Les Brassins, l'adresse incontournable où la cuisine est belge et authentique

Je suis toujours content quand une institution locale, un restaurant de quartier, de ville, de village, renaît. Nous retrouvons aujourd'hui Les Brassins à Ixelles, dans cet entrelacs de rues entre avenue Louise et chaussée d'Ixelles.

texte et photos : florence hainaut et carlo de pascale |

Rue Keyenveld, précisément, un petit bijou de rue quasipiétonne, qui comme sa perpendiculaire, la rue du Berger, donne à ce coin des allures de petite ville italienne. On se calme, me dit Florence, m’écoutant dicter le début de cet article, il ne s’agit jamais que de deux rues, coupant toute velléité de développer ma carrière naissante de guide touristique. Sais-tu que c’est la rue qui a vu naître Audrey Hepburn ?, dis-je, dans une dernière tentative de me positionner en greeter. Non, mais j’espère qu’ils vont y faire renaître des bonnes assiettes, c’était devenu pas terrible. Bref, je retourne à mes casseroles. Les Brassins, c’est du belge, depuis toujours. Boulettes, vol-au-vent, croquettes et tout le bazar, un restaurant de quartier, et les restaurants de quartier, on aime ça, au point d’être parfois indulgents ou pétris d’espoir, ce qui revient souvent au même.

En vidéo, découvrez ce resto où l'on déguste tout un menu à la cuillère :

L’adresse a été reprise mal en point (carrément par terre, de fait) par Jean Callens, habitué aux succès dans l’horeca, à qui on devait le Café Callens (devenu Lily’s après rachat) et la toute proche Épicerie Nomad, qui n’est pas une épicerie, mais un restaurant de sharing food. Le lieu est resté dans son jus d’estaminet bruxellois, largement rafraîchi, ça sent le neuf sans avoir voulu faire du neuf – ayant fréquenté beaucoup l’adresse au début des années 2000, je n’aurais pas aimé que cela se transforme en cevicheria avec des peintures tribales. Alors, si ce soir, j’emmène Florence aux Brassins, c’est en fait, malgré la réouverture récente, pour moi, un deuxième passage, histoire d’avoir fait – presque – le tour de la carte. Deux fois, et deux fois le resto était “bondé massacre”, avec une clientèle clairement très locale, donc internationale.

Dans l'assiette

Croquettes au fromage pour Florence (14 €), malheureusement pas tout à fait assez dorées ni assez chaudes à l’intérieur (et c’était déjà arrivé au premier passage), délicieuse mousse de jambon tremblotante comme j’aime (14 €) pour moi, à noter que l’œuf à la russe (8 €) m’avait bien plu la fois d’avant, et ensuite, carré de porc Blackwell (22 €) pour Florence, LE plat que nous avons préféré aux Brassins et de loin. La viande, la sauce, ça percute sec et net ! Le vol-au-vent (19,50 €) tient très bien la route, et les rognons (de la fois d’avant) sont joliment rosés et moelleux (21 €). Alors, la frite, éternelle question de nos pérégrinations lorsqu’elles se font belgicaines ? Clairement, c’est une frite fraîche, mais – à notre très humble avis – elle ne fait pas décoller de la chaise ; pour ma part, je préfère quand ça envoie bien le goût graisse de bœuf (Florence fait la moue quand j’évoque le gras pur de n’importe quel animal).

Finissons-en avec ce qui est “moins excitant” et soumettons la mayo au tribunal de la Sainte Inquisition “d’Ô Belgique Ô mère Patrie”. Pour nos papilles – qui parfois se trompent –, elle n’est pas “maison”. Dans les verres, une très belle sélection de bières vraiment artisanales (on dit craft) avec, et c’est rare, quelques belles étiquettes bruxelloises, comme la gueuze Cantillon, la brasserie de la Mule, la Brasserie de la Senne et En Stoemelings, voilà qui nous excite. Il y a aussi une petite sélection de vins, plutôt conventionnels, mais on peut aisément y trouver son bonheur.

On se prendrait un petit dessert ? Bien entendu, même si les estomacs sont à satiété depuis longtemps, la carte des desserts, évocatrice de mes premiers émois adolescents, lorsque je découvrais les incontournables de la culture culinaire belge, navigue entre dame blanche, mousse au chocolat, gaufre de Bruxelles et autres vraies gourmandises. Florence qui, parfois, peut ingurgiter sans souci mille calories au dessert après en avoir flingué 1 500 sur entrée-plat, prend le pain perdu brioché (12 €), copieux, qui tient parfaitement sa promesse de gourmandise ; tandis que j’opte pour la mousse au chocolat (6 €) qui a le bon goût d’être une vraie mousse. Cet entremets doit être en effet, selon les codes bourgeois et ménagers, composé d’un “ruban” jaune d’œuf et sucre, de chocolat, de blancs en neige, de quoi obtenir une mousse au chocolat où l’on plante sa cuiller sans risque de la perdre. On y est en plein ! De fait, les mousses au chocolat soufflées au protoxyde d’azote (dont on sait maintenant qu’il sert aussi pour de dangereux usages prétendument récréatifs sous le nom de gaz hilarant), ne nous ont jamais fait rire.

Verdict

Alors, la renaissance des Brassins ? Elle a bien eu lieu ! Le succès commercial est au rendez-vous, et le public a toujours raison. Nous y avons trouvé beaucoup de points forts, quelques points faibles qui sauront évoluer. On allait oublier de vous dire que les prix sont très, très mesurés, voire clairement calculés au plus juste. Belle performance.

Où ? 36 rue Keyenveld, 1050 Bruxelles, lesbrassins.be

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