Phnom Penh, le restaurant cambodgien à Uccle qui cache bien son jeu

À Uccle, entre un hôpital et le bar à vins Tortue, existe Phnom Penh : un restaurant cambodgien qui cache bien son jeu. Derrière des abords peu sexy, un lieu dans lequel on s’est régalés, au point de se le répéter toute la soirée.

TEXTE ET PHOTOS : FLORENCE HAINAUT ET CARLO DE PASCALE. |

Mais comment tu es tombée là-dessus ?, me demande Carlo, alors qu’on installe nos délicats séants en terrasse sur des chaises à l’air un peu bancal. À vrai dire, aucune idée ! Phnom Penh est sur ma liste de “restos à tester pour So Soir” depuis des mois, mais je ne sais absolument plus comment il s’est retrouvé là. Je ne me serais pas arrêtée, l’air alléché, sans qu’il m’ait été recommandé. C’est un vieil établissement de quartier à la déco un peu poussiéreuse, avec quelques tables sur le trottoir quand le temps le permet. Le patron nous amène la carte, sous forme de tableau, et nous prévient : Tout n’est pas cambodgien. Le canard laqué par exemple ce n’est pas du tout typique, mais bon, les gens aiment ça ! Cette bonne vieille tradition européenne des restaurants asiatiques, dans lesquels nous avons été habitués à manger “des trucs d’Asie” alors que les cuisines chinoise, thaïlandaise et coréenne se ressemblent autant que moi je ressemble au Pape (et à sa sœur).

En vidéo, la recette d'une carbonara revisitée :

Dans l'assiette 

Alors, sur le menu, on lui fait confiance ou on veut choisir comme des grands ? Alors zou, il va nous faire un menu cambodgien. Piquant ou pas ? Carlo et moi nous retournons vers Elena, sa cadette, accessoirement la meilleure des filleules vu que c’est la mienne. Un peu. Il repart vers la cuisine, s’arrête en chemin, nous dit que lui et sa femme sont mariés depuis quarante ans et continue sa route en souriant.

Il fait chaud ce soir-là, une chaleur à s’enfiler de grandes bouteilles d’eau pétillante comme des pekets aux fêtes de Wallonie. En entrée, le chef nous a préparé deux salades. Là je vous avoue que j’ai eu un peu peur. La première, à l’ananas frais et scampis, me rappelle visuellement de douloureux souvenirs de cantine d’entreprise. Il suffit d’une bouchée pour faire amende honorable. L’ananas est frais, mûr comme il faut, l’assaisonnement à base de sauce poisson, sucre et citron, les herbes fraîches à foison ; bref c’est équilibré. Je la referais bien, mais avec des bonnes crevettes qui n’ont pas traversé la planète, conclut Carlo en terminant l’assiette. Elena rechigne à partager avec nous l’autre salade, au saumon (cru), cacahuètes, carottes, oignons rouges.

Alors que nous nous battons mollement avec une guêpe un peu trop câline à notre goût, nous recevons de fines - et succulentes - tranches froides de porc aux cinq parfums et de spare ribs au piment, servies avec des lanières de concombre. L’affaire est emballée en quelques minutes. Le chef et sa femme nous apportent ensuite deux plats, qui me font en ce moment saliver sur mon clavier (voilà comment on tue un ordinateur). Le premier est une espèce de cassolette de porc haché et scampis au curry. Mode d’emploi : on prend une feuille de chicon, on étale en son creux une petite couverture de riz et puis une cuillère de cassolette et puis on mord dedans et on s’en met partout jusqu’aux poignets. Même la guêpe, devant notre palpable émotion, décide de nous ficher la paix. Le deuxième plat, à base de porc lui aussi, d’aubergine, de fèves de soja, d’oignons et de “on ne saura jamais quoi d’autre”, est caramélisé, addictif, avec un goût fumé très justement dosé. Nous ne connaissons en fait pas grand-chose, pour ne pas dire rien, de la gastronomie cambodgienne et on se dit qu’on a vraiment loupé un truc.

En vidéo, découvrez ces légumes qui sont en réalité des fruits :

Affalés sur nos chaises finalement pas si bancales, à ça de défaillir de bonheur et déjà somnolents d’avoir trop mangé, nous voyons arriver avec un brin d’appréhension le dernier plat. Je jure que je n’avais plus un centimètre cube d’estomac disponible quand j’ai plongé ma fourchette dans le bœuf sauté au basilic. Un plat qu’on trouve de Bangkok à Phnom Penh, nous dit le chef, qui nous retrace brièvement l’histoire de l’empire Khmer et de ses conséquences sur la gastronomie. Mais ils sont tous différents ! Dans l’une des jardinières qui séparent la terrasse de la rue, il cueille le basilic, qui n’a rien à voir avec le basilic thaï auquel nous sommes habitués. Elena a jeté les armes et ouvert le bouton de son jeans. Carlo et moi faisons courageusement honneur au plat, dont le bœuf est hélas un peu trop cuit.

En images, voici notre menu : 

Verdict ?

On paie environ 35 € par personne, en ayant mangé pour deux jours. Et nous passons le trajet du retour à répéter à quel point tout ça était excellent. Gourmet, si tu es amateur de bon vin et que tu aimes les nappes blanches, passe ton chemin. Au pire, tu pourras toujours t’installer sur la terrasse d’à côté, Tortue, commander du vin nature et te faire servir un plat de Phnom Penh. Et ne me demandez pas qui m’a recommandé cette adresse, je ne sais toujours pas. Mais qu’il ou elle en soit ici remercié(e) !

L'adresse ? 36 rue Édith Cavell, 1180 Uccle. T. 02.343.31.31. Ouvert midi et soir tous les jours sauf le lundi.

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