer une année entière à la maison. Courageuse et déterminée, elle décide de soigner ses problèmes de santé en ressuscitant son grand projet : lancer sa ligne de vêtements recyclés. " J’étais à Lille, chez moi, complètement déscolarisée, sans interaction sociale, plus de cours, plus rien. J’avais donc décidé de m’enfermer encore plus dans ma bulle. J’ai commencé à inventer et cela a porté ses fruits " !  La créatrice en herbe profite d’une aubaine : son papa fait régime. Les trente chemises du paternel vont valser à la poubelle. La jeune couturière les récupère et en fait sa matière première. "J’ai pu les modeler à ma façon, et j’ai pris goût à cela, j’ai commencé à les donner à mes copines,
à m’en faire pour moi, pour ma famille ". Et puis après, j’ai vu un peu plus grand.
La coopération patriarcale n’a d’ailleurs pas été oubliée : la petite entreprise répond au nom de “Barbap”, diminutif de “barbe à papa”. La mort d’une chemise a été le début d’un nouveau cycle résolument générationnel !

Une parfaite autodidacte 

Sixtine n’a aucune formation, ni en couture ni en stylisme, et s’en moque : elle fouille, bouquine, observe. Les vieux livres de sa maman sont ses grimoires. La Toile est son fil d’Ariane. Elle avale les tutos, s’engouffre sur des blogs et ingurgite toutes sortes de conseils. Techniques de confection, associations de couleurs, outils marketing et business plan : Sixtine oublie les heures, en proie à sa passion. Elle trace ses premières esquisses et décide des modèles qui constitueront sa première collection. " Au début, ce qui était difficile, c’était de tâtonner, et de ne pas être crédible aux yeux des autres, parce que je n’avais que 17 ans ". Surviennent en effet les premières réticences : des proches lui disent qu’elle a tort de s’entêter. Que cela ne va pas tenir. Qu’elle fait juste ça pour s’occuper. Sixtine se rebelle : Cela m’a donné encore plus la niaque !

Petit à petite l'oiseau fait son nid 

Barbap enregistre pourtant de plus en plus de commandes. Mais le temps passe vite et Sixtine, guérie, est invitée à quitter sa coquille : " Je voulais continuer l’aventure, ne pas faire d’études. J’avais trouvé mon truc mais mes parents ont insisté pour que je fasse une formation ".  Étrangement, elle boycotte les cours de stylisme : " J’avais peur de rendre les choses trop complexes et de perdre un peu de cette naïveté qui échafaude Barbap. Je tâtonne et c’est justement ce qui plaît dans mes créations ". Des créations avec lesquelles Sixtine veut aussi rendre le recyclage à la fois cool, moderne et super-stylé. " Quand on parle d’écologie dans la mode, on voit toujours ces trucs neutres, sans couleur, passés et dépassés.Avec mes créations, j’essaie d’apporter quelque chose de plus coloré et plus tendance à l’économie circulaire de la mode ".
Point de stylisme donc, la jeune conceptrice s’inscrit alors dans une école de communication et marketing à Bruxelles. Assidue et très attentive aux conseils de ses professeurs, elle apprend à manier les outils nécessaires au fonctionnement d’une marque. On revient toujours à ses premières amours alors Sixtine prépare l’avenir : " Je ne pense pas faire un Master. Je vais poursuivre à fond l’aventure Barbap. Mais j’aimerais bien changer de pays, partir à Milan, prendre des cours du soir en mode ou en graphisme."

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