Les secrets de fabrication du stylo mythique Montblanc

Quoi de plus élégant que de se servir d’un instrument d’écriture pour signer un contrat ou rédiger des mots doux ?  

PAR MAGALI EYLENBOSCH : PHOTOS D.R.  |

Sentir la plume glisser, voir l’encre se déposer sur le papier et les mots s’aligner au rythme de la main, tout ça n’a rien de désuet et suscite l’envie d’abandonner, de temps en temps, nos claviers pour retrouver les joies de l’écriture manuelle. Certains ont gardé le plaisir de l’écriture et souvent, ces épicuriens ont le goût du bel instrument. Dans ce domaine, on trouve quelques icônes, comme le Meisterstück 149 de Montblanc, édité en 1952. L’écrivaine Virginia Woolf en disait : Avec lui, je sens chaque mot au bout de ma plume. En résine noire précieuse, cerclé de petits anneaux plaqués or et équipé d’une plume en or, il a été vu entre les mains des plus grands de ce monde pour la signature d’un traité ou d’un livre d’or. J. F. Kennedy a prêté le sien en 1963 au chancelier allemand Konrad Adenauer. Il a également été utilisé par Barack Obama, la reine d’Angleterre, le pape Jean-Paul II, Nelson Mandela, Vladimir Poutine… Et même par James Bond, dans une version en or massif.

Un avenir tout tracé

La marque est née de la collaboration entre un banquier de Hambourg, Alfred Nehemias et un ingénieur berlinois, August Eberstein qui décidèrent, en 1906, de créer des stylos simplissimes, mais d’excellente qualité, et ont fondé la Simplo Filler Pen Co. Peu de temps après, Claus Johannes Voss, un homme d’affaires de Hambourg, les a rejoints et en 1909, le stylo-plume Rouge et Noir, qui ne coule pas, est arrivé sur le marché. Quelqu’un aurait, lors d’une partie de cartes, comparé l’instrument au mont Blanc, le sommet le plus haut et le plus majestueux des Alpes. Le nom Montblanc fut déposé et l’étoile formée par les six glaciers de la montagne vus du ciel devint le sigle de la Maison. Nous nous sommes rendus à Hambourg, où sont fabriquées les plumes dont chaque stylo est doté. Tout commence par d’imposants rouleaux de rubans d’or 18 carats, souples et malléables, dans lesquels les plumes sont découpées. Elles seront ensuite laminées, estampées à l’aide de tampons dont certains sont conçus pour des éditions très limitées. Percées d’un cœur et fendues afin d’obtenir l’écoulement de l’encre parfait. Certaines seront même ornées d’un diamant. Pas moins de 35 étapes de travail sont nécessaires et il s’écoule environ trois semaines avant que la plume, si elle est jugée parfaite, ne sorte de l’atelier. Plusieurs tailles sont disponibles afin que le stylo soit parfaitement adapté à l’écriture de son propriétaire.

Des pièces exceptionnelles 

En 1997, la maison Montblanc ouvre même un atelier d’art. Cet antre du luxe a pour vocation de créer de véritables merveilles qui font appel à tous les savoir-faire. Ici, seize employés, ingénieurs, orfèvres et autres artisans, conçoivent et fabriquent chaque année une trentaine de pièces compliquées et réservées à une clientèle cosmopolite, dont quelques grands collectionneurs de la marque. Lorsque la fabrication nécessite de maîtriser un savoir-faire particulier, la Maison peut faire appel à un artisan extérieur, souvent évidemment au sein du Groupe Richemont. Pour une pièce artistique en émail, elle a notamment collaboré avec un artiste œuvrant pour Van Cleef & Arpels. À partir du dessin, il faut compter environ trois ans avant que la pièce ne sorte de l’atelier. Chacune raconte une véritable histoire. Tous les matériaux peuvent être envisagés, pourvu qu’ils soient précieux. L’or bien sûr, mais aussi les pierres ou le bois. Aucune limite n’est imposée et les designers peuvent laisser libre cours à leur imagination. La Maison ne communique pas les prix de telles pièces. Le responsable nous confie, malgré tout, que les moins chères doivent avoisiner les 50 000 €, mais qu’une pièce unique peut atteindre les deux millions d’euros. L’exception a un prix ! 
 

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