Yoka Tomo : le restaurant qui nous emmène directement au Japon

Allez, ça bouge un peu à Schaerbeek, une commune bruxelloise qui voit s’ouvrir  de plus en plus de restaurants, et où les créateurs du bar à vins Copain ont ouvert un spot japonais, Yoka Tomo, juste  en face du théâtre de la Balsamine.
 

TEXTE ET PHOTOS : FLORENCE HAINAUT ET CARLO DE PASCALE. |

Chers lecteurs, Florence et moi, quand il s’agit de la capitale, vous nous dites souvent – eh oui, avec les réseaux sociaux, on échange – que nous privilégions Ixelles et Saint-Gilles ou encore le centre-ville. Oui, car les ouvertures de restaurants bien campés dans l’air du temps y sont nombreuses. Or, ça bouge aussi ailleurs, notamment à Schaerbeek, où nous vous avons emmenés récemment chez Achille, place Collignon. La même place qui accueille depuis peu une pizzeria napolitaine : Biga, où officie un pizzaiolo… napolitain galonné. Et sur la chaussée de Louvain, qui compte un restaurant sharing food totalement actuel dans la déco et l’assiette, Groseille.

En vidéo, une nouvelle adresse dédiée au poulet a ouvert à Bruxelles :

Le lieu

On reste donc à Schaerbeek, où les créateurs du bar à vins Copain (avenue Rogier) ont ouvert, il y a un an environ, un spot japonais, en face du théâtre de la Balsamine (quartier Dailly) : Yoka Tomo. Tomo San est un chef japonais, qui a officié pendant longtemps, en mode secret bien gardé, chez Copain, où il régalait les clients (enfin, ceux qui savaient qu’il était là) de poulet karaage et autres plats izakaya (ça veut dire “taverne” en japonais). Finalement installé sur un coin minuscule – on nous dit dans l’oreillette que les édiles schaerbeekois n’ont pas l’autorisation horeca facile –, l’homme propose soit un menu – ça y est, j’ai ma Florence qui trémousse à l’idée de rêver qu’il y ait du maquereau laqué –, soit, mieux pour moi, des plats à partager ou pas partager, typiques de ces izakaya, où les Japonais aiment déposer large soif et grand appétit.

Dans l'assiette

Et donc, pour une fois, Florence et moi pouvons laisser libre cours à nos désirs, nos envies et nos différences, sachant que nous allons sûrement piocher l’un chez l’autre. En effet, le service et le chef nous autorisent, l’une à prendre le menu (42 €, quatre services), l’autre à piocher ce qu’il veut dans la carte.

Un mot sur l’ambiance et le décor. L’ambiance, elle, est franchement “internationalo-expatriée”, à commencer par Tomo lui-même, qui a clairement fait anglais deuxième langue et francoschaerbeekois seulement une heure par mois, depuis qu’il est là. Ici, la conversation et le service se font en anglais. Nous ça nous va bien, on adore ne pas tout comprendre aux plats et encore moins au saké, mais on préfère prévenir l’un ou l’autre grincheux qui nous enverrait un courriel, agacé de la perte de notre culture dans la capitale du Royaume de Belgique.

Le cadre est sobre et moderne, net et sans bavures, cuisine ouverte nickel propre, comptoir (nous serons assis à table) qui donne envie de s’y attabler, on aime. Allez, c’est parti, saké ou vin ? Saké ! Au verre ou à la bouteille ? Bouteille. Pour la petite histoire, nous sommes à pied, et donc pas de contrainte sécuritaire, si ce n’est la modération, bien entendu. On nous propose un Kido Ginjô, fruité nous dit Tomo, et on oublie très vite les 60 € de la bouteille, tellement c’est bon ! Je lâche un Sake is too good parfaitement ridicule, qui résume à lui seul mon petit bonheur du moment. Florence attaque son menu et moi, je m’envoie bien à l’aise, dans l’ordre, mes gyoza de poulet (16 €), karaage chicken (16 €) – oui, chicken deux fois, le karaage est ce poulet frit japonais, celui qui rend fou comme le poison dans Le Lotus Bleu – et eggplants and zucchini au miso (16 €). Certains des plats se retrouvent en petites portions dans le menu de Florence. Elle se réjouit de ses starters, où figure une potato salad qui lui fera prononcer la sentence la plus profonde de la soirée : C’est dingue, il y a des salades russes dans le monde entier, de Malmedy à Naples en passant par Kyoto ! Ma partenaire éponge la moitié de mes gyoza, ils sont servis à la douzaine, trop bien !

Ce soir, Yoka Tomo fait fort ; si certains assaisonnements semblent “revenir” d’un plat à l’autre, c’est toujours salé ce qu’il faut (sauf le karaage, un poil trop), avec des touches acides, de l’umami, du sésame, tout ce qui nous régale. Florence s’éclate avec le maquereau, je l’avais dit, et tente de me faire goûter la salade qui “toppe” le susdit poisson gras. Je n’aime pas le maquereau, elle n’aime pas le roquefort, chacun sa kryptonite. Le flan aux œufs de son menu nous laisse aussi perplexes que d’habitude, nous en avons goûté quelques-uns dans notre vie de mangeurs, et même si nous reconnaissons la valeur du “contrepoint-fadeur” nécessaire dans un menu japonais, on trouve ça toujours aussi ennuyeux. Boum, ressurgit du poulet frit (celui du menu) mais noyé dans cette sauce curry japonais. Le curry japonais, c’est de la fusion food qui mériterait de s’y attarder. Peu connu sous nos latitudes, c’est une pure merveille, on se régale pour la troisième fois de poulet (gyoza, frit sans rien, frit avec curry, on suit ?) et on achève le saké. Allez, youpie, iI y a du dessert ! Un tout petit morceau de cake aux haricots rouges (4 €) – mais oui, c’est bon – pour moi et un flan thé noir (4 € aussi, non compris dans le menu) pour Florence.

Verdict

Au final, on a réussi à faire grimper la note à 163 € pour deux, c’est la faute au saké, mais le même “menu+pas menu” arrosé à la bière aurait été plus que raisonnable. On l’aura compris : on s’est vraiment régalés chez Yoka Tomo. Coolitude, branchitude et gourmandise, gentillesse et légèreté digestive : voilà quelques qualificatifs qui nous sont venus à l’esprit (embrumé par le saké) pour définir le bonheur d’avoir passé une belle soirée dans la cité schaerbeekoise. 

Où ? 26 avenue Félix Marchal, 1030 Bruxelles

yokatomo.brussels

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